Hélicoptère, 30 camions de CRS, la Bac, Souliman … le grand jeu pour expulser 100 personnes !
BESOIN DE MONDE AU 22 RUE DEMOUILLES !
Démosphère Toulouse, 8 octobre 2012
C’est quoi tout ce bleu ?
C’est la couleur qui s’accompagne du bruit des bottes qui viennent écraser les espaces de liberté qui suffoquaient déjà. C’est l’expulsion maintenant et manu militari par la justice et son bras armé, la police, du CREA-CSA au 22, rue Demouilles. Pour 97 personnes, dont 35 gamins, c’est : « plus de maison, plus de toit, ce soir démerde-toi ! ».
Depuis le 3 septembre, on avait fait d’un bâtiment vide, un bâtiment vivant.
Le 22 rue Demouilles c’était un vrai lieu de vie, un centre social autogéré avec des projets d’activités, tels qu’une cantine populaire, une crèche autogérée, des ateliers : de sports de combat, de sérigraphie, de danse, de vélos, des cours de français et d’alphabétisation, un journal mural et un espace automédias, bref, un lieu d’organisation, de solidarité et d’entraide. Dans cet espace libéré, on s’amusait, on se cultivait, bref on vivait bien sans que ça coûte walou à personne. Sauf que lorsque l’autogestion fonctionne et coûte que dalle, pour le grand capital, c’est mal! Et ses ardents défenseurs, les pouvoirs publics, sortent l’artillerie lourde pour nous dégager.
Pour nous, pas question de se laisser faire, notre maison on la défend !
En ne laissant pas passer inaperçue cette expulsion certes, mais aussi en interpellant l’URSSAF, notre cher propriétaire ainsi que cette perfide préfecture. Leurs réponses : l’expulsion. Ou l’expression du mépris le plus profond pour toute une partie de la population. Réprimer la pensée et punir l’acte, c’est la symphonie du moment. Pour les pouvoirs publics, mieux vaut virer tout le monde ! C’est qu’ils sont pressés de recouvrir le trou de la Sécu en revendant leur bat’, que ça fait 6 ans qu’ils essaient. Et quand une bande « d’indésirables » se ramène pour y vivre, d’un coup les futurs acheteurs se bousculent au portillon. Vaste mascarade habituelle des spéculateurs et autres organisateurs de la misère, on y croit plus mais on a grave la rage. Parce que se faire expulser de sa maison sous des prétextes fallacieux, ce n’est pas une blague. La violence de l’État qui remet les gens à la rue et s’en lave les mains après, ce n’est pas une blague non plus.
On défend notre maison, notre lieu de vie, nos choix de vie aussi face à des forces armées qui veulent nous écraser et nous faire taire. Ce bâtiment qu’on a libéré de la spéculation, dont on a rendu l’usage à toutes et tous, l’État, sa justice et ses keufs veulent nous en virer et ça te concerne aussi !
ILS NE NOUS FERONT PAS TAIRE, ON CONTINUE !
NIQUE SA MAIRE LA REINSERTION !
TOUT POUR TOU⋅TE⋅S, POUVOIR AU PEUPLE !
Assemblée générale ce soir à 19h à la Maison Goudouloï, 4 bis rue Goudouli, bus 10-78-80 arrêt Crampel
Le CREA et des membres de la campagne Zéro personne à la rue, 8 octobre 2012
Communiqué du CREA sur les journées des 3, 4, 5 octobre 2012
Ces derniers jours, nous avons visé les responsables politiques du mal-logement, du manque de logements et des expulsions, pour dénoncer l’encadrement étatique de la misère. Nous avons occupé le PAIO (Poste d’Accueil, d’Information et d’Orientation, qui s’occupe de l’hébergement d’urgence) lundi soir. La municipalité, propriétaire des locaux du PAIO et patron des employés qui y bossent- a ordonné l’expulsion manu militari par la police, 7 fourgons, une cinquantaine de bleus bien énervés pour fracturer porte et fenêtre afin de nous sortir. Depuis les salarié-e-s de ce « pôle » ont bloqué la veille sociale pour contester les violences permanentes des institutions commises contre celles et ceux qui n’ont plus rien à perdre. Hier, mardi, nous nous sommes rassemblé.e.s devant la préfecture pour crier notre colère, nous avons eu la chance de pouvoir croiser la sinistre Souliman (secrétaire générale de la préfecture) et lui vomir dessus ce que nous pensons de ses actes criminels. L’État et le capital assassinent, humilient, essayent de nous réduire à rien ! En début de semaine, en périphérie de Toulouse, un homme, dont les médias, la police et les autorités ont masqué le nom, s’est jeté par la fenêtre de son immeuble, à l’arrivée de l’huissier chargé de l’expulser. Ou quand la misère organisée nous tue…
Mais gare à la revanche, quand tous les pauvres s’uniront !
Ce même mardi, nous avons quitté cette maudite Préfecture pour nous diriger vers la Mairie de Toulouse. La veille, les « autorités » nous ont sommé de partir en échange d’un rencard. La blague… Alors on est entré.e.s et on s’est installés dans une grande salle de réunion, qu’on a occupée. Ben ouais, ils nous baladent, on les occupent. Ils ont encore envoyé les keufs, on est sorti.e.s en continuant à hurler (entre autre le fameux « y’en a marre ».) On est retourné.e.s une troisième fois pour occuper le PAIO. La Mairie a encore envoyé la flicaille. Mais lorsqu’ils sont arrivés, on leur a fait croire qu’il y avait encore du monde enfermé à l’intérieur et ils ont ré-expulsé… un bâtiment vide. À leur tour de se faire balader ! Vu le dispositif policier déployé sur nos gueules pendant deux jours, et à chaque action, ouverture, expulsion depuis un an, on voit que les mesures d’austérité ne s’appliquent pas à la guerre aux pauvres.
Mercredi matin, Mme Touchefeu, adjointe au maire chargée du logement et de la cohésion sociale a fini par se positionner, au nom de la Mairie, contre l’expulsion du 22 rue Demouilles « pour l’instant ». Nous lui avons fait remarquer que son parti était au pouvoir et qu’il pilotait la Préfecture, qu’ils avaient dit la même chose avant l’expulsion de l’ancien Centre Social Autogéré (70 all. des Demoiselles) et qu’ils n’avaient qu’à l’affirmer publiquement et agir pour arrêter d’expulser. Ce mercredi, l’ancien CREA, dévasté par l’État et ses flics a débordé. De la viande pourrie depuis un mois et des tuyaux dégradés depuis l’expulsion ont fini par déverser une vague de puanteur et d’immondices jusque dans la rue. Alors que le 70 allée des Demoiselles explosait de vie, l’État y a répandu la mort. Et ce sont encore des ouvriers qu’il a exploités pour faire le ménage.
Ce jeudi après-midi, nous avons occupé le SIAO (Service Intégré d’Accueil et d’Orientation au 161 rue du Feretra), service chargé d’attribuer des places en foyer et donc de gérer la pénurie organisée par l’État. On a reçu encore le soutien des travailleurs du SIAO, et la Pref a encore envoyé les flics, qui ont encore atomisé une porte pour nous sortir. Les blaireaux…
On n’attend donc toujours rien des lieux de pouvoir, il nous faut être de plus en plus fort.e.s, organisé.e.s et offensif.ve.s.
Pour cela, nous continuons à rencontrer d’autres galérien.ne.s, d’autres soutiens, dans les foyers (clin d’œil aux gars du foyer Antipoul qu’on a rencontrés lors de l’occupation du PAIO), les campements et les quartiers attaqués par la « rénovation urbaine », nous partageons nos outils, nos pratiques, nous échangeons nos constats et nous continuons à construire un mouvement populaire et autonome pour tout reprendre, pas à pas, avec détermination.
Tant qu’il y aura de l’argent, il y aura de la misère et tant qu’il y aura de la misère, nous continuerons à nous organiser entre misérables et opprimé.e.s pour en finir avec le carnage capitaliste. Nous annonçons d’ailleurs l’ouverture d’un nouveau bâtiment, permettant d’accueillir une trentaine d’habitant.e.s.
Le Centre Social Autogéré continue, la campagne de réquisition se renforce, rejoignons-nous, organisons-nous.
Tout pour tou.te.s, pouvoir au peuple !
Hébergement d’urgence : « La moitié des places à Toulouse sont aujourd’hui assurées par des squats »
Mardi soir, les forces de l’ordre sont intervenues pour évacuer un bâtiment de la veille sociale de la ville occupé depuis une journée par des militants de la campagne « Zéro enfants à la rue », portée notamment par le CREA. Familles sans logements, militants et travailleurs sociaux dénoncent l’absence de solution de relogement alors que l’ancien siège de l’URSAF abritant une centaine de personnes va probablement être sujet à une expulsion dans les prochains jours.
Occupation contre expulsion
Le bras de fer continue à Toulouse entre les pouvoirs publics et les militants du droit au logement. En effet, après l’expulsion des anciens locaux de l’AFPA, les différents collectifs ont répondu par la réquisition de l’ancien siège de l’URSAF rue Demouilles. À son tour, ce nouveau « squat » de 5600 m² inoccupé depuis six ans est aujourd’hui sous le coup d’une procédure d’expulsion. « La préfecture a mis la pression sur l’antenne locale de l’URSAF afin de ne nous laisser aucun répit » expliquent les militants qui déplore cette « répression sans qu’aucune solution ne soit proposées à la centaine d’habitants logeant actuellement rue Demouilles. » Une impasse qu’ils ont souhaité dénoncer mardi en occupant le point d’accueil, d’information et d’orientation (PAIO), structure d’accueil de la veille sociale de la municipalité.
Des familles et une douzaine de militants se trouvaient donc mardi soir dans ce bâtiment du secteur Patte d’Oie quand une grosse dizaine de camions de police ont bloqué la rue. En quelques minutes, les forces de l’ordre ont procédé à l’expulsion des militants dans une ambiance tendue, les familles ayant quitté les lieux peu avant. Une réponse qualifiée de « choquante » par certains travailleurs sociaux présents sur place mardi soir : « Notre service public qui est censé aider des familles à la rue n’est pas en mesure de trouver des solutions. Ils ont décidés d’occuper notre service pour interpeller la mairie et la préfecture. La réponse a été une horde de CRS. Résultat, les enfants accueillis dorment donc encore dans la rue. Je suis choqué de voir ces enfants dormir dehors et ne rien pouvoir leur proposer. »
Ces travailleurs du 115 avouent leur impuissance et relativisent l’illégalité des squats : « Certes c’est illégal mais au même titre que de laisser des gens dormir dehors sans leur proposer de solutions. Et lorsque les familles s’entraident et tentent de trouver des solutions par elles-mêmes, l’État les expulse. Je suis dégoutée »
La moitié des places d’hébergement proposée par des squats
Une expulsion demandée par la mairie et que justifie, Claude Touchefeu, adjointe au maire en charge de la solidarité et des politique sociales : « C’est un lieu d’accueil du public qui contient des documents individuels et donc des données personnelles. Je ne pouvais pas laisser une nuit des gens les consulter ou les détruire. » Quant à d’éventuelles discussions, l’élue assure avoir proposé un rendez-vous aux militants que ces derniers auraient refusé. Pour le CREA, l’enjeu était avant tout symbolique : occuper une veille sociale débordée pour dénoncer la probable expulsion du 22 rue Demouilles et de sa centaine d’habitants.
« Nous voulons montrer que l’État continue d’expulser sans proposer de solutions. Les moyens nécessaires au déploiement de ces forces de police auraient permis d’héberger tout le monde ce soir. Ce qu’il faut savoir c’est qu’aujourd’hui, le 115 repond à 140 appels par jour pour une place de disponible » explique Thomas du CREA. « La campagne de réquisition propose maintenant plus de places que l’État. Et selon la veille sociale, à Toulouse, plus de la moitié des places d’accueil sont assumées par les réquisitions. »
L’urgence face à la loi
Cette campagne « illégale » et les revendications qu’elles portent, amène un constat qui trouve néanmoins un écho à la mairie : « Il y a une certaine légitimité dans leur propos. La préfecture doit être en première ligne sur la question de l’hébergement d’urgence » concède Claude Touchefeu « Des groupes de travail sont en place pour proposer plus de places d’accueil cet hiver. Cependant, on ne peut pas légitimer des actions illégales, la justice doit dire le droit. » L’urgence face à la loi. Deux temporalités différentes qui conduisent aujourd’hui à un dialogue de sourds. Car même si les expulsions continuent, on imagine aujourd’hui mal les militants stopper leurs actions de « réquisition ». Des actions ont d’ailleurs été menées mercredi à la mairie, à la préfecture et de nouveau au Paio.
Leur presse (Xavier Lalu, Carré d’info, 4 octobre 2012)
Patte d’Oie. Le Crea dénonce l’expulsion d’un squat
Quelque cinquante personnes, dont des membres du Crea, le collectif pour la réquisition, l’entraide et l’autogestion, ont occupé toute la journée d’hier les locaux du Paio, le Pôle d’accueil, d’information et d’orientation, situé rue Adolphe Coll. Ils entendaient ainsi dénoncer l’expulsion imminente, décidée par le Tribunal de grande instance de Toulouse, du bâtiment qu’ils ont réquisitionné au 22, rue Demouilles. Le Paio, une structure de Veille sociale de la ville, « a pour mission de proposer une solution d’hébergement à chaque personne qui en fait la demande. Nous sommes ici car aucune solution de relogement ne nous a été proposée par les pouvoirs publics », ont expliqué les membres du Crea.
Cela fait un mois maintenant que près de cent personnes, dont 25 enfants, vivent dans le squat de la rue Demouilles, selon le Crea. Ce sont des travailleurs pauvres, des femmes isolées, des familles, des étudiants et des militants du collectif. « Ces anciens locaux de l’URSSAF sont vides depuis six ans », notaient hier les militants. La vie, racontaient-ils, s’est peu à peu installée dans ce lieu. « On a l’eau, l’électricité, Internet », témoignait ainsi Linda, membre du collectif. « Les familles sont là car elles n’ont pas d’autres choix », déplorait Amine, un autre militant. « Soit le processus d’expulsion est arrêté pour laisser le temps aux habitants de se reloger, soit les pouvoirs publics trouvent des solutions de relogement. Expulser sans solution de relogement est inacceptable surtout à l’approche de l’hiver », ont insisté les militants du Crea qui ont reçu le soutien du collectif Jeudi Noir.
Leur presse (LaDepeche.fr, 3 octobre 2012)
À Toulouse, le CREA demande l’arrêt des expulsions, « plus nombreuses depuis l’arrivée de ce gouvernement que depuis avril 2011 »
Depuis mardi et en attendant un dialogue avec la préfecture le point d’accueil, d’information et d’orientation (PAIO) à Patte d’Oie est occupé par des membres du CREA et des familles menacées d’expulsion. Ils souhaitent l’arrêt de ces procédures.
« La préfecture met la pression chaque jour sur les propriétaires. Il y a une menace d’expulsion imminente ou cent personnes vont se retrouver à la rue » confie Fouadito, membre du Collectif pour la Réquisition l’entraide et l’autogestion (CREA). Ils exigent tout bonnement auprès de la préfecture l’arrêt des expulsions. « On expulse des familles dans les campements au bord de la Garonne, celles qui ont réussi à se reloger par elles-mêmes dans des bâtiments aussi. On attend depuis ce matin (mardi) un contact avec la préfecture » déplore Fouadito. Une centaine de personnes, de familles en attendant d’autres dans la soirée se sont retrouvées pour dénoncer cette situation toulousaine. Dans cette campagne de réquisition, deux tranches de familles se distinguent, celles qui n’attendent plus rien de l’État et celles qui veulent encore y croire et espérant un logement. Ces deux populations sont solidaires et travaillent ensemble pour s’en sortir. Fouadito estime qu’il y a « de plus en plus de famille à la rue, la situation ne fait qu’empirer ». « L’accès au logement social est bloqué » déplore le militant.
Réaliser une action politique contre la préfecture
Pour ce membre actif du CREA, il y a deux discours. Celui partagé avec les adhérents de la campagne, « on attend rien de l’État, on sait très bien que les bâtiments sont vides, il suffit de les occuper et ça se passe très bien ». Et il y a les familles, « qui ont été reconnues et à qui l’État doit donner un logement. Elles le revendiquent comme la loi l’en oblige ». Alors que l’hiver arrive et la date de la non expulsion des locataires est proche, le constat est accablant. Depuis un an et demi et le début de la campagne de réquisition, la situation ne fait qu’empirer. « Il y a pleins de promesses adressées aux gens, je n’y crois pas. Il y a eu plus d’expulsions depuis l’entrée de ce gouvernement au pouvoir que depuis avril 2011 » certifie ce membre actif.
Leur presse (Emma Faury, ToulouseInfos.fr, 3 octobre 2012)
Toulouse : un pôle d’accueil occupé par des sans-abris
Le Pôle d’accueil, d’information et d’orientation (PAIO) est occupé depuis mardi matin par des familles et des militants en charge des sans-abris. Ils dénoncent le manque de logements.
Les sans-abris ne savent plus où se loger à Toulouse. Depuis hier, le PAIO (Pôle d’accueil, d’information et d’orientation) dépendant du CCAS et situé dans le quartier Patte d’Oie est occupé illégalement par une quinzaine de familles dépourvues de logement, des membres du CREA (Centre autogéré de Toulouse) ainsi que des militants du mouvement de la campagne de réquisition « 0 personne à la rue ».
« Passer la nuit ici »
« Nous sommes ici car nous risquons de nous faire expulser dès mercredi matin du bâtiment des Urssaf que nous occupons depuis trois semaines et où sont logées une centaine de personnes », clame une militante devant le local du PAIO. Sur le trottoir deux enfants jouent avec des Légo, à l’intérieur un père tente en vain de calmer sa fille de cinq ans assise dans sa poussette. Des banderoles ont été déployées devant l’agence et des matelas installés dans les couloirs. Familles et militants s’apprêtent à passer la nuit ici.
Une place pour soixante appels
« On comprend la situation de ces gens, leur combat est aussi le nôtre », explique une salariée du PAIO rejoint par un collègue travaillant au 115, le numéro d’urgence sociale. « A 14 heures je n’avais qu’une seule place en foyer et aucune pour des familles alors que j’ai reçu une soixantaine d’appels », ajoute la salariée du PAIO. Lundi, les personnes répondant au 115 ont dû refuser 170 demandes. « Ce qui est inquiétant ce sont toutes ces expulsions avant l’hiver, c’est brutal d’autant qu’il n’y a pas de solution d’accompagnement », commente l’interlocuteur chargé du numéro d’urgence sociale.
Leur presse (MetroFrance.com, 2 octobre 2012)