[23 décembre 2011]
Partie non classée
LE MAKING-OF DE MA VIE
Je suis né un 15 janvier début des années 80 là où la naissance d’un garçon est fêtée comme un mariage, je suis le premier garçon de ma chère mère famille déjà composée à l’époque de trois sœurs aînées, ma mère seule élève ses quatre enfants sous le temps caniculaire du Sahara père parti en exil en Europe rêvant de revenir en conquérant la réussite tarde à pointer le bout de son nez bloqué dans les rouages de la France il implore à ma mère de venir le rejoindre à Babylone, ma chère mère attachée à ses traditions sa culture et ses valeurs africaines refuse dans un premier temps puis finit par céder.
C’est donc comme ça que fin 1981 à Orly ma mère et moi atterrissons, je ne savais même pas encore parler mais moi et maman on se comprenait, à l’aide d’un pagne qu’elle accroche autour de sa taille elle me porte dans son dos comme elle porte ses valeurs. Je ressentais la chaleur de son cœur loin des siens c’était pour elle un déchirement sans précédent ma mère est une mama à l’ancienne trente ans qu’elle est en France mais ne parle pas un mot [de] français mais bizarrement elle comprend tout ce que je dis LOL.
On fut accueillis par la neige et le froid de l’Occident, ça me changeait de mes premiers pas sur le sable chaud de mon village natal. Pas le temps de souffler on atterrit du côté de la banlieue ouest de Paris 78 dans un petit patelin (Maule) je n’avais plus aucun repère ma mère était mon seul repère dans ce pays où on était montrés du doigt pourtant on était venus en paix mais on était vus comme ennemis gratteurs d’allocations familiales LOL, pas grave ma mère ne bronche pas elle prend sur elle sans rancune elle nous inculque les valeurs du mélange du partage et de l’islam. 1984 ma famille emménage dans la célèbre cité-dortoir du Val-Fourré plus tard je comprendrai qu’on s’est fourrés dans la merde en venant à Mantes-la-Jolie.
ON DIT QUI SE RESSEMBLE S’ASSEMBLE.
Donc c’est la formule [pour] laquelle mes parents ont opté, à Mantes les prolétaires les immigrés étaient en masse ça nous rassurait dans notre intégration LOL on se sentait un peu au bled chaque hall d’entrée une saveur différente devant chaque porte tu avais l’impression de voyager dans les pays d’Afrique et du Maghreb.
C’ÉTAIT LE BLED MAIS EN FRANCE LOOOOL.
Comme si le nombre allait atténuer notre mal-être, j’étais de là-bas mais je vivais ici, l’eldorado était qu’un mirage une usurpation de faux espoirs alors que nos parents ont contribué pleinement à la reconstruction de la douce France et pour les remercier ils les traitent comme des incrusteurs des gratteurs le mec qui s’invite à une table qui n’est pas convié.
« Je savais que la vie était une chienne mais c’est garanti y en a qui la prostituent ».
Ado je me cherchais le cul entre deux chaises déraciné très tôt de l’Afrique me voilà à Babylone j’étais plus tout à fait Africain diront certains blédards et encore moins Français nous dira volontiers Marine Le Pen et beaucoup d’autres. Je savais pourtant d’où je venais mais pas encore où j’allais l’école de la République ne me facilite pas la tâche car dans mes cours d’histoire aucune trace de mes semblables pourtant j’étais attentif, les seul renois que j’ai vus étaient enchaînés dans le fond d’une cale d’un bateau, comme si ils niaient notre existence à nous fils d’immigrés.
Adolescence turbulente passée à contester à crier mon désaccord sur leur négation de considération envers nous, donc un profond mal-être m’a envahi, influencé par certains films chauds bouillants j’ai fêté mes 18 ans en braquant un supermarché de ma ville, pourtant chez moi j’étais posé timide face à l’autorité d’un père juste mais sévère. Je rêvais d’échapper à ce destin qu’ils avaient écrit pour nous à l’encre rouge, j’étais prêt à me sacrifier pour les miens donc je me suis juré de me battre jusqu’à c’qu’ils me respectent.
« JE NIQUERAI LE HELLA JUSQU’À QU’IL NOUS CONSIDÈRE ».
JE VOUS AI ÉCRIT CE TEXTE EN FORME DE MAKING-OF POUR VOUS MONTRER QUE L’ON NE NAÎT PAS MAUVAIS ON LE DEVIENT.