[Chronique de Youv derrière les barreaux] Partie 62 – « Quand je braquais des banques je prenais l’argent de la bouche de personne »

Partie 62

Un coup de téléphone anonyme donné par un enfant de lâche à la BRB de Versailles m’a mis une balayette dans mon élan de youv. L’appel disait : « Un certain Oumar est sorti récemment de prison, il y a plus d’un mois et il est décidé à faire très mal », de là, la BRB se sont mis sur mes côtes et m’ont plus lâché, c’était devenu mon ombre, me filochaient, connaissaient mieux que moi mes goûts et mes couleurs pourtant quand je braquais des banques je prenais l’argent de la bouche de personne mais [j’avais négligé] la jalousie de certains bons à rien qui avaient signé à vie au RMI des vrais clochards.

Moi quand je bossais je bossais propre sans laisser de trace mais ce que je ne savais pas [c’est] que j’étais déjà dans le viseur de la volaille, un mec du quartier avait déjà vendu la mèche ça devait être un proche très proche car j’étais une tombe rien ne filtrait, j’avais ma petite idée mais chaque chose en son temps « c’est pas parce que le lion montre ses dents qu’il sourit ».

Mais je réglerai tout ça plus tard, c’est à la fin qu’on paye les musiciens et là c’était même un orchestre LOL, j’étais rancunier à mort, j’oubliais pas je pardonnais pas, car la balance n’avait qu’un but c’était de faire mal.

Ce matin le soleil me réveille, en octobre fallait en profiter, je prends ma plume direct, me replonge neuf piges en arrière, on n’avait pas appris à aimer, j’ai vraiment assumé l’amour que j’éprouvais envers quelqu’un en prison, dehors je faisais mon mâle dominant pour moi c’était une faiblesse, je laissais ça à d’autres que l’on surnommait « les mecs à meuf » gel jusqu’aux oreilles, crête de coq mi-homo mi-caillera LOLL je leur laisse volontiers ce créneau MDR, moi j’avais misé sur l’argent avec l’honneur d’un roi, il était impossible que je te trahisse ni te double, 100 % réglo, ceux qui avaient tenté de me test leur cœur s’en rappelle encore, j’étais gentil en apparence mais te laissais un goût amer si tu marchais pas droit, je faisais partie de ces mecs qui te laissent pas indifférent. Au premier abord c’est ou tu m’aimes ou tu me détestes pas de demi-mesure, je te laissais pas le choix, je sais que trop de négros et de rebeus à qui j’ai réglé la pendule rêvaient de me voir mort ou handicapé, malheureusement pour eux je suis toujours là et plus déterminé que jamais à faire des trucs propres, FUCK LES JALOUX JE VOUS AI À L’ŒIL LE MOINDRE FAUX PAS JE PASSERAI LE SALAM À TOUTE TA DESCENDANCE LOLL, comprendront ceux qui doivent comprendre.

2012, ma neuvième année à user mes Nike dans les cours des prisons françaises, je réalisais pas que c’était presque une décennie et grâce à Dieu j’ai encore toutes mes dents, long a été le chemin jusqu’à aujourd’hui, on était une dizaine au départ et à l’arrivée on a perdu plus de la moitié en chemin. Beaucoup s’étaient égarés en chemin mais le noyau dur était toujours vivant, je me répète : « Mais je préférerais prendre la perpète que rester dehors à manger des grecs-frites dans les halls. »

Minipouce avait pris neuf piges à cause de son téléphone portable, un jour alors qu’on revenait d’un braquage, on a été pris en chasse par des voitures de la police, on a forcé un barrage de justesse donc le repli était improvisé, on ne pouvait plus aller à la planque prévue, on a abandonné la voiture à l’approche d’une gare, j’appelle Minipouce d’une cabine publique pour lui demander de nettoyer la planque, on avait eu un souci on n’a pas pu s’y rendre, ce coup de fil a coûté trois ans à Minipouce, ils lui ont reproché l’association de malfaiteurs et comme un malheur ne venait jamais seul la malchance ne faisait que commencer, une fois que l’on était tous en garde-à-vue à Versailles, Minipouce n’était pas là pour braquage, il était juste là pour m’avoir rendu service jusqu’à ce que l’un de nos potes avec qui on était en garde-à-vue l’a appelé avec son surnom « Minipouce » au même moment le chef de la BRB passait près des cellules, il a entendu le surnom il s’est aperçu que Minipouce répondait à ce blaze c’était le jackpot pour lui car l’une des victimes des bracos avait entendu ce surnom lors d’une prise d’otage, le chef convoque sur-le-champ la victime, qu’il confronte à Minipouce derrière une vitre sans tain, la victime reconnaît la voix de Minipouce, cela a suffi pour l’envoyer à la cour d’assises de l’Oise « 60 » où il prendra neuf ans et moi douze ans.

DES FOIS QUAND TU CROIS ÉCHAPPER À TON SORT LA MALCHANCE S’EN MÊLE.

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