Partie 21
Quarante-huit heures de garde-à-vue à la BRB pas un mot muet comme une tombe alors qu’ils m’avaient mis la fièvre ils me soupçonnaient d’avoir braqué une trentaine de banques on était plusieurs en GAV mais ils avaient d’yeux que pour moi ils voulaient tous voir à quoi ressemble « Oumar » le p’tit Black qui voulait acheter son île sur le compte de l’État, j’hallucinais mais ils connaissaient ma vie mieux que moi-même combien de sucre je mettais dans mon café etc. Ça fait trois mois qu’ils me suivent partout comme mon ombre y a un lâche un traître un enfant de tass qui avait passé un coup de tel anonyme à la BRB en disant : « JE VOUS SIGNALE QUE OUMAR VIENT DE SORTIR ET QU’IL VEUT MONTER UNE ÉQUIPE DE MALFAITEURS » il en fallait pas plus pour les keufs pour se mettre sur mes côtes mais la salade c’est qu’il y avait une taupe parmi les gens avec lesquels j’ai bossé au jour d’aujourd’hui je sais toujours pas qui c’est mais bon chaque chose en son temps mais j’garantis qu’il va exploser le jour ou on saura qui c’est… J’risquais trente ans oulala une peine de dinosaure mais j’avais pas l’choix j’assume tout trente ans ou pas fallait rester opé d’vant la BRB y a pas l’temps pour les regrets pas l’temps d’pleurer sur son sort c’est là qu’on voit qui braque pour la frime les meufs ou ceux qui braquent par détermination et conviction. J’étais prêt à donner ma vie pour ma cause donc leur cinéma de garde-à-vue de prison ça m’faisait rire je savais à quoi m’attendre, j’pensais qu’à l’évasion mais comment t’évader si tes gars les plus solides étaient en taule j’ai vite compris que ma peine j’allais bel et bien la faire quitte à la faire autant la faire comme un bonhomme s’entourer des meilleurs… Au tribunal j’étais prêt à tout endosser tout mettre sur mon dos parce que sans moi jamais ils auraient entrepris de tels vols à main armée ils étaient grands fallait qu’ils assument leurs actes mais ma philosophie ma mentale voulait ça comme j’étais celui que la BRB voulait je me devais de dédouaner ceux qui étaient pas trop grillés mais ça vous le saurez plus tard dans une autre chronique :-)… Les keufs des quatre coins d’la France où j’avais fait des braquages défilent dans ma garde-à-vue mais ça allait vite parce que pour l’instant j’dis pas un mot un vrai muet y a vingt-quatre heures encore j’étais à l’air libre j’pensais à Delphine qui risque d’être anéantie en apprenant que c’qu’elle pressentait était arrivé que son homme venait d’être stoppé pour de longues années mais le choix qu’elle prit mérite à vie tout mon respect.
Me revoilà en prison à BOIS-D’ARCY j’étais pas arrivant mais plutôt un revenant LOL c’était la sixième fois que j’empruntais le long couloir d’la prison qui mène au grand quartier j’connaissais Bois-d’Ar par cœur j’avais fait déjà tous les bâtiments j’compte plus mes séjours au mitard MDR… J’arrive en cellule arrivant au BÂTIMENT E4 quand les jeunes apprennent que l’on était arrivés ça criait ça sifflait tout l’monde tapait aux portes tout l’monde m’appelait par la fenêtre c’était leur façon d’nous souhaiter la bienvenue j’connaissais tout l’monde que des gremlins des vrais requins ils avaient lu nos histoires dans les journaux parce que en prison ton affaire pour laquelle tu es tombé elle te sert de passeport parce que toujours après le fameux « BIEN OU QUOI ? » c’est « WESH T’ES TOMBÉ POUR QUOI ? » et si par malheur t’es une balance ou un violeur c’est chaud pour tes fesses tu danses le mia à chaque promenade où tu oses t’aventurer… Mais à Bois-d’Arcy c’était du sans pitié même quartier ou pas si tu tiens pas [la] route tu es mis à l’écart combien d’bagarres générales j’ai assisté entre mecs d’la même ville c’était la loi d’la jungle et dans la jungle y a que les lions qui s’en sortent donc j’ai décidé d’être un lion, un lion affamé j’laissais rien passer le moindre manque de respect se réglait en promenade j’avais pas l’choix d’sortir les crocs car « VALAIT MIEUX ÊTRE LE BOUCHER QUE LE VEAU » fallait être une crapulax pour s’en sortir crème en prison… J’atterris dans la cellule à un mec [de] mon quartier débrouillard il avait un téléphone et j’appelle direct Delphine qui n’avait pas attendu mon accord pour faire une demande de parloir tous les soirs j’m’endormais avec elle au tel elle était déterminée à m’attendre coûte que coûte deux fois par mois elle prenait l’avion Toulouse-Paris pour v’nir me voir au parloir alors que y a des meufs qui habitent à deux pas d’la prison mais préféraient faire une chicha que v’nir voir leur homme, Delphine habitait à 800 kilomètres mais pour son cœur c’était un détail même le poteau avec lequel j’étais en cellule hallucinait de voir la détermination de cette femme mashallah pour moi j’avais pas de qualité au point qu’une femme te donne sa vie sur un plateau d’argent mais elle puisait sa force dans notre amour elle misait sur le futur elle savait très bien que j’étais pas un mec qui dort et que j’assumerai ma femme et mes enfants d’une main de maître elle savait que tôt ou tard j’allais changer c’était sa motivation.
Tout l’monde me posait des questions sur ma manière de taf on était une équipe de trente jeunes issus pour la plupart du 78 Les Mureaux Trappes Chanteloup on se connaissait tous depuis les mineurs comme quoi la prison ça a jamais calmé personne c’était l’école du crime le grand quartier c’était la fac des voyous tu pouvais te perfectionner dans tous les domaines de l’illicite il te suffisait d’ouvrir les yeux en quelques tours de promenade tu pouvais d’venir expert en explosifs ou futur grossiste dans les stups j’avais même croisé un ex-convoyeur de fonds d’la Brink’s qui avait tué sa femme la promenade c’était le marché tout l’monde protégeait sa poule aux œufs d’or des barres… Un jour alors qu’on était en cellule mon pote et moi vers 13 heures le surveillant ouvre la porte et nous ramène un troisième codétenu on était dégoûtés on pouvait pas sortir les tel devant lui etc. on n’avait pas confiance du coup on lui pose des questions on voyait que dans ses réponses il était pas clair je fouille son sac puis trouve son mandat de dépôt (papier où est marqué pourquoi t’es en prison) oulalala c’était marqué « AGRESSION SEXUELLE ET VIOL SUR PERSONNE VULNÉRABLE » laisse tomber on l’a plié à coups de gifles et on l’a viré d’la cellule mais le violeur nous avait balancés du coup c’est mon pote et moi qui avons changé d’cellule ils nous ont séparés et le violeur est parti se cacher en isolement… ÇA FAISAIT À PEINE QUINZE JOURS QUE J’ÉTAIS EN PRISON ET J’ÉTAIS DÉJÀ GRILLÉ MAIS ÇA C’ÉTAIT RIEN COMPARÉ À C’QUE J’LEUR RÉSERVAIS.