[Chronique de Youv derrière les barreaux] Partie 13 – « Même le taf c’était pas pour nous, on pensait que c’était comme signer un pacte avec l’ennemi »

Partie 13

On était prisonniers de nos propres règles la loi de la rue où le faible tenait pas une semaine. On avait hérité d’une mentalité pirate fallait toujours sortir les crocs même le taf c’était pas pour nous, on pensait que c’était comme signer un pacte avec l’ennemi on s’était éloignés des vraies valeurs de nos parents on pensait que pour être un homme il te suffisait juste d’être du bon côté du gun.

Plusieurs fois je me suis remis en question mais à chaque discrimination ça ravivait ma rage de vaincre on n’avait pas le droit à l’erreur c’était un chemin sans retour personne nous avait mis le couteau à la gorge pour embrasser le chemin de l’illicite on était des jeunes de banlieue comme il en existait des millions.

On refusait le destin que l’État nous avait programmé on voulait pouvoir tenir le rêne de notre destinée et même si on était dans l’erreur si notre mode de vie était un suicide on avait au moins le mérite d’essayer « ON PEUT TUER UN RÉVOLUTIONNAIRE MAIS PAS LA RÉVOLUTION »…

Été 2001 alors que je venais de sortir de la prison d’Osny (95) « je vous raconterai comment et pourquoi j’avais atterri à Osny dans une autre partie de la chronique ».

Kamel vient me chercher j’étais trop content de le voir il m’avait assumé toute ma peine j’avais besoin de souffler, donc on décolle pour Montpellier c’était pire que Un Indien dans la ville ça nous changeait de Mantes-la-Jolie la côte la Grande-Motte le Cap-d’Agde boîte en bord de mer c’était Ibiza LOL.

Dans la nuit on rencontre deux belles rebeues du Sud leur accent nous a charmés direct on reste le reste de nos vacances avec elles, en rentrant chez les filles je m’aperçois que j’ai perdu 7000 euros c’était tout ce qui nous restait donc fallait trouver une solution mais nous connaissant y en avait pas trente-six le lendemain Kamel et moi achetons des pistolets à billes à Joué Club des collants opaques en guise de cagoules puis on entre dans une Caisse d’Épargne et on prend l’argent de surface puis on fuit au volant d’une voiture volée dans la nuit 20’000 euros en deux minutes.

On arrive chez les filles mais les belles dormaient encore, on s’endormit d’un sommeil léger mais les poches pleines…

On a passé de belles vacances loin du ciment on a appris plus tard que l’une des deux avec qui on était était dans la gendarmerie OULALA on les a zappées direct…

Mais malgré qu’on se plaignait de nos conditions de vie dans la 6t, la 6t nous manquait à croire qu’on était sado-maso fallait toujours que l’on revienne aux sources malgré tout, Mantes-la-Jolie c’était notre force le Val-Fourré était notre plus grande ZUP (zone urbaine prioritaire) d’Europe je savais pas en quoi on était prioritaires wallah ça devait être encore un coup d’pub d’un gouvernement populiste (qui va dans la scène du peuple) pour venir gratter quelques votes il était prêt à tout quitte à sortir des plans bidon dont même le créateur ne croyait pas.

À chaque élection présidentielle on était diabolisés TF1 se transformait en commissariat passait en boucle des reportages sur la violence des mecs de 6t sortis volontairement de leur contexte pour effrayer l’opinion publique…

Mais ça marchait à tous les coups pire en 2002 Jean-Marie Le Pen au deuxième tour d’une élection présidentielle ça a révélé un profond malaise qui a créé un fossé entre deux parties de la population les mecs de 6t contre le reste du monde. On nous montrait du doigt sans même nous connaître et plus on était stigmatisés (catalogués dans le mauvais sens du terme) et plus on avait la haine donc on brûlait et saccageait tout ce qui symbolisait l’État une phrase du groupe de rap Tandem retranscrit notre malaise si on prend le temps de la lire et de la comprendre « JE BAISERAI LA FRANCE JUSQU’À CE QU’ELLE M’AIME ».

Y avait pas que des bordéliques dans nos 6t y avait de tout étudiants surdiplômés avocats entrepreneurs sportifs de haut niveau mères de famille, mais ils parlaient que des 20 % de mecs égarés dans la délinquance…

Un jour dans ma 6t y avait une équipe de journalistes qui ont tenté de faire un reportage sur mon quartier ça a tourné à l’émeute les journalistes sont rentrés bredouilles sans reportage ni caméra, pourtant ils étaient là pour retranscrire la vérité du terrain. Mais entre ce qu’ils filmaient et ce qu’ils montraient à la télé y avait rien à voir remix de dingue pire que Cut Killer pourtant nos 6t à la base c’était un luxe dans les années 70 mais le blème c’est que l’on n’était plus en 70 mais en 2001 ils avaient pas calculé que l’immigré allait avoir des enfants qui eux seront Français à part entière, et qu’ils pouvaient pas nous endormir comme ils l’ont fait pour nos parents.

On venait de là-bas mais pour la plupart nés ici donc on reste ici sans oublier d’où l’on vient parce que « UN ARABE SANS SES RACINES NE TIENT PAS UNE SAISON »… EXCEPTIONNELLEMENT POUR RÉPONDRE AU CŒUR DE CERTAINS DE MES LECTEURS JE VAIS VOUS RACONTER D’OÙ VIENT LA RIVALITÉ DE MANTES CHANTELOUP ET MANTES LES MUREAUX…

Debut des années 90 dans les 6t il existait beaucoup de concours de danse intervilles un groupe de Mantes avait été à Chanteloup et avait gagné le concours du coup la soirée s’est animée et le groupe de Mantes s’est fait lyncher hôpital etc…

La rumeur tourne de Mantes et le retour de flamme n’était qu’une question de temps…

Tout Chanteloup c’est l’équivalent d’un seul quartier de Mantes et à Mantes il y en a une trentaine pour que vous voyiez la différence tous les quartiers du Val-Fourré s’en sont mêlés plus de cinq cents jeunes enragés prennent le train direction Chanteloup sabres marteaux couteaux battes de baseball, tout ce qui pouvait servir d’arme était embarqué arrivés à Chanteloup oulala c’était le Débarquement imaginez cinq cents jeunes enragés armés de sabres il ont tout saccagé ils ont même jeté un mec du train…

Voilà d’où vient la rancune Mantes Chanteloup… En ce qui concerne Les Mureaux c’était quelques années plus tard 94 ou 95 un truc de mon quartier (les Grags Mantes) c’était un mec que je connaissais personnellement c’était un bon jamais un mot plus haut que l’autre…

Un jour il va en boîte avec sa meuf tranquillement, et il croise une équipe de hyènes des Mureaux qui le rackettent et l’humilient devant sa meuf.

Ils lui ont pris sa veste et son bob Lacoste il dépose sa meuf et rentre au quartier, il prend un pompe et file aux Mureaux il retrouve l’hôtel où étaient les mecs il sonne à la chambre dès que la porte fut ouverte il arrose le premier qui était là qui meurt de ses blessures et il part en cavale…

Voilà d’où vient la rivalité Mantes Les Mureaux…

MAIS DE L’EAU A COULÉ SOUS LES PONTS CES HISTOIRES DATENT DE Y A PLUS DE QUINZE ANS ÇA EXISTE PLUS CES RIVALITÉS… VOILÀ J’ESPÈRE AVOIR RÉPONDU À CERTAINS DE MES LECTEURS… L’UNION FAIT LA FORCE TOUTES LES BANLIEUES SE RESSEMBLENT ET C’EST LA MÊME MERDE DANS CES GUERRES FRATRICIDES PERSONNE EN SORT GAGNANT TROP DE FRÈRES SONT PARTIS GRATUIT PAIX À LEUR ÂME…

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