Une bonne centaine de migrants rassemblés hier pour rendre un dernier hommage à Ahmed
Des migrants en colère ont enterré leur « frère » disparu tragiquement
Après avoir enterré leur « frère » Ahmed, les migrants ont une nouvelle fois manifesté dans les rues de Calais. Ils ont laissé exprimer une colère qui dépasse le terrible accident de samedi dernier.
(…)
Leur presse (NordLittoral.fr, 14 juillet 2012)
Manif à Calais après la mort d’un Soudanais
Un Soudanais s’est noyé dans le canal de Calais dans la nuit du 6 au 7 juillet.
Aujourd’hui [mercredi 11 juillet], une soixantaine de Soudanais ont manifesté dans les rues de Calais pour demander l’ouverture d’une enquête. Un oncle de la victime a déposé hier une plainte contre X.
La version initiale de la police expliquait que le Soudanais avait été coursé parce qu’il avait, selon elle, volé un portable
Or, les deux portables retrouvés sur le cadavre contiennent des puces qui correspondent à des numéros possédés par le Soudanais (constat de la police). Cela ne prouve pas qu’il était propriétaire des téléphones, mais ça permet d’affirmer que tout ça mérite une enquête.
Le Soudanais — réfugié statutaire — était apparemment bien connu des militant.e.s qui louent sa gentillesse et qui doutent fort d’un simple accident. Ils craignent qu’il n’y ait eu une provocation et/ou des violences de la police.
Hier, des CRS se sont moqué de Soudanais en sitting protestataire en leur conseillant d’éviter de se promener près des plans d’eau. Quelle délicatesse !
Le Soudanais est le troisième noyé nocturne en quelques mois dans des conditions similaires qui conduisent le parquet à donner les permis d’inhumer sans plus de procédures. Pour les deux précédents, les familles, qui voulaient récupérer les corps dans leur pays, n’ont pas pu les voir : ils ont été enterrés d’office sur place.
Mailing – 11 juillet 2012
Nooredine est mort
Infos importantes au sujet du réfugié qui s’est noyé, soi-disant accidentellement, dans la nuit de vendredi à samedi à Calais.
1/ Il n’a volé aucun portable contrairement à ce que prétendait celui qui l’a pourchassé ;
2/ Sa famille (son frère et son cousin) n’a pas pu identifier le corps, ni être mis au courant de qui sont ces fameux témoins qui l’auraient vu se jeter du pont après l’avoir pourchassé sur plusieurs centaines de mètres alors qu’il n’avait rien volé du tout ;
3/ Son corps n’est déjà plus à Calais, mais à Boulogne.
La famille est en contact avec un avocat du Secours Catholique et on espère que cette affaire ne sera pas enterrée par les autorités, comme la dernière fois qu’un migrant a trouvé la mort de façon suspecte, et qu’il s’est retrouvé enterré en fosse commune alors que la famille voulait le rapatrier.
L’oncle de Nooredin, le jeune homme qui serait mort noyé accidentellement, qui aurait été pourchassé parce qu’il aurait volé un portable, a porté plainte contre X pour meurtre.
Ce matin, la police a menacé d’enterrer le corps si la famille ne le reprenait pas. Une réunion a été dispersée au parc Richelieu à 10h. En marge de cette réunion un fonctionnaire de police a lancé aux personnes qui s’éloignaient du parc : ‘Attention à ne pas tomber dans l’eau !’
Le fait que des policiers se moquent ouvertement de la mort d’un être humain est profondément révoltant. Je n’ai pas confiance en la police, et je ne suis pas le seul. La vérité ne pourra éclater que si nous restons extrêmement vigilants.
RIP NOOREDINE
RIP ZETKIN
et tou(te)s les autres…
Mailing – 10 juillet 2012
Encore un ami tué à Calais
Une mort de plus. Au cours des premières heures du samedi 7 juillet 2012, notre ami N. 28 ans, originaire du Soudan, est mort dans le centre ville de Calais. Son corps a été sorti du canal à proximité de la sous-préfecture. Comme souvent, la police a refusé catégoriquement à la famille et aux proches l’accès au corps, et de rechercher les causes de la mort. Elle avait déjà une histoire à raconter, qui tombe en morceaux à mesure que les informations arrivent.
Pas que ça ait forcément un rapport avec la vérité, mais voici la version officielle : N. a volé un téléphone dans le centre ville, il est pourchassé par un ami de la « victime », et, d’une manière ou d’une autre en arrive à tomber ou à sauter dans le canal, où il se noie. Apparemment il n’y a pas besoin de faire une autopsie ou une enquête. Pas besoin d’expliquer les mouvements de police cette nuit-là juste avant que N. meure. Pas besoin d’attendre une preuve du fait qu’il ait volé quoi que ce soit. Cette histoire est sortie tout droit des bouches policières pour arriver sans plus d’investigation dans le journal-perroquet de caniveau et de haine La Voix du Nord. Un migrant. Un noir. Un voleur. Un accident, peut-être même une mort bien méritée.
Les ami-es de N., et les témoins, ont une version différente. Nous ne pouvons pour le moment en dire plus sur ce qui s’est réellement passé, mais nous le ferons très bientôt. Ce matin (lundi 9 juillet 2012) environ 40 personnes ont manifesté devant le poste de police à Calais. N. était très apprécié. Nous espérons écrire davantage sur sa vie également, dans le respect de sa famille et de ses proches. Nous ne laisserons pas oublier sa mort.
Que les autorités étatiques et les médias complices des morts à Calais étouffent l’affaire est habituel. Rien que pour donner un exemple récent, le 22 décembre 2011, un autre ami, Ismaël, était retrouvé mort en bas d’un pont dans le centre de Calais. La police avait immédiatement clos l’affaire, concluant à un suicide. Elle avait refusé que ses ami-es voient ou identifient le corps, et avait refusé de pratiquer une autopsie. Les ami-es d’Ismaël sont allé-es deux fois au poste de police demander à voir sont corps et les deux fois avaient essuyé un refus et reçu des menaces d’arrestation de la part de la police aux frontières (PAF) s’illes ne partaient pas. Seul un ami, Français et blanc, a eu le droit d’entrer pour l’identifier. Il n’y a pas eu plus d’investigation.
La frontière tue. Nous ne savons pas comment Ismaël est mort. Nous avons vu maintes fois la police chasser les migrant-es des ponts vers les canaux, vers le port. Les balles et les bâtons ne sont pas les seuls moyens de tuer les gens. Une chute d’un pont peut tout aussi bien tuer. Les coups répétés et la faim peuvent tout aussi bien tuer. Les années de peur et de frustration et d’humiliation peuvent tout aussi bien tuer. Ce sont ces morts qui gardent à l’abri des étrangèr-es le butin pillé par l’Europe.
Ni Oubli. Ni Pardon. (Don’t forget. Don’t forgive.)
Mailing – 9 juillet 2012
Après la mort de migrants à Calais
Les no-borders délogés d’un consulat français
Une dizaine de militants opposés aux contrôles d’immigration en Europe ont été délogés vendredi du consulat de France de Düsseldorf où ils protestaient contre des décès selon eux suspects dans un centre de rétention français, selon la police.
« Ils sont sortis du consulat accompagnés par la police. Tout s’est passé pacifiquement », a indiqué un porte-parole de la police de Düsseldorf. « Des manifestants continuent de protester devant le consulat », a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, le collectif No Border Camp avait indiqué « occuper le consulat de Düsseldorf pour protester contre la mort dans des circonstances douteuses de trois migrants ces sept derniers mois à Calais ». « La police a affirmé qu’il s’agissait de suicides ou d’accidents même si les circonstances ne collent pas avec cette explication et que les amis des victimes n’y croient pas non plus », a ajouté No Border Camp.
« La police n’a eu de cesse de harceler les sans-papiers et demandeurs d’asile depuis des années et ces morts sont le summum de la machinerie raciste », ajoutait No Border Camp dans son communiqué. Selon le collectif, les harcèlements ont empiré depuis que Calais s’est fixé comme objectif de devenir une zone sans migrant avant les Jeux Olympiques de Londres.
Leur presse (NordLittoral.fr, 21 juillet 2012)