Libérations en Chine après des manifestations contre la pollution
Vingt-et-une personnes qui avaient été arrêtées à Shifang, dans le sud de la Chine, après une manifestation contre la construction d’une usine de métaux qu’elle considèrent toxiques, ont été libérées mardi soir, ont annoncé ce mercredi des responsables de la municipalité. Seconde concession inhabituelle des autorités, le projet d’usine, de la société Sichuan Hongda cotée à la Bourse de Shanghai, a été arrêté alors que la ville avait d’abord dit qu’elle ne ferait que le suspendre.
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Shifang ces trois derniers jours pour protester contre ce projet de construction d’une usine d’alliages de cuivre. Les manifestations ont pris un tour violent lundi. Des dizaines de milliers de personnes ont envahi le siège de l’administration communale et endommagé des véhicules de police. La police anti-émeute à lancé des gaz lacrymogènes sur les manifestants.
« 27 criminels présumés » arrêtés
Selon l’administration de Shifang, la police a arrêté « 27 criminels présumés » lundi et mardi pour avoir arraché la porte du bâtiment du gouvernement municipal, brisé des vitres et lancé des pierres et des briques sur des policiers et des fonctionnaires. Ces arrestations ont déclenché un énorme sit-in mardi soir devant un bâtiment de l’administration par les habitants pour exiger la libération des détenus. Des photos publiées sur les sites micro-blogging montrent une foule importante assise sous des lampadaires.
Six personnes sont toujours détenues par la police, indique l’autorité municipale dans un communiqué sur son site officiel de micro-blogging Sina Weibo. « Les 21 personnes restantes, après avoir été tancées, éduquées et s’être repenties pour leurs erreurs, ont été libérées à 23 heures le 3 juillet », lit-on dans le communiqué.
Préoccupations écologiques de nombreux Chinois
Les dernières manifestations contre la pollution soulignent les préoccupations écologiques de nombreux Chinois. D’autres manifestations ont eu lieu ces 12 derniers mois dans les villes de Dalian, dans le nord-est de la Chine et de Haimen dans la province du Guangdong (Canton). Malgré les concessions des autorités, certains Chinois veulent que les responsables de la répression des manifestations de Shifang soient sanctionnés. Selon un habitant de 18 ans, joint par téléphone mardi, la police a frappé les manifestants la nuit précédente.
Le blogueur chinois le plus célèbre, Han Han, apostrophe les autorités de Shifang sur son site web : « Aucun d’entre vous ne vivez dans la pollution. Seuls les gens ordinaires vivent ici. » « Shifang » restait mercredi le mot-clé le plus recherché sur les sites chinois de micro-blogging. Les autorités chinoises, en général prompte à stopper la contestation, n’ont pas bloqué les recherches sur internet liées aux manifestations.
« C’est le 4 juillet. Il y a 236 ans, l’Amérique a réalisé son indépendance et 236 ans plus tard, le peuple de Shifang lutte pour ses droits et affronte le gouvernement », écrit un internaute. « Le gouvernement n’a cessé d’abuser de la patience des gens. Il est temps pour nous d’être indépendants. »
Presse polluée (Reuters, 4 juillet 2012)