« Peut-il exister des désirs naturels ? — Serions-nous plus libres sans l’État ? »

Quatre ans de prison pour la mère infanticide

LA CAPELLE – Angélique M…, qui avait étouffé son bébé à la naissance en 2009, est retourné en prison. La cour d’assises l’a condamné à 4 ans de détention.

Angélique M… a fini par parler. Quelques mots écrits sur une petite feuille blanche qu’elle s’est forcée à lire juste avant que les jurés ne se retirent pour décider de son sort. Des mots presque susurrés qu’elle n’avait jamais pu offrir à la cour d’assises pendant les trois jours de son procès. « Tout cela aurait pu être évité si j’avais su, si j’avais pu parler. Je ne cherche pas à me justifier, j’assume mes actes. Je vais vivre toute ma vie avec les regrets sur la conscience en faisant tout pour ne pas faire la même erreur. »

Une erreur qui lui coûte quatre années de prison et un suivi sociojudiciaire de huit ans comme l’avait requis l’avocate générale. Celle-ci avait différencié l’horreur du geste — celle d’une maman étouffant son bébé dans plusieurs sacs poubelle après avoir accouché seule — et la souffrance d’une jeune femme au parcours de vie difficile.

« C’était son choix »

« Elle a souffert, c’est évident mais elle a aussi eu des gens qui l’entourent », a relativisé Sandra Verbrugghen. « Ce bébé aurait pu vivre si Angélique M… n’en avait pas décidé autrement. Ce choix, c’est elle qui l’a fait. »

Mais pour son avocate Me Carlier-Brame, la psychologie de la jeune femme abandonnée dès sa plus petite enfance, a joué un rôle essentiel dans ce meurtre. « C’est tellement quelque chose qu’elle ne souhaite pas qu’elle est incapable d’y penser. » Les experts avaient parlé d’occultation. L’accusée savait qu’elle était enceinte mais a menti aux autres refusant les mains tendues et surtout s’est menti à elle-même.

Ces plaidoiries ont aussi, pour la première fois, permis d’évoquer la victime. Une petite fille qui n’a vécu que quelques minutes, qui n’a jamais eu de prénom et dont l’absence se fait sentir même sur le banc des parties civiles inhabituellement vide. « Elle aurait été le portrait d’Angélique, estime son avocate. Elle serait née dans les mêmes conditions et Angélique ne voulait pas refaire la même erreur. »

Pour autant, l’avocate générale s’interroge sur le mobile de cet infanticide : « Peut-on accepter qu’au XXIe siècle, une femme commette un infanticide sous la simple raison qu’elle voulait le cacher à son compagnon ? » Entre la fragilité psychologique d’une jeune femme qui n’a jamais pu se construire et l’horreur de ce geste, les jurés ont tranché.

Angélique M… a donc rejoint la maison d’arrêt où elle était déjà placée en détention provisoire depuis le début de l’année 2010. Comme à son habitude, elle est restée silencieuse.

Presse bavarde (Olivier de Saint Riquier, AisneNouvelle.fr, 18 juin 2012)


Infanticide / L’accusée retourne en prison

LA CAPELLE (Aisne). Angélique M…, âgée de 26 ans, a été condamnée hier à quatre ans d’emprisonnement pour le meurtre de son bébé, à La Capelle le 25 mai 2009.

La scène est toujours intense. Quand le désarroi se lit sur des traits et que la route de la liberté se referme. Condamnée à quatre ans d’emprisonnement et à un suivi socio-judiciaire de huit ans, Angélique M… a été conduite hier soir, à la maison d’arrêt d’Amiens. Une issue peu surprenante.

La parole permet tout, notamment de conjurer le sort. C’est un pansement de vent. Elle ne soigne pas, mais elle favorise l’impossible.

Cela a été curieusement le cas avec les réquisitions de l’avocate générale, Mme Verbrugghen. Elle représente la société. En évoquant la petite fille, née le 25 mai 2009 à La Capelle, un être sans prénom, elle lui en donne un.

Ce sera Léa, le même que l’enfant abandonnée par l’accusée lors de son accouchement à l’âge de 17 ans. Avec ce simple montage, la victime existe soudain.

Elle revit. Elle est là enfin, même si personne ne la représente. Sa disparition n’en apparaît que plus horrible.

« Elle avait rendez-vous le jour de la naissance, non pas avec la vie, mais avec la mort. »

Pour la défense, la tâche est délicate. Maître Carlier-Brame n’est pas aidée par une accusée qui ne se livre pas. Angélique M… verrouille ses émotions. Elle est ailleurs. Silencieuse et secrète. Elle lit un court texte, mais il est trop appliqué. Il y manque des accents de spontanéité et une évocation de sa fille décédée, la chaleur d’une maman en détresse.

« Tout ce qui est arrivé aurait pu être évité si j’avais su, si j’avais pu parler. Je ne cherche pas à me justifier. J’assume mes actes. »

Des forces et des failles

Le doute est là. Son regard fiévreux se nourrit-il de ses regrets ou de l’inquiétude de son avenir ? Des éléments attestent de la bonne capacité d’adaptation d’Angélique M…

Elle est aujourd’hui vendeuse dans un magasin d’équitation dans le Nord, possède même un cheval qu’elle affectionne. D’ailleurs, elle prononce son nom avec ravissement, « Hugo ». Ce n’est pas le profil de quelqu’un de désarçonné. La défense décrit pourtant ses failles.

« Elle ne se pense pas enceinte, donc, elle ne l’est pas. C’est un refus de voir la vérité », estime son avocate.

Mme Verbrugghen insiste plutôt sur une volonté souterraine, mais farouche. Une détermination de fer.

Elle décrit le « nettoyage méthodique de l’appartement » et « la dissimulation de preuves » pour insister sur l’essentiel à ses yeux : « Le mobile tient en quelques mots. Elle a dit : « Je n’en voulais pas. Je croyais que mon copain allait me quitter. » C’était faux. »

Angélique M… a déjà été incarcérée neuf mois. Doit-elle retourner en prison ? L’avocate générale répond par l’affirmative. Elle souhaite une peine de détention immédiate et requiert quatre ans d’emprisonnement et un suivi socio-judiciaire de huit ans.

La cour l’a suivie à la lettre avant d’examiner ce matin une affaire de viols à La Fère.

Presse bavarde (Thierry de Lestang Parade, lunion.presse.fr, 15 juin 2012)


Le silence pathologique de la mère infanticide

LA CAPELLE – Jugée pour le meurtre de son bébé, Angélique M… est enfermée dans un mutisme rendant difficilement compréhensible son cheminement vers l’horreur.

Difficile de sonder le degré de culpabilité et de souffrance derrière un mur de silence. Angélique M… accusée d’avoir étouffé son bébé dans des sacs poubelle après avoir accouché seule en juin 2009 à La Capelle, ne parvient pas à s’expliquer. Guidée par la présidente Serain, dont la patience ne semble avoir aucune limite, l’accusée se contente de hochements de tête, de « oui », de « non » et de « je ne sais pas ». Parfois sa bouche, à moitié cachée par une imposante chevelure noire, s’entrouvre mais aucun son n’en sort. Seuls le croisement incessant de ses mains et l’apparition de larmes discrètes derrière ses lunettes prouvent que l’émotion n’est pas absente chez cette jeune femme de 26 ans.

« Elle ne sait pas comment aimer »

Ce quasi-mutisme n’est pas seulement lié à l’impressionnante solennité de la cour d’assises ni à l’indicible geste. Cette absence de communication fait partie de sa personnalité depuis sa petite enfance et en est même l’une des composantes principales. Abandonnée alors qu’elle avait 1 an par ses parents, elle n’a jamais pu, jamais su verbaliser ses émotions. « Elle était chez nous mais pas avec nous », se souvient la mère de sa famille d’accueil qui parle d’une petite fille « exclusive, inquiète, fermée et pas souriante ». « Elle n’avait pas d’émotion. Que ce soient de la joie ou de la tristesse. »

Son éducatrice dresse le même portrait : « Elle se méfiait des adultes » « Elle vivait en parallèle ». Ce mode de fonctionnement semble s’est accentué pendant l’adolescence malgré les efforts de sa famille d’accueil pour le faire soigner.

Un premier bébé né sous X

À 16 ans c’est la rupture. Angélique part vivre dans un foyer et se retrouve enceinte un an plus tard. Une première grossesse qu’elle cache pendant cinq mois jusqu’au moment où les éducateurs s’en aperçoivent. Trop tard pour avorter. La petite Lola naîtra sous X.

Dans ce monde étroit où elle s’est recroquevillée, les amis sont rares. « Elle était déçue par les adultes. Elle ne s’autorisait pas à être heureuse. » confirme sa famille d’accueil. « Elle ne sait pas comment aimer », poursuit son ancienne meilleure amie.

Angélique trouve davantage d’épanouissement avec les chevaux. Sa passion. Les seuls êtres avec lesquels elle se sent en confiance, les seuls qui ne la jugent pas.

Elle décide d’en faire sa profession et réussit facilement un CAP soigneur d’équidé et travaille aujourd’hui dans ce domaine. Son cheval Hugo qu’elle vient d’acquérir connaît peut-être le secret de ce meurtre. Car la cour d’assises cherche encore à en connaître la vérité. Il ne reste qu’aujourd’hui aux jurés et aux magistrats pour franchir ce mur du silence.

« La solution la plus instinctive »

Elle a accouché seule dans l’appartement de son compagnon. Une petite fille dont elle n’a même pas pris soin de regarder le sexe. D’un hochement de tête, elle confirme que la petite a crié et bougé. Elle a ensuite mis le bébé dans un sac-poubelle, en a remis un deuxième puis un troisième. Angélique a tout nettoyé, s’est lavée. Vingt minutes après, plus rien ne bougeait. Le légiste a confirmé à la barre que le nourrisson était né viable et avait succombé probablement d’asphyxie. Elle a mis le chargement dans un sac à dos avant d’aller le dissimuler chez elle derrière le meuble télé. « Votre intention était-il de faire mourir le bébé ? » l’interroge la présidente. « Je ne sais pas ».

« Aviez-vous conscience de mettre au monde un être vivant? » continue la magistrate. Cette fois, les larmes sont nombreuses. Dans un effort Angélique lance : « Je regrette tout ce qui s’est passé ». Une parole rare qui confirme les propos d’un expert psy : « le sentiment de culpabilité est beaucoup plus fort qu’elle n’est capable de l’exprimer ».

Les questions sont presque toutes restées sans réponse sur le déroulement de la grossesse, de l’accouchement et du meurtre qui a suivi.

Du début à la fin, Angélique a caché son état. Pourquoi ? Elle avait peur de la réaction de son nouveau petit ami dont l’enfant n’était pas le sien. « Je l’ai quitté non pas parce qu’elle a eu un enfant mais parce qu’elle l’a tuée », soupire son compagnon qui regrette de ne pas s’être aperçu de sa grossesse.

« Avec du recul, je me demande comment je n’ai rien vu. Si elle me l’avait dit, on l’aurait gardé. »

Pendant tous ces mois, il n’a pas cessé de l’interroger en voyant sa silhouette s’épaissir. « Elle me répondait par la négative. Elle me disait qu’elle prenait la pilule et qu’elle ne voulait pas d’enfants. »

À ses proches, elle tient le même discours. Les occasions d’avouer sa situation n’ont pas manqué.

Les raisons de ce passage à l’acte ne viendront pas d’elle mais des experts psychiatres. Tout juste parvient-elle à répondre qu’effectivement elle ne voulait pas de ce bébé même si elle ne prenait pas de moyens de contraception.

« Vous ne vouliez pas d’enfant et vous faisiez tout pour en avoir ? » insiste la présidente. Silence une nouvelle fois. « À force de croire que vous n’en vouliez pas est-ce que vous pensiez que ça n’arriverait pas ? » tente Me Carlier-Brame l’avocate de la jeune femme. « Oui peut-être », murmure l’accusée.

Les experts ne parlent pas de déni de grossesse mais de dissimulation. « Elle se mentait à elle-même, précise l’un d’eux, Elle savait qu’elle était enceinte mais l’occultait. Elle n’avait rien préparé, l’accouchement s’est passé dans la précipitation, le désarroi. Il a fallu improviser une solution au dernier moment. La solution la plus instinctive a été de supprimer l’enfant. »

Dans son subconscient, à ce moment-là, le bébé n’est plus un être humain mais un « objet dont il fallait se débarrasser ».

Presse bavarde (Olivier de Saint Riquier, AisneNouvelle.fr, 14 juin 2012)


Assises – Infanticide / L’accusée murée dans le silence

LA CAPELLE (Aisne) Angélique M… est jugée pour le meurtre de son bébé à La Capelle en 2009. Le verdict sera rendu aujourd’hui.

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Mme Verbrugghen, représentant la société, va requérir une peine, ce matin.

C’est long, un silence. Surtout devant une cour d’assises, quand la mort d’un être doit être racontée. Accusée du meurtre de son bébé à La Capelle en mai 2009, Angélique M…, âgée de 26 ans, ne prononce aucun mot. Ses traits sont tendus comme une toile qui va se déchirer. Debout, immobile, elle reste figée comme une statue. Pas une œuvre d’art adulée, juste une figurine transie dans une vitrine fermée. Isabelle Seurin, la présidente, tente de l’ouvrir. « On ne peut pas vous juger si vous ne dites pas les choses. » L’invitation reste sans réponse.

Avant le verdict prévu aujourd’hui, il y a cette découverte effarante de la vie d’une jeune fille en Thiérache. Un voyage dans les années soixante, le récit d’un isolement volontaire.

Sollicitée par des entraîneurs prestigieux pour s’occuper de chevaux loin de chez elle, elle refuse. L’élève de la maison familiale rurale Beauregard à Clairefontaine avance : « La peur de l’inconnu, peut-être ».

Un comportement incompréhensible

Sa sexualité reste mystérieuse, avec des rapports non protégés. À ses amants, Angélique M… indique qu’elle suit une contraception mais il n’en est rien. Un comportement toujours inexpliqué. D’autant plus qu’elle peut bénéficier de la couverture médicale universelle mais elle n’effectue aucune démarche dans ce sens.

« Sur le plan personnel, elle n’arrive pas à se prendre en charge », avance son avocate, Me Carlier-Brame.

À la suite d’une rencontre d’un soir dans un bar, l’accusée effectue des tests de grossesse. Ils sont positifs. Angélique M… cache son état, porte des vêtements amples et consomme des produits amaigrissants. « Je ne savais pas comment dire à mon copain que j’étais enceinte mais pas de lui », dit-elle aux enquêteurs.

Son premier amour, devenu maçon, l’a quittée. Elle ne veut plus souffrir, subir un rejet, comme celui de ses parents. Ils l’ont abandonnée.

Son corps se transforme. Elle fait croire qu’elle mange davantage. Elle met seule au monde une fille dans l’appartement de son ami, le 25 mai 2009, à 13h30, à La Capelle. Elle refuse de la regarder.

Un gendarme garde présent à l’esprit la scène qui va suivre. « Dans un moment de panique, elle décide de se débarrasser du bébé. Elle le laisse tomber dans trois sacs poubelles qu’elle referme. Elle a fait des nœuds. » De petits cris résonnent. C’est une vie toute neuve qui s’exprime.

Surprise, elle lâche l’emballage. Angélique M… prend une douche pendant une vingtaine de minutes. Quand elle revient, le silence règne. Le corps inerte de la victime est placé dans un sac à dos.

La mère se rend à pied à son domicile, rue du Presbytère, distant de quatre cents mètres, avec ce chargement. Elle l’abandonne dans le salon.

« Elle a dit qu’elle ne le considérait pas comme son enfant et qu’elle n’avait aucun sentiment pour lui », ajoute le militaire. Dans un souffle, Angélique M… répond : « Je regrette ce qui s’est passé. »

Presse bavarde (Thierry de Lestang Parade, lunion.presse.fr, 14 juin 2012)


Assises / La souffrance enfouie d’une maman

LA CAPELLE (Aisne) Angélique M…, 26 ans, est jugée depuis hier pour le meurtre de son bébé à La Capelle en mai 2009. Elle est traumatisée d’avoir été abandonnée par ses parents.

Qui se souvient de lui ? Ce bébé, né le 25 mai 2009 vers 13 heures, à La Capelle est mort aussitôt. Son corps est emprisonné dans trois sacs poubelle. Ses pleurs sont rapidement étouffés par le plastique.

Depuis hier, c’est la maman qui est accusée de ce meurtre. Mais avant de nous tourner vers elle, il faut, sans doute, songer à lui : un petit corps sans histoire dont nul ne célèbre le souvenir. Les bancs des parties civiles chargées de représenter le bébé de sexe féminin sont vides. Il y a des personnes qui laissent ainsi peu de traces. Pas de prénom, nul baptême, le silence éternel.

Angélique M…, âgée de 26 ans, va s’expliquer aujourd’hui sur le début et la fin de la vie de sa fille. De courts instants qui pèsent sur son destin. « Ces trois jours vont décider de notre vie », observe son compagnon qui la soutient. Sa flamme le guide pour la défendre. « Elle s’en veut, elle s’est battue. Elle a tout fait pour remonter la pente. »

L’intervention de ce jeune homme, sans emploi, réservé et sérieux, est l’une des seules lueurs de la journée d’hier. Un peu de chaleur dans un univers glacial.

L’accusée a-t-elle préféré priver de vie son enfant plutôt que de ne lui proposer qu’une existence semée de douleur ? Comme la sienne avant qu’elle ne découvre l’amour. C’est l’enjeu des débats prévus jusqu’à demain soir.

Angélique M… tient ses mains accrochées l’une à l’autre pour se retenir à un lien solide qui l’empêche de se perdre dans un gouffre. Celui de ses silences.

Sa peau est très pâle comme si elle n’était à l’aise qu’à l’ombre.

Maman deux fois

Sa chevelure brune et épaisse lui cache la moitié du visage. Du côté gauche. Cela l’arrange, plutôt, de se dissimuler. Elle garde quelquefois ses lèvres ouvertes mais vides de mots.

Née à Laon, elle est abandonnée par ses parents à un an et demi. À la question, « Qui a compté dans votre vie et dans votre jeunesse ? » elle répond d’un mot « personne ».

Confiée à des familles d’accueil, elle habite à Blérancourt, Soissons, Mercin-et-Vaux. « Elle était chez nous, mais pas avec nous », raconte la dame qui l’a accueillie quinze ans près de Soissons. Elle décrit un être capable de brutalité, marquée à jamais par le désintérêt de ses géniteurs, capable d’écraser un poussin, sans aucune émotion.

À 17 ans, elle accouche pour la première fois sous X. Elle choisit d’appeler « Lola, Camille » celle qui sera adoptée. « Je ne veux pas faire ce que ma mère a fait », dit-elle.

Elle se protège des autres en refusant de devenir prisonnière de leurs jugements. Un témoin raconte que même un compliment était mal vécu par elle. Un piège pour entrouvrir sa cuirasse forgée par ses soins. Une autre personne évoque son goût pour « l’auto destruction ». Enfant déjà, elle se détourne des marques d’affection. S’attacher, c’est la promesse de souffrances à venir.

Depuis son adolescence, cette bonne élève ne se confie qu’aux chevaux. Avec eux, pas besoin de longues tirades, juste des gestes qui rassurent.

« Une monture ne juge pas », explique un autre témoin. Un éleveur de La Capelle ne cache pas d’ailleurs son admiration pour son aisance. Il raconte qu’elle seule pouvait s’approcher d’un poulain plein de fougue.

Il la décrit comme « calme, douce, fluide ».

Mais elle ne sait pas, sans doute, exprimer ses sentiments. Toujours enlisée dans l’urgence, incapable de recul.

Presse bavarde (Thierry de Lestang Parade, lunion.presse.fr, 13 juin 2012)


Accusée du meurtre de son bébé

LA CAPELLE (Aisne). Les deux prochaines affaires examinées par la cour d’assises sont un meurtre de bébé en Thiérache et un viol à La Fère. Les débats débutent ce matin.

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Angélique M… interrogée par un juge d'instruction à Laon en mai 2009. Elle est libre aujourd'hui.

Une longue vie s’offrait à lui mais son existence n’a duré que quelques minutes. Ce bébé est mort le 25 mai 2009 à La Capelle. La petite victime est décédée asphyxiée dans trois couches de sac-poubelle. Trois ans après, ce destin tragique ressurgit.

La maman, Angélique M…, âgée de 26 ans, est jugée par la cour d’Assises pour ce meurtre, pendant trois jours à partir d’aujourd’hui.

Dissimuler sa grossesse

L’accusée, défendue par Me Carlier-Brame, a été abandonnée à la naissance par ses parents. « Elle ne voulait pas de cet enfant. L’expertise psychologique a révélé qu’il ne s’agissait pas d’un déni, mais d’une volonté de dissimuler sa grossesse. Elle en avait conscience, elle ne voulait pas que ça se sache », avait à l’époque estimé une substitut du procureur de Laon.

Angélique M… était consciente d’être enceinte, mais elle aurait caché son état à ses proches. La naissance se serait déroulée au domicile de son petit ami, qui ne serait pas le père du nourrisson. Aux enquêteurs, elle aurait indiqué avoir entendu le bébé pleurer avant de le laisser succomber.

Le corps avait été amené chez elle. Il a été découvert derrière la télévision grâce à un concours de circonstances : c’est en se présentant aux urgences au centre hospitalier de Fourmies à la suite de saignements qu’elle a attiré la curiosité des médecins. Ils ont rapidement constaté que la jeune fille venait d’accoucher. Mais l’enfant était introuvable. Selon l’autopsie, il était viable.

Le verdict est prévu dans la soirée du jeudi 14 juin.

L’affaire suivante est bien différente (…)

Deux affaires, deux histoires, et toujours une découverte d’existences tourmentées devant la cour d’assises.

Presse bavarde (Thierry de Lestang Parade, lunion.presse.fr, 12 juin 2012)

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