En novembre de l’année dernière, année qui restera tristement celle de la catasptrophe de Fukushima, un camp antinucléaire a eu lieu à Yvetot Bocage, à côté de Valognes dans le Cotentin (50). Ce camp autogéré appelait à perturber le passage du train CASTOR (train de déchets nucléaires hautement radioactifs) qui se rendait à Gorleben, en Allemagne, où l’attendaient quelques dizaines de milliers de contestataires à travers tout le pays, comme chaque année à la même période depuis une vingtaine d’années. Le mot d’orde, ici dans le Cotentin, « Le train CASTOR ne passera pas comme ça ! » était l’occasion de vivre une opposition concrète, sur le terrain, au nucléaire et au monde qui va avec.
Trois des personnes ayant répondu aux médias ce jour-là sont aujourd’hui convoqués le 9 octobre 2012 à 10h au tribunal de Cherbourg et accusés de :
• Complicité de destruction de biens d’autrui par l’effet d’un moyen dangeureux pour les personnes (guérites de signalisation de la SNCF incendiées, déballastage, soulèvement des rails)
• Incitations directes (écrit, parole, image : tracts, blog, affiches, communiqués, conférence de presse) ayant provoqué un attroupement de plusieurs centaines de personnes dont certaines étaient armées (fumigènes, armes blanches et containers lacrymogènes…)
• Organisation d’une manifestation sur la voie publique ayant été interdite
Ces dernières semaines…
Quatre personnes ont été auditionnées : le propriétaire du champ (incité, en vain, à la délation) et trois des personnes qui ont réalisé des interviews télévisées sur le camp de Valognes. Le raisonnement policier semble être le suivant : la place des personnes inculpées dans les médias serait la marque de leur « rôle prépondérant au sein du collectif », c’est-à-dire de l’organisation du camp, de la communication (tracts, affiches, blog) et de la coordination des actions sur le terrain. Il est à noter qu’il y a eu, à ce jour, deux perquisitions. La gendarmerie cherchait surtout des petits papiers, des cartes du terrain, des carnets d’adresse…
Les personnes poursuivies n’ont pas encore eu accès au dossier, mais il semblerait que la justice cherche à les rendre juridiquement coupables d’une détermination collective, et à leur faire porter cette responsabilité « morale ».
Il ne faut pas oublier que 6 personnes se sont retrouvées au tribunal fin janvier et début février suite à leur interpellation le jour de l’action, le 23 novembre 2011, que certains sont en appel, et que les deux vagues de poursuites sont nécessairement liées. La période de cette nouvelle vague d’intimidation n’est pas non plus anodine : elle arrive un mois avant le camp anti-THT, dans la Manche lui aussi, où les gardes-à-vues, les auditions et les contrôles d’identité pleuvent depuis plusieurs semaines.
La solidarité est de mise.
Nous appelons tous les réseaux antinucléaires, militants et mouvements sociaux, ceux qui ont soutenu le camp d’une manière ou d’une autre, les réseaux proches et les personnes sensibles à manifester leur solidarité face à ce procès qui constitue une attaque réelle à la possibilité même de lutter contre le nucléaire. Les rencontres et les « complicités » ne manqueront pas de se renforcer face à cette nouvelle intimidation.
Collectif de soutien aux personnes poursuivies suite à « Valognes Stop Castor », 16 juin 2012
Ping : [Chefresne] Sur la lutte anti-THT et les affrontements lors du “Week-end de résistance à la ligne THT” (22, 23 et 24 juin 2012) | Le Chat Noir Emeutier