Le MNLA prêt à faire face à une éventuelle intervention militaire dans l’Azawad
« Si la CEDEAO et la communauté internationale choisissent de nous faire la guerre, on n’a pas le choix : on va nous défendre comme on l’a [déjà] fait ! » a déclaré Ibrahim ag Mohamed Assaleh qui a conduit la délégation du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) reçue le 9 juin 2012 par le président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur pour la Cédéao.
Le message est on ne peut plus clair. Rien ne fera reculer le MNLA décidé à ne pas lâcher l’indépendance qu’il a arrachée et réitère sa détermination de se battre jusqu’au bout.
Ceci dit, la délégation du MNLA reste convaincue que la guerre ne résout pas tous les problèmes.
Le MNLA a ainsi montré sa disposition à discuter avec la CEDEAO et la communauté internationale pour trouver une issue pacifique à la crise qui secoue l’Azawad depuis janvier 2012. La délégation reçue par le médiateur de la CEDEAO a tenu également à faire savoir que le MNLA n’a rien à voir avec Ansar Dine, une organisation avec laquelle il ne partage ni les objectifs ni le projet.
Il est très difficile de tirer des conclusions de cette rencontre MNLA-CEDEAO d’autant plus que l’activité diplomatique de la CEDEAO et de certains États africains comme le Bénin et le Niger, dont les présidents se sont rendus à l’Élysée pour solliciter l’appui et l’intervention de la France, ne cessent de se multiplier ces derniers jours en vue d’obtenir une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour une intervention militaire dans l’Azawad. De même, il est tout aussi difficile d’accorder une quelconque confiance à une organisation qui n’est qu’un club de républiques bananières et d’États voyous qui feront tout pour mater la résistance touarègue et empêcher l’Azawad d’accéder à son indépendance. Incapables de faire face eux-mêmes aux Touaregs, ils vont chercher le soutien notamment d’Alger, mais surtout de l’ancienne puissance coloniale, la France, qui continue de bien veiller sur ces États vassaux.
Face à cette situation à laquelle sont confrontés les Touaregs déterminés à se battre pour leur liberté, Imazighen se doivent de se mobiliser pour être aux côtés des Touaregs et pour empêcher cette alliance internationale anti-touarègue d’imposer son injustice dans l’Azawad. Ce que subissent aujourd’hui les Touaregs sera le sort réservé à toute région de Tamazgha qui osera se soulever pour agir en faveur de sa propre libération. C’est pourquoi, il est plus que nécessaire que l’ensemble des Imazighen se mobilisent pour combattre ces ennemis de l’Azawad qui sont en réalité les ennemis de l’ensemble du pays amazigh.
« La Rédaction » de Tamazgha le site berbériste, 12 juin 2012
Mali : la prochaine guerre
Le Conseil de sécurité de l’ONU pourrait rapidement donner son aval à une intervention militaire africaine dans le nord du Mali.
Pendant que le Conseil de sécurité de l’ONU n’arrive pas à s’entendre sur le dossier syrien, il pourrait dans le même temps décider rapidement d’une intervention au Mali. Inquiet de l’installation de « troupes terroristes » dans le nord du pays, François Hollande a garanti, lundi, le soutien de la France à une opération militaire de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), sous l’égide de l’ONU. « Si une intervention est décidée, c’est aux Africains de la mener, la France comme d’autres puissances se mettant au service des Nations unies », a précisé le président français.
« François Hollande se montre particulièrement prudent sur la question », note Antoine Glaser [Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique, coauteur de Sarko en Afrique, avec Stephen Smith (éditions Plon)]. « L’Algérie, principal partenaire dans la région, ne veut pas entendre parler de forces françaises à ses frontières, d’autant plus que la constitution algérienne lui interdit d’intervenir chez ses voisins », ajoute le spécialiste de l’Afrique. On se souvient, de la même manière, que l’Union africaine s’était fermement opposée à une action de l’Otan en Libye, avec le résultat que l’on connaît. Mais dans le cas du Sahel, l’adversaire comme le terrain demeurent autrement plus instables.
L’enfer du Sahara
Dans l’enfer du Sahara, un soutien international, tout du moins logistique, paraît indispensable. « Les moyens de la Cedeao ne sont pas appropriés à la région, au niveau tant matériel que financier », explique Pierre Jacquemot, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). « Agir au Sahara suppose des moyens aériens, de petits équipements rapides au sol ainsi que des soldats aguerris : tout ce dont une armée africaine classique n’est pas dotée », ajoute le spécialiste de l’Afrique subsaharienne. Une intervention africaine pourrait-elle dès lors ouvrir le chemin à un envoi futur de casques bleus ? Une hypothèse « crédible en cas de besoin », juge le journaliste Serge Daniel [Serge Daniel, correspondant de l’AFP à Bamako, auteur de Aqmi, l’industrie de l’enlèvement (éditions Fayard)]. Un scénario qu’écarte de son côté Pierre Jacquemot, « étant donné les difficultés que connaît déjà l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci), où sept casques bleus ont été abattus vendredi dans une embuscade.
Une fois et demie plus grand que la France, pour une densité de population qui ne dépasse pas 1,2 habitant par kilomètre carré, le nord du Mali est historiquement revendiqué par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), un groupe touareg musulman — mais laïque — [sic], qui lutte depuis cinquante ans pour arracher à Bamako l’indépendance de la région. « Il a été aidé dans ce sens par l’ex-gouvernement français de Nicolas Sarkozy, notamment pour contrer les ambitions du groupe touareg islamiste d’Ansar Dine (Défenseur de l’islam, en arabe, NDLR) », indique Antoine Glaser. Ce dernier mouvement, proche d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), prône l’instauration de la charia.
État islamique
Or ces deux groupes touaregs, aux ambitions pourtant divergentes, se sont alliés au début de l’année dans leur lutte contre l’armée malienne. Leur percée explique en partie le coup d’État militaire du 22 mars dernier, qui a mis fin à dix ans de règne d’Amadou Toumani Touré. Les putschistes reprochaient notamment au président malien de ne pas assez oeuvrer pour remédier au chaos dans le nord du pays, qui a entraîné, selon l’ONU, la fuite d’au moins 126’400 Maliens à l’étranger depuis janvier dernier.
Or, bien loin de freiner l’avancée des rebelles, la faiblesse du nouveau pouvoir s’est révélée contre-productive. Privée de tout commandement, l’armée malienne n’a pu contenir les assauts touaregs, qui se sont emparés de Tombouctou, Gao et Kidal, les trois grandes villes du nord. Et coup de théâtre, le 27 mai dernier, les frères ennemis, le MNLA et Ansar Dine, ont annoncé leur fusion et proclamé la création de l’État islamique de l’Azawad. Une déclaration par la suite démentie par plusieurs ailes au sein du MNLA, faisant apparaître d’importantes dissensions sur l’application « pure et dure » de la charia.
Les erreurs afghanes
« On ne peut avoir de vraie collusion entre les deux tendances », estime Pierre Jacquemot. « Les touaregs du MNLA n’accepteront jamais un État islamique sur leurs terres de Tombouctou, ni à Gao », insiste le chercheur. Problème, selon le journaliste Serge Daniel, les forces du MLNA seraient pratiquement absentes sur le terrain face à Ansar Dine, allié à Aqmi. Prônant le djihad en Afrique de l’Ouest, la branche régionale d’al-Qaida aurait récemment enregistré l’arrivée de combattants venus tout droit d’Afghanistan et du Pakistan. « Aqmi a trouvé dans les pays pauvres du Sahel son nouveau fief », affirme Antoine Glaser. « Une planque parfaite », ajoute Serge Daniel.
L’organisation vit aujourd’hui principalement du trafic de drogue ainsi que de rapts de civils occidentaux, dont les six otages français toujours retenus au Sahel. Aqmi s’appuierait également sur des combattants binationaux, selon Serge Daniel, formés à perpétrer des attaques directement en France. À l’instar de l’Afghanistan, où les talibans avaient été armés par les États-Unis contre les Soviétiques, les djihadistes bénéficieraient de l’aide bien involontaire de l’Occident. « La chute de Kadhafi a provoqué la dispersion d’armement sophistiqué dans le nord du Mali, note Antoine Glaser. Nombre de touaregs travaillaient pour les forces de sécurité libyennes, qui leur assuraient un financement correct. Aujourd’hui, on les retrouve dans les rangs de la rébellion. »
Publié par des larbins des services français (Armin Arefi, LePoint.fr, 13 juin 2012)