Une réplique du cerveau humain… en numérique !
Créer un cerveau artificiel : c’est le défi des chercheurs de « Neuropolis », un centre de recherche suisse dont le lancement a été annoncé aujourd’hui.
Le premier cerveau humain numérique pourrait naître dans le tout nouveau « Neuropolis », en Suisse. Telle est, en tous cas, l’ambition de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) qui a annoncé aujourd’hui la création de ce centre de recherche inédit, pour lequel vont être investis 110 millions de francs suisses (91 millions d’euros).
Un grand accélérateur de neurones
« Neuropolis sera une plateforme unique en Europe dédiée à la simulation numérique du cerveau, au développement des neurosciences, notamment des neurosciences computationnelles (qui modélisent le cerveau) », affirme Patrick Aebischer, le directeur de l’EPFL qui, depuis son arrivée aux manettes, n’a eu de cesse de mettre les neurosciences en avant.
« Nous voulons construire l’équivalent du CERN (qui héberge le LHC, le grand collisionneur de particules, NDLR) pour le cerveau, c’est-à-dire une plateforme dont la puissance de calcul et les logiciels seront à disposition des neuroscientifiques et biologistes du monde entier. Il sera complété à Genève par un nouvel institut d’imagerie moléculaire qui mettra en œuvre des essais pré-cliniques. »
Le projet pilier de cette nouvelle organisation? Blue Brain, la modélisation du cerveau humain, menée par l’équipe de Henry Markram, que Sciences et Avenir vous présentait dans son dossier « Cerveau numérique ». « Nous désirons offrir une maison à Blue Brain, reprend Patrick Aebischer. Dans un espace ouvert au public où pourront être visualisés nos progrès, pour ne pas effrayer la population et répondre aux inquiétudes suscitées (notamment la crainte de développer une conscience artificielle, NDLR) nous ne sommes pas dans une tour d’ivoire. »
Blue Brain nécessite déjà la puissance de calcul d’un super calculateur, Blue Gene P, de 16.000 processeurs et 0,5 pétaflop (0,5.1015 opérations par seconde). « Nous atteindrons un petaflop dans deux ou trois ans, jusqu’à un exaflop (1018) en 2020. » assure le directeur. Neuropolis sera financé par le groupe Rolex, la Confédération helvétique ainsi que les Cantons de Vaud et de Genève. L’enveloppe pourrait cependant gonfler encore plus dans quelques mois. L’EPFL et plus de cent autres équipes scientifiques, sont en effet en lice pour décrocher une bourse européenne pour leur « Human Brain project » qui regroupe plusieurs travaux autour d’un modèle informatique de cerveau humain. À la clé, un milliard de dollars. Réponse en 2013.
Presse sans cerveau (Elena Sender, sciencesetavenir.fr, 11 juin 2012)