Nantes. Le procès-verbal truque la réalité
« Je ne soutiendrai pas l’accusation », indique le procureur, dès l’entame du procès. Propos liminaires annonciateurs de ses réquisitions de relaxe. « Une procédure vide », dira-t-il aussi.
Plus tôt dans la journée, il visionnait une vidéo, fournie par la défense, qui contredisait, en tout point, la version policière dûment consignée sur procès-verbal. Les images devaient être diffusées à l’audience. Le tribunal s’en dispensait. « Un commissaire de police qui fait état de faits qui n’existent pas, dans une chronologie qui n’existe pas. Ce procès-verbal heurte la réalité des faits. Il n’y a pas eu de caillassage, ni jets de projectiles contre les policiers. Un procès-verbal tout simplement inqualifiable », déroule Me Vallée, l’avocat du jeune homme de 29 ans, faussement accusé de s’être rebellé contre les forces de l’ordre, le 2 septembre dernier, à l’occasion d’un rassemblement, square Mercœur à Nantes, d’opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. « Ce sont des mensonges. En vrai, je me suis fait taper par des policiers quand j’essayais de mettre un copain en position de sécurité », dit le jeune homme.
L’ami, à qui il portait secours, témoigne : « Je suis arrivé sur le site. Il y avait des gens dans les arbres. Vers 19h, 19h30, il y avait un repas de servi. Je faisais manger mon fils de 18 mois. Il y a eu une charge policière sans sommation. J’ai pris un coup de poing ou de matraque, dans la tête, puis dans les cuisses. J’ai perdu connaissance pendant plusieurs minutes. Le policier, qui m’a porté des coups, m’a mis du gaz lacrymo dans la bouche. J’étais toujours inconscient. On m’a dit que mon copain m’a porté assistance, qu’il a été tiré par les policiers alors qu’il était en train de me porter secours. On m’a dit que j’ai été ensuite traîné dans le parc par les forces de l’ordre. J’ai été écrasé, menotté, embarqué, placé en garde à vue. »
Cinq jours d’interruption totale de travail pour lui. Rien ne lui sera finalement reproché. Pas de poursuites à la sortie de sa garde à vue. Il a déposé plainte pour les violences policières et le vol de sa « montre ». « Tant que j’ai été conscient, je n’ai jamais vu un jet de projectiles », ajoute-t-il. Nombre de témoignages le confirment. « Je trouve ça dommageable dans un État de droit que la police puisse avoir de telles attitudes. Une invention pour se dédouaner de toutes violences » dit-il encore. Relaxe juge le tribunal.
Leur presse (Ouest-France.fr, 23 mai 2012)