Le chômeur siphonne pour continuer à rouler
Un chômeur de Châtellerault vient de partir en détention pour avoir siphonné des réservoirs de camions. Il voulait juste pouvoir continuer à rouler.
Il a été pris en flagrant délit avec un siphon à la main. José aspire le carburant à répétition. En l’espace de trois mois, il vient de se faire épingler à cinq reprises ! Son agenda personnel comportait déjà trois rendez-vous avec la justice entre le 6 juin et 6 juillet pour des faits qui se sont produits entre la fin février et début avril. Des vols de carburants.
Quand José s’est fait pincer une nouvelle fois, dans la nuit de lundi à mardi, le parquet s’est décidé à passer la vitesse supérieure : comparution immédiate.
Deux vols lui sont reprochés. Le premier remonte au 1er avril dernier. Il est 21h45, José est surpris près d’un camion des transports Aubourg. Un frère du patron vient à son devant. José a travaillé là par le passé. Il lui fait remettre le contenu de son bidon dans le réservoir du véhicule et relève le numéro de sa voiture. Une plainte est déposée le lendemain pour un vol de 200 litres de carburant. « Je venais juste de commencer, assure le quinquagénaire. Je n’ai pas volé 200 litres ! » Les policiers n’avaient pas été avisés immédiatement, et le contenu du coffre pas vérifié.
Le deuxième vol date de la nuit de lundi à mardi. Les policiers châtelleraudais mènent un contrôle. Ils arrêtent José. Il leur paraît inquiet et il sent le carburant à plein nez. Quand il ouvre son coffre, les policiers découvrent trois bidons de 20 litres et un siphon dégoulinant de gasoil.
« Si j’avais un travail, je ne le ferais plus ! »
José reconnaît qu’il vient de siphonner les 60 litres dans un camion stationné à Vouneuil-sur-Vienne. « Le plus inquiétant, c’est quand même le contexte », relève le président du tribunal. « Vous avez trois convocations pour des faits identiques prochainement. Vous trouvez ça normal ? » « Si j’avais un travail, je ne le ferais plus ! C’est juste pour pouvoir rouler ! Je ne le ferai plus, je regrette », assure le quinquagénaire, sans emploi depuis décembre dernier.
« On peut entendre que Monsieur connaisse des difficultés personnelles », concède la procureure, « mais la situation n’est pas acceptable, elle met aussi en difficulté des entreprises confrontées à de nombreux vols de carburant ». Elle requiert 8 mois de prison, dont la moitié ferme avec mandat de dépôt et l’obligation de remettre son permis aux autorités. José s’était déjà fait confisquer sa voiture lors d’un précédent vol. Là, il s’était fait pincer avec celle d’un copain.
« S’il ne peut pas rouler, il ne peut plus rien faire », relève Me Lidwine Reigné, avocate de José. « Trois bidons de 20 litres, c’est un plein à 70 €. Faut-il vraiment l’envoyer en prison pour cela ? Et rien ne prouve qu’il a volé 200 litres. » Le tribunal a estimé que oui, à cause de la récidive. La peine plancher a été écartée. José est parti trois mois en prison. Et il devra verser 280 € aux transports Aubourg.
Presse (lanouvellerepublique.fr, 17 mai 2012)