Bombe en Italie : une série de coïncidences
Plusieurs éléments pourraient faire penser à un attentat mafieux mais la prudence reste de mise. De notre correspondante en Italie.
L’attentat de ce matin à Brindisi (Pouilles) frappe évidemment par la technique utilisée (deux bonbonnes de gaz placées devant l’entrée d’une école publique), et par la gravité de son bilan : une étudiante tuée et huits blessées.
Mais par delà les scènes déchirantes qu’il a provoquées, il frappe surtout en raison de la série de coïncidences qui l’accompagnent. D’abord le nom de l’école : l’Institut Falcone-Morvillo, en souvenbir du juge Giovanni Falcone et de sa femme Francesca Morvillo, assassinés il y a vingt ans par Cosa Nostra.
Ensuite, justement, il intervient au moment où se tiennent des commémorations officielles, vraiment imposantes (entre autres la séance publique du 23 mai en présence du Président du Conseil et du Président de la République, dans la salle du tribunal de Palerme où Falcone célébra le « Maxi procès » contre la mafia en 1986).
Enfin, et c’est la troisième coïncidence, l’arrivée cet après midi à Brindisi de la « caravane antimafia » ou « caravane de la légalité » sous la direction du prêtre antimafia Luigi Ciotti, qui rassemble des centaines d’adolescents en guerre contre le crime organisé.
Tous ces éléments pourraient donc faire penser à un attentat mafieux. Mais la prudence reste de mise. D’abord parce que Brindisi n’est ni une ville stratègique ni une ville symbolique pour la mafia. Au contraire : ici et dans les Pouilles en général, le crime organisé, connu sous le sigle de Sacra corona unita, a été démantelé de longue date. Ensuite parce que la technique utilisée (des bonbonnes de gaz) est assez rudimentaire et approximative, et ne ressemble en rien aux moyens raffinés, précis et meurtriers utilisés dans les années 92/93 pour se venger de magistrats audacieux et efficaces comme Falcone et Borsellino. Enfin parce qu’à l’époque des bombes mafieuses et du climat trouble de « Mani pulite » (l’opération « Mains propres), qui avait déstabilisé le monde politique et créé les conditions pour un changement politico-institutionnel important, le crime organisé plaidait pour des choix conservateurs et cherchait à l’imposer avec la technique de la peur.
Aujourd’hui, la situation politique, économique et sociale est d’une gravité extrême et la politique d’austérité du gouvernement Monti, son choix de combattre avec force la fraude fiscale, créent des mécontentements profonds dans la population. Mécontentements qui peuvent se traduire par des attentats contre les agences de recouvrement de l’impôt ou par des « jambisations » accomplies par des groupes anarchistes. Mais ils n’ont rien à voir avec les mafias.
Le climat est certes à l’expression violente, anti partis et anti establishement, mais personne pour l’heure ne voit en quoi ce même climat pourrait impliquer les mafias. Avec quel but avoué ou caché ? Il vaut mieux donc attendre avant de cataloguer dans le rubrique « crime organisé » un attentat bizarre dans une ville périphérique du Sud de la Péninsule.
Presse mafieuse (Marcelle Padovani, tempsreeel.nouvelobs.com, 19 mai 2012)
le jura libertaire devient-il incohérent, mélangé la jambisation de gênes avec l’attentat de brindisi. Brindisi est un attentat de masse( mafieu ou pas) renvoie peut être vers la tactique habituelle de l’état italien vers la stratégie de la tension. Dans ce pays avec Mario Monti premier ministre élu par les banquiers européens pour remplacer le trop dérangeant Berlusconi ( nombreuses affaires liés avec cette homme).