« Touaregs Solution Finale »
Entretien imaginaire avec la Machine DRS
Insi s’est rendu ce week end à Alger où il a visité les locaux du DRS (Département du renseignement et du service). Un employé de l’institution lui a fait visiter les caves de l’édifice où il y a une énorme vieille machine rouge Made in USSR. La machine, d’après l’employé des lieux, fonctionne comme un ordinateur. C’est grâce à elle que le pouvoir algérien surveille tout ce qui se passe dans la région. La machine a pour vocation aussi de répondre à des questions. Ainsi, Insi profita de l’occasion pour lui en poser quelques-unes, et voici les réponses de la machine.
Insi : Tu m’entends ?
Machine DRS : 5/5, Camarade. Terminé.
Insi : Camarade !? T’es toujours communiste ?
Machine DRS : Non, Machine Islamiste. Terminé.
Insi : T’es déréglée alors ?
Machine DRS : Non, Mission Tromper Ennemi. Terminé.
Insi : Quel ennemi ?
Machine DRS : Ennemi Intérieur Berbère. Terminé.
Insi : Et l’ennemi extérieur ?
Machine DRS : Berbères Etranger. Terminé.
Insi : Je peux te poser quelques questions ?
Machine DRS : Démarre Camarade. Terminé.
Insi : Tu connais le dossier de l’Azawad ?
Machine DRS : Machine DRS Connait Tout Camarade. Terminé.
Insi : Tu connais le plan concernant ce pays ?
Machine DRS : Oui. Grand Plan. Plan Solution Finale : « DFH. » [Dune est un roman de science-fiction écrit par Frank Herbert et publié aux États-Unis en 1965. L’histoire débute en l’an 10191 après la création de la Guilde spatiale. L’empereur Shaddam IV exerce son pouvoir féodal1 sur tout l’univers connu. L’humanité a conquis une grande étendue de l’univers, notamment grâce à une mystérieuse substance dénommée « Épice » ou « Mélange ». L’Épice constitue un puissant stimulant cérébral et permet à certains humains de décupler leurs capacités psychiques. De plus, elle accroît considérablement la durée de vie et immunise le corps contre de nombreuses maladies. Son origine précise est un mystère et les quantités disponibles sont rarissimes ; elle est par ailleurs impossible à synthétiser. L’ensemble de ces paramètres lui confère une valeur monétaire particulièrement élevée.] Terminé.
Insi : Qui veut dire…
Machine DRS : DUNE Frank Herbert. Terminé.
Insi : Quel rôle jouera l’Algérie dans ce plan ?
Machine DRS : Ver Géant Sables. Terminé.
Insi : Quand est-ce que commencera ladite opération ?
Machine DRS : Déjà Commencée. Beaucoup Soldats Allah Kidal. Terminé.
Insi : Combien de soldats ?
Machine DRS : Beaucoup. Vraie Coalition. Nuée Sauterelles : Pakistanais, Afghans, Libyens, Marocains, Tchadiens, Algériens… Mission Renforcer Positions AQMI Ansar Ddin d’Ag Aghali. Croisade Islamique. Chefs Guerre Émirs Algériens Mokhtar Belmokhtar Abdelhamid Abou Zeid. Terminé.
Insi : Quel est son objectif ?
Machine DRS : Verdir Homme Bbleu. Terminé.
Insi : Es-tu programmée pour un génocide ?
Machine DRS : Génocide Hallal. Terminé.
Insi : Et si le MNLA résiste ?
Machine DRS : SOS Renforts El QAÏDA Internationale. Terminé.
Insi : L’Algérie n’a-t-elle donc pas peur de la réaction internationale ?
Machine DRS : Machine Franco-Américaine Même Programme. Terminé.
Insi : Que feras-tu des Touaregs qui refuseront de se reconvertir ?
Machine DRS : Programme Charia : Mort Enfer. Terminé.
Insi : Et si tous les Berbères se mettent du côté des Touaregs ?
Machine DRS : Impossible ! Terminé.
Insi : Pourquoi ?
Machine DRS : Programme Démocrate Kabyle Oblige : Non Violence. Carte Blanche Milices Algérienne. Tuer Berbères. Retour Case Départ. Terminé.
Insi : Tu oublies le MAK et le RCD ?
Machine DRS : Communiqués Indignation Post-Opération Téléchargés. Terminé.
Insi : Et le FFS ?
Machine DRS : FFS Approuve Plan. Participation Tactique Plan Extermination Touaregs. Terminé.
Insi : Et les Archs ?
Machine DRS : Fichier Effacé. Fin Activités. Dossier Ahmed Ouyehya Scellé Négocié. Poubelle. Terminé.
Insi : Et si jamais ton plan ne marhe pas ?
Machine DRS : Machine DRS Second Plan. Plan Djamal Abdennacer. Terminé.
Insi : Qui consiste…
Machine DRS : Activer Virus Bérabiches. Activer FNLA (Front Libération Azawad) Zahabi Ould Sidi Mohamed Maoulay Ahmed Regani Ouled Meidoum. Terminé.
Insi : Quelle est l’objectif du FNLA ?
Machine DRS : Libérer Azawad. Instaurer République Arabe Islamique Azawad. Terminé.
Insi : Et comment comptes-tu convaincre l’opinion internationale de ta solution finale ?
Machine DRS : AFP Prépare Propagande. Terminé.
Insi : N’oublie pas qu’il y a dans l’Azawad des observateurs de l’Union Européenne ?
Machine DRS : Mêmes Observateurs Élections Législatives Algériennes 2012. Terminé.
Insi : Tu as donc toutes les données ?
Machine DRS : Toutes. Terrminé.
Insi : Que veut le Mali ?
Machine DRS : Perdu Nord. État Dépassé. Terminé.
Insi : Et la France ?
Machine DRS : Aide Logistique Algérie. Contre Partition Mali. Touaregs Toutous Gentils. Terminé.
Insi : Que veulent les Américains ?
Machine DRS : Uranium Phosphore. Terminé.
Insi : Et les Qataris ?
Machine DRS : Qataris Financent. Beaucoup Argent. Terminé.
Insi : Et les Algériens ?
Machine DRS : Comme Habitude : Razzia Vol Misère Islam Arabe Ignorance Prostitution Mosquées Drogue Alcool Coran Crime Corruption Chaos…
La machine déroule la liste des méfaits que l’Algérie s’apprête à semer dans l’Azawad. Puis, tout se bloque.
Machine DRS : Bug. Liste Trop Longue. Mémoire Insuffisante.
L’employé du DRS à Insi : Je vais débrancher, sinon elle va exploser.
L’employé débranche la machine. Insi quitte les lieux et disparait.
Tamazgha le site berbériste, 14 mai 2012
L’Algérie, pays exportateur de terrorismes et de malheurs dans l’Azawad
Dans l’une de ses dernières sorties internationales en tant que président Français, Nicolas Sarkozy affirmait que l’Algérie est le pays qui détient la clef dans l’ensemble du Sahel. Cette affirmation n’est pas fortuite, loin de là. Par le biais du DRS, l’Algérie a une grande influence dans l’Azawad grâce à la présence d’Al Qaeda au Maghreb Islamique qui n’est qu’une émanation de ses services secrets. Retour sur ces liens dont peu de personnes s’attardent.
Pour mieux connaitre le cartel du trafic de drogue et du crime organisé qu’est AQMI, il faut faire un retour en arrière, plus particulièrement en 1992. Lors des élections locales de cette année en Algérie, un groupe islamiste, le Front Islamiste du Salut (FIS) remporte le premier tour des élections législatives Algériennes avec 82% des 231 sièges, le Front de Libération National (FLN) n’obtenant que 6% des sièges. Se sentant en danger, l’armée oblige le Président Chadli Bendjedid à la démission dans un coup d’État militaire qui ne dit pas son nom, et interrompt immédiatement le processus électoral pour voler au FIS sa victoire électorale.
Pour recouvrer sa victoire, le FIS se lance à partir de juin 1992 dans la lutte armée par le biais de son bras armé le Groupe Islamique Armé (GIA). Formé en majorité d’Algériens ayant combattus en Afghanistan et en Bosnie-Herzégovine, le GIA mènera des actions militaires qui feront plus d’un millier de mort de 1992 à 1999.
L’exemple palpable de ce machiavélisme du gouvernement Algérien est l’assassinat des 7 moines trappistes de Tibhirine. Enlevés le 27 Mars 1996, les têtes de ces 7 moines seront retrouvées décapitées deux mois plus tard. L’assassinat sera revendiqué comme son habitude par le GIA. Dans le livre Le crime de Tibhirine, révélations sur les responsables paru en 2011, des anciens agents du DRS avouent que les moines ont été enlevés sur ordre du général Smain Lamari, ancien ****chef du DRS. L’objectif poursuivi selon ses anciens agents étaient tout simplement de non seulement d’empêcher aux moines de soigner les combattants du GIA qui n’était pas sous le contrôle des DRS, mais aussi de discréditer les islamistes du FIS.
Ces assassinats macabres commandités par le DRS Algérien n’est pas le seul exemple du machiavélisme de l’Algérie. Dans La Guerre contre la vérité, Nafeez Mosaddeq Ahmed, politologue britannique et directeur de l’Institute for Policy Research and Development, affirme au bout d’une longue étude que le gouvernement algérien a instrumentalisé la création du GIA pour non seulement discréditer les islamistes qui venaient de remporter les législatives, mais aussi pour contrôler les populations qui avaient voté en masse pour ces islamistes.
Pour confirmer ce dont beaucoup d’observateurs se doutaient, de nombreux témoignages de personnes proches des renseignements Algériens diront que de nombreux crimes durant cette décennie noire ont été commis par les services secrets Algériens, et que ces crimes furent « revendiqués » par le GIA dans des medias comme le journal Al Ansar de Londres. Questionné plus tard, le rédacteur en chef de ce journal avouera ne pas vraiment savoir si c’était vraiment le GIA ou une autre organisation qui leur envoyait les communiqués à publiés au nom du GIA.
Depuis les années 2000, des milliers de combattants du GIA ont bénéficié de l’amnistie du président Abdelaziz Bouteflika dans le cadre de la loi sur la concorde civile. La minorité restante créa le GSPC pour se spécialiser dans les activités illicites. En 2007, le GSPC est devenu « Al Qaeda au Maghreb Islamique » (AQMI) pour bénéficier du logo « Al Qaeda » pour légitimiser son trafic de drogue et de crimes organisés et tromper l’opinion internationale.
Les deux leaders du GSPC étaient Abdelmalek Droukdel (Abou Mossab Abdelouadoud) un ancien agent de la DRS et Amari Saïfi (Abdel Razak El Para) un ancien sous-officier des forces spéciales algériennes. Officiellement «détenue» en résidence surveillée en Algérie sous la protection de la DRS, El Para est en fait protégé par l’Algérie contre la justice nationale et internationale.
Interrogé par notre confrère de Rue 89 en 2010 sur les liens entre AQMI et le DRS, l’un des services les plus centralisés du monde, le Professeur Jeremy Keenan, anthropologiste à l’University of London, l’un des plus grand spécialistes de la zone Sahélo-Saharienne, est on ne peut plus clair sur ces liens :
« Divers signes montrent les liens entre DRS et AQMI. Hattab, par exemple, vit aujourd’hui sous la protection du DRS, tandis que les relations entre ce service de renseignement et le chef actuel de l’AQMI, Abdelmalek Droukdel (alias Abou Mossab Abdelwadoud), fait l’objet de multiples supputations.
« Le GSPC a commencé à faire parler de lui en 2003, lorsqu’il a enlevé 32 touristes européens : 17 avaient finalement été libérés en Algérie, 14 au Mali et l’un est mort. Comme je l’ai raconté dans Dark Sahara (2009) et dans Dying Sahara, cette opération, avait été conduite par le DRS, en association avec les services de renseignements américains. Elle a sans doute été le premier test de la politique de l’administration Bush mené par une unité baptisée Groupe pour les opérations proactives et préventives (GO2P). Une politique conçue pour « fabriquer » et/ou « provoquer » le terrorisme.
« Amari Saifi (porteur de douze pseudonymes, surnommé « Le Para »), qui a dirigé l’opération, était un agent du DRS. Le ravisseur de Pierre Camatte, Abdelhamed Abou Zaïd, était l’adjoint du « Para » et responsable, à ce titre, de la zone malienne. Il bénéficierait de l’aide de deux hommes : Yahia Djouadi (alias Abou Amar), un vétéran de l’opération de 2003 et Mokhtar ben Mokhtar, sorte de «freelance» du DRS. »
La présence d’AQMI au Mali est révélatrice à elle seule des liens entre AQMI et l’Algérie. En effet, jusqu’à récemment AQMI était présent dans la région de Tombouctou, dans les zones pétrolifères. L’objectif de leur présence était d’empêcher les explorations pétrolifères et d’autres ressources naturelles présentes dans l’Azawad. L’Algérie voit également d’un mauvais œil toute exploration car elle a en commun de nombreuses nappes pétrolifères avec l’Azawad, et une utilisation assècherait rapidement les siennes. Aussi, le no-man’s land qu’il avait instauré avait pour objectif d’écarter les visées géostratégiques de pays comme la France et les États-Unis qui souhaitent tous occuper la base militaire d’Amashash sous le contrôle du MNLA depuis le 10 mars.
Durant la manifestation de soutien à l’Azawad du 4 février à Paris, Masin Ferkal, représentant de Tamazgha a souligné une vérité claire et nette : AQMI n’agit qu’en Kabylie, et en territoires Touareg ! Ces deux peuples sont les seuls qui résistent toujours au diktat du gouvernement algérien qui à défaut de les arabiser veut les rendre docile. C’est dans ce même ordre d’idées que l’Algérie n’acceptera jamais un Azawad indépendant. Car un Azawad, libre, démocratique, et laïque donnera des idées aux Amazighs de l’Algérie, notamment les Touareg (Kal Tamasheq) et les Kabyles.
L’Azawad ayant déclaré son indépendance le 6 avril dernier, d’après discussions ont eu lieu entre le gouvernement algérien qui voulait envahir l’Azawad et le DRS qui était pour une méthode plus douce. Cette méthode douce du DRS c’est l’entrée en scène des islamistes d’AQMI et d’Ansar Adine pour miner le terrain. Et si jamais cette méthode échoue dans le futur, les services secrets algériens ont pris le soin d’avoir une excuse de taille : l’enlèvement de ces 7 diplomates algériens par AQMI. Si besoin de rappel il en est, il faut noter que tous ces 7 diplomates sont des agents de la DRS qui se retrouvent aux mains de leurs collègues de la DRS d’AQMI. L’Algérie pourra donc utiliser cela comme une excuse pour envahir l’Azawad si jamais ces Islamistes n’arrivent pas à faire le travail.
L’enlèvement des diplomates algériens le 5 avril à Gao entraîne un grand nombre de questions. La première question c’est pourquoi les diplomates algériens ont décidé de rester à Gao alors que le MNLA a demandé à tous les représentants diplomatiques étrangers de quitter Gao bien avant son assaut sur cette ville le 31 mars. Une fois libéré, et étant donné les risques quant à leur sécurité compréhensible dans un jeune État en construction, pourquoi n’ont-ils pas quitté Gao ? Dans la vidéo de l’enlèvement, entre les quatorze (14) et vingtième (20) secondes, on peut voir clairement le consul algérien, supposé déjà en otage d’AQMI, qui fait un signe des yeux au cameraman comme s’il lui disait «C’est OK maintenant, tu peux arrêter de filmer». Les images parlent d’elles-mêmes.
Dans une de nos prochaines édition, nous reviendrons sur les liens entre le gouvernement et Ansar Adine d’une part, et ensuite sur la prise d’otage d’Ansar Adine par AQMI dont l’objectif est de s’assurer qu’Ansar Adine nuit à l’indépendance de l’Azawad pour le compte de l’Algérie. En tout état de cause, il est important que l’ensemble de l’opinion Azawadienne et internationale prenne conscience du jeu macabre que joue l’Algérie dans le dossier de la décolonisation de l’Azawad.
Acherif Ag Intakwa
Toumast Press, 11 mai 2012