Thala : La condition inhumaine

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« Depuis des décennies, Thala vit avec la hantise des catastrophes occasionnées, une à deux fois par an, par les semi remorques qui entrent dans la ville en venant de Kasserine. L’avenue centrale, étroite et fortement pentue, est régulièrement le théâtre d’accidents mortels lorsque ces poids lourds, lourdement chargés, perdent leurs moyens de freinage. Le dernier de ces accidents est survenu le 6 avril 2012. Une rocade a bien été réalisée, il y a plusieurs décennies, mais sans aucun respect pour les règles de sécurité des poids lourds qui préfèrent tenter leur chance en traversant la ville plutôt que d’emprunter cette rocade de la mort. La vraie solution tarde à venir. Les habitants témoignent et crient leur ras-le-bol. Personne ne semble avoir perçu leur cri de rage. »

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Soufiane Nemri

« Soufiane Nemri : ses parents ont tout sacrifié pour qu’il fasse des études. Il a tout supporté pour entrer dans le club de ceux qui ont réussi, les difficultés naturelles, économiques et sociales. Las ! Le système lui fait savoir que la “dignité à travers le travail” est un luxe qu’il ne peut ambitionner d’atteindre. Le pays est, en effet, géré par les incompétents au profit des médiocres… »

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Karim

« J’ai rencontré Karim à Thala. Il m’a raconté que son rêve était de devenir quelqu’un. Utile, considéré et, accessoirement, capable de gagner honnêtement sa vie et de rendre à sa maman “défigurée” par des brûlures handicapantes, une partie des sacrifices consentis. Sa voie, il l’a cherchée dans les rangs de l’Armée en se présentant spontanément pour son service militaire, espérant que ce sera le démarrage d’une carrière. La réussite… Las, le rêve se brisa suite à un accident “de travail” qui s’avéra coûteux à assumer. Qu’à cela ne tienne, quelqu’un en qui il avait confiance lui refila un tuyau : fémissionner de l’armée pour être MIEUX soigné. En ce faisant le CANDIDE se trouve exclu des soins jusqu’alors prodigués gratuitement. L’espoir, le rêve et la certitude cèdent le pas à la frustration, la colère, la déception et l’amertume. Désormais il est seul avec sa maman qui attend un miracle. Aucune autonomie, pas de qualité de vie. L’argent manque terriblement pour se nourrir déjà. Pas d’argent non plus pour acheter les médicaments qui atténueront les douleurs chaque jour plus insupportables. L’hôpital de Ben Arous des grands brûlés leur a bien proposé une prise en charge. À la condition que la mère s’achète une « veste spéciale » qui coûterait 6 mille dinars. Karim affirme que ni lui, ni sa maman n’ont jamais cru qu’il pouvait exister autant de zéros. De là à les avoir entre les mains !!! »

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Hejir Rtibi

« Un père Alzheimer, un revenu de 100 d par mois pour toute la famille et une misère abjecte… Malgré ses problèmes personnels, Hejir Rtibi consacre beaucoup de temps à recenser les situations sociales difficiles. Hejir Rtibi fait tout pour aider les habitants de Thala, oubliés de tous, à faire connaitre leurs problèmes. »

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Zakia Rabaoui

« Un homme meurt écrasé par un bloc de pierre sur les lieux de son travail. Les responsables de l’entreprise, pour qui la vie humaine, tant qu’il ne s’agit pas de la leur, n’a aucune valeur, ne sont nullement inquiétés. Aucun mécanisme de protection du travailleur n’est activé. La mère de la victime ne sait plus à qui s’adresser tant les inerties sont inébranlables… »

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Tahar Ben Brahim Rtibi

« Tahar Ben Brahim Rtibi, vit en marge de la société, sort qu’il partage avec une grande partie des habitants de Thala. Mais Tahar Ben Branhim Rtibi vit, littéralement, depuis vingt ans, dans l’absurde. La STEG était venu, en 1992, installer, dans son modeste logis, un compteur électrique mais a omis de le relier au réseau. Depuis, le compteur est là pour le décor. Il est devenu l’unique objet d’ornement dans ce qui lui tient lieu de logement. Tahar Ben Brahim Rtibi, ne comprend pas, ne comprend plus… »

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