À partir du lundi 7 mai, la CAF d’Indre-et-Loire veut fermer ses portes à qui viendrait se présenter à ses guichets sans être passé-e par ses plates-formes téléphoniques ou internet. Qu’importe que l’on soit dans l’urgence, qu’on maîtrise l’informatique, l’écriture, la langue, le langage administratif, ou bien son emploi du temps, ou non. Qu’importe qu’on préfère tenter de s’expliquer en parlant à quelqu’un-e (fut-illle derrière un guichet bureaucratique) plutôt que de répondre à un robot qui pose des questions qui ne sont jamais les bonnes, en appuyant sur des touches.
Pour pouvoir vivre, nous sommes des millions en France à compenser nos revenus par des prestations sociales : minimas, aides pour les enfants, pour le logement (l’argent transite par les locataires mais est destiné à leurs propriétaires)… Des millions à être considéré-es par la CAF, Pôle Emploi, ou la Sécu, comme des fraudeur-ses en puissance, des mauvais-es pauvres à rééduquer, et à ce titre, contraint-es de nous soumettre à des contrôles, des humiliations, à l’arbitraire, pour conserver nos maigres allocations.
Au chômage, comme dans l’emploi, la culpabilisation, la peur de se faire radier ou virer, tend à neutraliser toute défense collective.
Des chômeur-ses jusqu’aux retraité-es nous sommes qualifié-es et traité-es comme des fainéant-es, des parasites. La vision dominante veut l’imposer : « l’économie c’est LA loi et le social c’est du vol ». C’est pourquoi nous serions toustes redevables par avance, destiné-es encore et toujours à « sauver le système ». Ceci quels que soient les « dirigeant-es » qu’on laisse siéger, toujours au détriment de tous. Or, nous n’allons pas dans le mur, nous y sommes déjà.
Si nous ne voulons pas crever, fissa ou à petit feu, dans les eaux glacées du calcul égoïste, si nous ne voulons pas être réduit-es à survivre dans le dénuement et la honte, l’isolement et le désarroi, nous avons à être tenaces et inventif-ves. Encore faut-il commencer, d’où que l’on soit. Faire en sorte de modifier cet environnement (matériel et mental) irrespirable, acquérir dans l’expérience, l’échange et la contestation les moyens de notre autonomie individuelle et collective.
La CAF qui prive ses usagers d’un accès direct, c’est un pas de plus dans le dédale infernal de la broyeuse administrative, et son bouquet garni d’isolement, de suspicion, de honte.
On nous veut isolés, dociles et corvéables,
Soyons solidaires, inventifs et désirants !
Faisons de la CAF un lieu ouvert le lundi 7 mai !
Dès 10h, partageons un petit-déjeuner.