F1 : manifestations au Bahreïn
Des affrontements ont opposé dans la nuit de hier à aujourd’hui manifestants et policiers dans des villages chiites de Bahreïn à la veille des essais du Grand prix de Formule 1, ont rapporté des témoins. Les heurts, parfois violents, se sont produits à la suite d’appels sur les réseaux sociaux à « trois jours de colère » coïncidant avec les trois jours de la course, lancés par un mouvement d’opposants baptisé les « Jeunes du 14 février ». Selon des témoins, des centaines de manifestants se sont rassemblés à l’entrée de villages chiites autour de Manama, criant des slogans hostiles au pouvoir. « Le peuple veut le chute du régime », ou encore « À bas Hamad », ont-ils crié en référence au roi Hamad ben Issa Al-Khalifa.
Les forces de l’ordre ont utilisé des bombes lacrymogènes et des bombes détonantes pour les disperser. Les manifestants ont répliqué par des jets de cocktails Molotov, selon ces mêmes témoins. « Le village de Sanabès (près de Manama) a connu les affrontements les plus violents », a indiqué l’un des témoins, Mohamed Jassem, assurant que la police a tiré avec des cartouches de chevrotine, blessant de nombreuses personnes. Sur les réseaux sociaux, les « Jeunes du 14 février », qui n’ont pas de lien organique avec le Wefaq, principal mouvement de l’opposition chiite qui a également appelé à une mobilisation à l’occasion de la course, ont posté des slogans hostiles au « Grand prix du sang ».
Les mesures de sécurité ont été particulièrement renforcées autour de cet évènement sportif dont la tenue en pleins troubles politiques a été critiquée par des organisations des droits de l’Homme. Hier, des centaines de Bahreïnis avaient déjà manifesté malgré l’arrestation de dizaines d’animateurs des protestations à titre préventif, avant le GP de Bahreïn prévu le 22 avril dont l’opposition chiite compte profiter pour faire entendre sa voix. Les autorités ont confirmé aujourd’hui avoir arrêté de nombreux meneurs des manifestations, sans préciser leur nombre. Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur a affirmé que les arrestations ont visé « des personnes responsables de violences et d’atteintes aux biens privés et publics ».
Bahreïn est la seule monarchie du Golfe où les chiites sont majoritaires. La répression du mouvement de contestation de février à mars 2011 avait fait 35 morts, dont cinq sous la torture, selon une commission d’enquête indépendante. Amnesty International parle de 60 morts depuis le début de la contestation, les manifestations anti-gouvernementales ayant repris en juin après la levée de l’état d’urgence, malgré la répression.
Leur presse (Agence Faut Payer, 19 avril 2012)
(…) Le Wefaq n’a jamais appelé clairement, comme les « Jeunes du 14 février », à annuler la course qui a été supprimée l’an dernier en raison de violentes manifestations. Pourtant, il n’a pas reçu l’autorisation d’organiser jeudi une manifestation dans le centre de Manama, selon le ministère de l’Intérieur.
« Le Grand Prix est perçu comme lié aux figures du régime et comme un évènement qui ne profite pas aux gens ordinaires », analyse l’opposant Nabil Rajab.
Il dit craindre une escalade de la violence avec la participation aux manifestations de groupes de jeunes qui ne sont pas encadrés politiquement et qui, pour défiler, ne demandent aucune autorisation aux autorités.
Les mesures de sécurité ont été renforcées autour de cet évènement sportif dont la tenue en pleine crise politique a été aussi critiquée par des organisations des droits de l’Homme internationales.
Les organisateurs ont accroché des milliers d’affiches proclamant : « Bahreïn, une seule nation (le GP) une seule célébration ».
Les opposants ont, eux, peint sur des murs : « Non à la Formule 1 du sang », ou « Nous demandons la liberté, non la Formule 1 » et « Nous sommes des humains sans droits ».
Mercredi, des centaines de Bahreïnis avaient déjà manifesté malgré l’arrestation de dizaines d’animateurs des protestations à titre préventif.
Les autorités ont confirmé l’arrestation de ces meneurs de manifestations, accusés d’être « responsables de violences et d’atteintes aux biens privés et publics ».
En rentrant du circuit mercredi soir, des mécaniciens de l’écurie indienne Force India ont été pris dans un affrontement. Un cocktail Molotov a explosé devant leur voiture mais aucun des occupants n’a été blessé. (…)
Leur presse (Agence Faut Payer, 19 avril 2012)
Bahreïn : les manifestantes veulent annuler le Grand Prix de F1
Voilées et toutes de noir vêtues, elles ont manifesté mercredi à l’entrée même du souk de Manama, la capitale du Bahreïn. Selon le journal L’Équipe, une première centaine de protestataires, pour la plus part des femmes, s’est massée devant une rangée impressionnante de policiers casqués, armés, boucliers en main, en criant « À bas le gouvernement », « Nous voulons la liberté ».
« Non à la Formule 1 du sang » scandent les femmes
Ces femmes courage demandent l’annulation du Grand Prix de Formule 1, accusé de contribuer à promouvoir le régime. Toutefois, à la veille des essais ce week-end, elles ont profité de la présence des journalistes du paddock, dans ce petit état du Golfe Persique, voisin de l’Arabie Saoudite, pour se faire entendre. Parmi leurs revendications ? La libération d’Abdulhahi al-Khawaja, un opposant au gouvernement actuellement en prison.
Mais sur cette place symbolique de la capitale, la tension est montée et la police a chargé les manifestants. Pour disperser la foule, une grenade assourdissante a explosé, rapidement nettoyée pour échapper à l’objectif des photographes.
Par ailleurs dans des villages chiites de Bahreïn, des affrontements ont aussi opposé dans la nuit de mercredi à jeudi manifestants et policiers. Ces heurts violents contre la répression du régime font suite aux appels à « trois jours de colère » (qui coïncident avec les trois jours de course), lancés sur les réseaux sociaux par le mouvement des « Jeunes du 14 février ».
Des femmes mobilisées contre la répression
Déjà mobilisées lors des manifestations contre le régime de l’automne dernier, les femmes jouent un rôle essentiel dans la mobilisation. Comme lors des contestations populaires du Printemps Arabe, elles paradent en tête des cortèges du Bahreïn, malgré les menaces de la police et les interdictions qui les frappent dans ce royaume musulman.
Le prince héritier de Bahreïn, Salmane ben Hamad Al-Khalifa, avait appelé lundi les opposants à ne pas instrumentaliser le Grand prix, annulé la saison dernière en raison des manifestations. (…)
Leur presse (LeParisien.fr, 19 avril 2012)