Rome : heurts entre centurions et police
Les touristes ont assisté aujourd’hui à une scène insolite devant le Colisée à Rome : des centurions romains, avec tunique, cuirasse, glaive et casque à crête, affrontant des policiers municipaux. La police est intervenue devant l’antique amphithéâtre flavien pour faire appliquer un décret municipal interdisant aux modernes « centurions », jugés plutôt envahissants, tradition oblige, de se faire photographier avec les touristes en échange de quelques billets.
Dans l’Italie de la crise et de l’austérité, le ministère de la Culture juge intolérable l’attitude de ces légionnaires, accusés de travailler au noir, de harceler et arnaquer les touristes en pratiquant des prix scandaleusement élevés. En outre, ils porteraient préjudice à l’image de la glorieuse armée romaine, dont les légions ont étendu la puissance de l' »Urbs » jusqu’en Afrique et en Asie, en gardant de prosaïques « jeans » sous leur tunique rouge ou en se chaussant de vulgaires baskets au lieu des légendaires sandales de cuir (« caligae »).
Le combat a commencé quand des policiers municipaux en uniforme sont intervenus pour interpeller deux centurions postés sous une arcade du premier étage du Colisée. « À moi la légion ! », ont dû crier les deux hommes, auxquels une vingtaine de frères d’armes sont aussitôt venus prêter main forte. L’échauffourée a fait un blessé léger dans les troupes romaines. « C’est fou : tout d’un coup les policiers sont venus nous frapper. Ça fait dix-sept ans que je fais ce métier pour nourrir ma femme et mes enfants et aujourd’hui on veut nous chasser », a raconté l’un des centurions.
La plupart des touristes présents ont pris le parti des folkloriques légionnaires. « Fichez-leur la paix ! Nous sommes tous des centurions », a crié un groupe de touristes italiens aux policiers. Le maire de la Ville éternelle, Gianni Alemanno, membre du Peuple de la Liberté, le parti de Silvio Berlusconi, ne veut rien entendre : « Dura lex, sed lex », « la loi est dure mais c’est la loi », a-t-il argumenté, impérial, alors que l’Italie de Mario Monti s’est engagée à lutter contre le travail au noir et les passe-droits.
Leur presse (Agence Faut Payer, 12 avril 2012)
En réalité, la mafia c’est tous les attrapes-touristes qui tournent autour des monuments à Rome : lutte pour la possession d’aires touristiques (les centurions n’ont pas le droit d’aller au Château-Saint-Ange sous peine de s’y faire tabasser par les occupants, qui eux-même n’ont pas trop intérêt à se montrer au Colisée), harcèlement des touristes, monopole des buvettes et échoppes mobiles à une seule famille…
Donc Etat mafieux contre mafia tout court… laissons-les s’entretuer ?