[Vive l’Azawad libre !] « Nous sommes prêts à affronter les forces de la CEDEAO… Il n’est pas question de revenir en arrière »

UNE SEMAINE DANS L’AZAWAD – N° 10 – 11/04/2012 – MNLA
L’INDÉPENDANCE DE L’AZAWAD ET L’ENJEU SAHÉLO-SAHARIEN

Dans l’esprit des Azawadis, la Communauté sera celle de l’État libre et égalitaire ou ne le sera pas, suite à la déclaration de l’Indépendance depuis la ville de Gao. Mais ils apprendront, qu’une phase est entamée, celle de se faire aimer à travers le monde. Les échos, seront la suite relevant de l’histoire de la décolonisation de l’Afrique. Malgré [tout], la conscience collective se prononce en faveur du non au rattachement au Mali. Cela reste la suite logique de la lettre de 1958, adressée au général De Gaulle, avant la balkanisation de l’Afrique et le tracé des frontières.

1. Événements

Le peuple de l’Azawad, rejette en bloc l’union sous la république malienne, et le MNLA par la voix de son Secrétaire Général, Bilal Ag Achérif, depuis Gao, via la chaîne qatarie Aljazera au 6 avril 2012, [a] pris la parole, pour arracher l’indépendance en ces termes : « NOUS, PEUPLE DE L’AZAWAD… proclamons irrévocablement, l’ÉTAT INDÉPENDANT DE l’AZAWAD à compter de ce jour vendredi 6 avril 2012. DÉCLARONS : La reconnaissance des frontières en vigueur avec les états limitrophes et leur inviolabilité ; l’adhésion totale à la charte des Nations Unies ; l’engagement ferme du MNLA à créer les conditions de paix durable, à initier les fondements institutionnels de l’État basés sur une Constitution démocratique de l’Azawad indépendant… » La communauté internationale [a] reçu ce discours, en bloc, à l’allure de slogans, comme une sagaie dans le cœur au point que la réplique de rejet de la communauté des États fut en bloc. Les Azawadis, via le MNLA, rappellent ainsi, qu’ils assument leurs responsabilités face à plus de 50 ans d’ingérence malienne.

Des États en éprouvent bien des tourments, et demandent au retour à l’intégrité du Mali. Au plan international des soutiens se firent entendre de la part des associations et organisations non gouvernementales, et du Gouvernement provisoire kabyle, composante Amazighs à travers le monde à une reconnaissance totale de la république de l’Azawad et la légitimité du combat. De la déclaration, les populations attendirent les raisons d’espérer. La nécessité était impérieuse de sortir l’Azawad de l’impasse où l’avaient placé les héritiers. Les défis et les enjeux formaient un tout homogène : rationaliser le double héritage chaotique de 50 années de règne malien, entre autres les réseaux mafieux et les doubles agents de certains clans. Le rétablissement de l’ordre et d’une citoyenneté azawadies, étaient du nombre des actions idoines à mener.

2. Faits

La libération de Gao et de Tinbouctou : Le préalable brûlant était l’introduction, d’Ançar-dine et de filiales d’AQMI dans la danse à la première heure. Ces organisations s’adonnèrent à une campagne médiatique, via certaines agences de presse et de communication. Cela se traduit, par des affinités, longtemps non dévoilées qui éclatèrent au grand jour, pour transformer le rêve Azawadis, en un cauchemar inédit. Ce jeu se déroule entre des anciens protagonistes et alliés de l’arène politique.

Tinbouctou ou la Trilogie des Gangs !

Les anciens amis, de l’arène politique et des milices locales ont décidé de faire leur mise en scène dans la ville de Gao et de Tinbouctou « la mystérieuse ». Comme auparavant, devant suivre la même logique que Kidal, Gao et Tinbouctou furent le théâtre des combines, complicités et plans contrés, avec les premières images filmées par Aljazera de l’enlèvement du consul algérien à Gao. Tinbouctou, reste la seule ville, ayant essuyé moins de tirs, moins de combats, et dont l’armée s’est retirée, sans perte, ni dégâts. Cette prise révéla, les combines au plus haut niveau, entretenues par des élites, au sein d’organisations peu crédibles.

L’organisation Ançar-dine et ses alliés, profiteront de cette aubaine pour s’afficher à la face du monde, via des médias, prédisposés à faire le relais, et déjà au parfum des stratégies et compromis. La ville est ainsi assiégée par ses propres anciens gardiens, qui se ravitaillèrent en munitions et équipements hérités de l’armée malienne, et organisèrent des cérémonies de défilés dans des rues de Tinbouctou, face à une population pétrifiée et impressionnée. Un combat de repositionnement éclata, avec la naissance du Front National de Libération de l’Azawad, se réclamant héritier des rébellions des années 1990, mais abandonnant cette fois-ci le « I = islamique » de l’ancienne formule FIAA (Front Islamique Arabe de l’Azawad), puisque le concept islamique est moins séducteur et commercialisable. Ce mouvement se déclare « avoir nos propres intérêts à défendre, le retour à la paix et l’activité économique. »

Incompatibilité des « Ançar-dine » : Iyad Ag Ghaly et Chérif Ousmane Haidara

L’organisation islamiste, qui s’activa à Tinbouctou, pour instaurer la charia, jusqu’à Kayes au Sud-Ouest du Mali, s’arrêta comme si l’Azawad représentait Kayes et Kolondiéba, dans leur calendrier annoncé. À Tinbouctou le concept de Charia, ne trouva d’adepte nulle part. Au Mali, Ançar-dine présidé par le Chérif Ousmane Haïdara, rejeta en bloc les idéaux prônés par Ançar-dine d’Iyad Ag Ghali, et les populations locales s’en méfièrent.

Les exactions commises, dépassaient souvent l’entendement. Des femmes violées, jamais connu sous aucune révolution dans l’Azawad et dont seul Gao et Tinbouctou, ont fait l’objet selon les médias, comme s’il y avait une guerre propre. Toutes ces dérives, sans preuve pour le moment (viols surtout), n’entameront pas la résistance du MNLA, et feront oublier aux restes des Azawadis, des leurs égorgés à séparés et déportés à Bamako sans nouvelles, et les milliers de prisonniers de guerre liquidés sans suite.

Mali

Au Mali, la junte militaire, institua un président de la transition, dépourvu d’atouts consensuels pour un mandat de 41 jours. Le Mali n’est pas encore sorti de l’auberge, car des revirements menacent, sans le savoir le pays en devenir. La classe politique malienne et les leaders d’opinions, se croisent tous, pour avoir comme seul argument, la déclaration d’indépendance de l’Azawad, et imposent pour slogan, la guerre à la république de l’Azawad et aux Azawadis, via le soutien attendu de la CEDEAO appuyée par la France.

Concomitamment les politiques attiseront la haine. Lors d’une déclaration de la COREN (Collectif des Ressortissants du Nord-Mali) au Centre international de conférences de Bamako, les politiques accuseront les résistants de l’Azawad, comme violeurs, criminels, voleurs… Oubliant que ses ressortissants de l’Azawad, ont été et ont fait l’objet de ces mêmes actes avec preuve, sans aucune déclaration. L’orateur acheva son allocution en rappelant les motivations de la guerre contre les Azawadis. L’intervention de la foule prit la forme de vulgaires causeries des quartiers.

Déjà pendant la folie et la haine des années 1990, des centaines de victimes assassinées publiquement, des villages rayés de la carte de l’Azawad, n’ont eu droit à aucune reconnaissance de ces leaders politiques, qui n’hésitent à aucun instant de rappeler l’Unité de la Nation, l’indivisibilité de territoire… du fait de la vindicte populaire à Kati contre des Azawadis. Les chefs d’État ouest-africains, étaient dans l’expectative, en attendant de voir pour comprendre la nouvelle direction qu’allaient imprimer les événements.

La mise en garde contre l’invasion militaire dans l’Azawad

La junte malienne, entame le renforcement de sa mainmise, pour pérenniser un régime qu’elle ne compte pas abandonner. Comme par le passé, le racisme a gangrené l’administration malienne, qui s’en sert comme principe de fonctionnement. Cet élément avait déjà servi de prétexte à l’équipement des milices d’autodéfense de Noirs-contre-Blancs. La paix semble désirée des peuples les moins nantis, au bord du gouffre, faute de moyen financier, et d’un perpétuel cycle de recommencement, mais personne ne se donne l’impression d’y croire à écouter les deux camps.

Le message du MNLA, à travers la voix du président du Conseil Révolutionnaire Abdoul-Karim : « Nous ferons face, que ce soit des salafistes, que ce soit de la Cédéao, que ce soit n’importe qui… » Cet écho retentira à travers le monde culturel berbérophone, qui déjà profère des menaces en cas d’invasion militaire de la CEDEAO, qui ne s’explique pas et renvoie aux schémas classiques du racisme, tant combattu au 21e siècle.

Tous les spécialistes des questions sahélo-sahariennes, ne cachent point le retour aux démons de l’exclusion. Pour l’avenir du peuple de l’Azawad, qu’il retrouve sa terre, et pour les bases fondamentales de la démocratie, de la stabilité de l’Afrique de l’Ouest, l’intervention militaire sera délicate et les conséquences non maîtrisables. Le président ivoirien, Son Excellence Alassane Dramane Ouattara, brandissant cette menace, est conscient que les combattants du MNLA, ne resteraient pas les bras croisés, et plongera toute la région dans un chaos, face à des pays, qui font presque chacun, face à des crises identitaires ou religieuses.

La junte malienne préoccupée par sa légitimation, et face à sa défaite dans l’Azawad, laisse aux politiques tout le loisir de s’époumoner pour une campagne présidentielle, incertaine dans le temps et dans l’espace. Le MNLA a décidé unilatéralement de mettre fin aux combats, vu la reconquête de sa carte politique et militaire. Allons-nous assister, à une autre guerre sans nom, et à retentissement variable.

Crise alimentaire au Sahel

L’association humanitaire Oxfam France appelle aux dons ce mardi 10 avril pour venir en aide aux 16 millions de personnes gravement menacées par une crise alimentaire au Sahel… Par ailleurs, depuis janvier, 200.000 personnes déplacées et réfugiées dans les pays voisins ont un besoin urgent d’eau, de nourriture et d’abris.

2. Hommes

Point de vue MNLA

Bilal Ag Achérif, Secrétaire Général du MNLA : «… Considérant, la libération complète du territoire de l’Azawad ; proclamons irrévocablement, L’ÉTAT INDÉPENDANT de l’Azawad à compter de ce jour vendredi 6 avril 2012… » ;

Abdoul Karim Ag Matafa, Président du Conseil Révolutionnaire du MNLA : « Nous sommes très contents d’avoir un interlocuteur légitime pour discuter… sur la base de l’indépendance de l’Azawad… nous aussi nous allons mettre en place un gouvernement dans les jours à venir, et essayer de maintenir l’intégrité de l’Azawad, par la force ou par le dialogue. Nous sommes prêts à affronter les forces de la CEDEAO… Il n’est pas question de revenir en arrière sur la déclaration d’indépendance de l’Azawad. » ;

Bekaye Ag Hamed Ahmed, Chargé de Communication, Informations et Relais avec les Médias : « On condamne l’enlèvement de diplomates algériens à Gao et tous les actes de vandalisme et d’agressions contre les populations civiles dans les villes libérées. On se désolidarise de toutes les organisations mafieuses s’étant introduite ces jours-ci dans l’Azawad, contribuant à instaurer un climat de chaos et de désordre, après la libération du territoire. » ;

Commandant Aïssa Ag Akli-Chef de la sécurité à Achebrache : « Le Mali compte 25’000 soldats qui ne nous ont pas fait peur. Nous avons conquis les trois importantes villes du Nord. Donc, personne ne nous fera peur, pas même l’armée de la Cédéao. Notre décision est prise, nous ne ferons pas marche arrière. Nous avons déjà proposé des alternatives à l’issue des anciennes rébellions mais aucune d’elles n’a été concrétisée. Aujourd’hui, c’est la guerre qui a tranché la question du territoire. ».

Point de vue Mali

Amadou Sanogo, Chef de la Junte : « Nous avons hérité d’une « pourriture »… je promets au peuple malien et à l’opinion internationale que je ne ménagerai aucun effort pour refaire cette armée et pour reconquérir les (territoires) perdus… je veux tout de suite (une aide militaire internationale extérieure) mais à mes conditions… nous avons assez de troupes au sol mais j’ai besoin d’appuis logistiques, d’appuis aériens… » ;

Mohamed Mahmoud El-Oumrany, doyen des chefs de la communauté arabe du Nord du Mali : « Les trafiquants de drogue sont dans une alliance avec Al-Qaïda à Tombouctou, à Gao et à Kidal » ;

Abdou Abdoulaye Sidibé : « Nous les élus du Nord, on avait déjà commencé un travail. Si l’État nous avait accompagnés… si la CEDEAO nous accompagne, je pense que nous pouvons faire revenir tout le monde à la table des négociations et à la raison. » ;

Soumaïla Cissé, Président de l’URD (Union pour la République et la démocratie) : « Les défis que nous avons nécessitent des actions urgentes » ;

Oumar Mariko-vice-président de l’Assemblée malienne : « Nous ne pouvons pas envisager une transition en dessous de 14 mois » ;

Colonel Gamou à la reconquête du Nord du Mali : « Aujourd’hui, je lance un appel solennel à tous les Maliens ! À tous les Nordistes en particulier, de se donner la main, d’avoir le courage, d’avoir le moral, pour reconstruire en chœur le Mali et le Nord. »

Assarid Ag Imbarkaouane-Député : « Récemment, moi je l’ai expliqué, sur tous les cieux ! Et j’ai dit, il y a de cela un an, que la démocratie malienne est en danger, qu’il y aura la partition du Mali, si on n’y fait pas attention ! Et qu’il y a un danger qui menace le Mali, qui menace tous les pays de la bande sahélo-saharienne » ;

Discours de démission d’Amadou Toumani Touré : « Il faut que le Mali reste dans les dispositions de sa constitution… » ;

Me Melainine Ould Badi, Secrétaire Général du Front Islamique Arabe de l’Azawad : « Le MNLA n’a pas qualité pour parler au nom de la population… arabe à Tombouctou, à Gao… Nous ne cherchons pas la partition… Le MNLA, qui a une hyper présence sur le plan médiatique, sur le terrain, n’occupe pas la réalité du terrain… dorénavant nous n’avons plus l’intention d’accepter cette situation de fait accompli… » ;

Point de vue de l’extérieur

Adama Bictogo, ministre ivoirien de l’Intégration africaine : « Le président en exercice de la Cédéao décide la levée immédiate des sanctions contre le Mali… » ;

Mohammed Bazoume ministre des Affaires étrangères du Niger : « On doit travailler à changer le rapport de force sur le terrain avant de parler de négociation » ;

Alain Juppé ministre français des Affaires étrangères-France : « La France est prête à assurer la logistique de la force de la Cédéao » au Mali.

Soutien à l’Azawad

Fathi Nkhlifa, Président du Congrès Mondial Amazigh : « Le Congrès Mondial Amazigh, ONG internationale de défense des droits du peuple Amazigh (Berbère), met en garde l’État français contre toute intervention intempestive dans ce conflit. Celle-ci aurait pour seuls effets, d’aggraver l’animosité et les tensions entre le Sud et le Nord du Mali. Le moindre coup de force étranger précipiterait le pays dans le chaos pour longtemps. » ;

Ferhat Mehenni, Président du GPK (Gouvernement provisoire kabyle) reconnaît l’indépendance de l’Azawad : « L’Anavad et le peuple kabyle qui ont soutenu depuis le début la lutte du MNLA pour l’indépendance de l’Azawad se félicitent de cette heureuse issue. C’est un jour historique pour les nations du monde qui voient se joindre à elles un nouveau pays qui a arraché de haute lutte son droit à une reconnaissance pleine et entière de son identité, de sa liberté et de sa souveraineté » ;

Assemblée Mondiale Amazighe : « … En définitive, l’AMA appelle la communauté internationale à reconnaître le nouvel État indépendant de la République de l’Azawad et à œuvrer pour qu’il siège au sein de l’ONU et des institutions spécialisées du système des Nations Unies comme membre à part entière. L’AMA appelle aussi à la mobilisation active de tous les militants et militantes amazighs afin d’agir afin de gagner la guerre de la diplomatie et de la communication qu’il nous faut entreprendre en faveur de la reconnaissance par les États de ce nouvel État africano-amazigh comme cela a été le cas sur notre continent de l’Érythrée et du Sud Soudan… » ;

L’Association Culturelle Berbère d’Italie : « … fait appel au gouvernement italien, à l’Union européenne et à la communauté internationale afin qu’ils soutiennent les droits légitimes des populations de l’Azawad, reconnaissent l’État indépendant de l’Azawad et établissent des contacts pacifiques et de coopération avec elle, car seulement un État véritablement démocratique et responsable envers ses citoyens sera en mesure de vaincre le fanatisme, le terrorisme et les trafics illicites en Afrique saharienne; à tous les organismes et les individus de bonne volonté afin qu’eux aussi expriment leur solidarité avec l’Azawad et luttent pour la reconnaissance internationale de son indépendance… ».

Pour le MNLA
Khoumeidy Ag Acharatmane

Communiqué du MNLA, 11 avril 2012

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