Tunis : affrontements devant le ministère des Droits de l’Homme, plusieurs blessés
Plusieurs personnes ont été blessées mardi dans des affrontements entre policiers et manifestants qui réclamaient une meilleure prise en charge des blessés de la révolution devant le ministère des Droits de l’Homme à Tunis, a-t-on appris de sources concordantes.
Selon le ministère, les policiers sont intervenus lorsqu’une quarantaine de manifestants, dont des militants de deux petits partis politiques, ont tenté de forcer les portes du ministère.
Il y a eu des jets de pierre d’un côté et des coups de matraque de l’autre, a indiqué à l’AFP le porte-parole du ministère, faisant état de quatre policiers blessés.
Les manifestants ont été agressés, tabassés par les policiers, je suis scandalisée, a déclaré pour sa part à l’AFP l’avocate et militante des droits de l’Homme Radhia Nasraoui, accourue aux urgences de l’hôpital où sont venus se faire soigner des blessés.
Ce sont les familles des victimes de la révolution qui manifestaient, il y avait des femmes et des enfants, s’est indigné le blogueur Zakaria Bouguerra, présent sur les lieux.
Le dossier des martyrs et des blessés de la révolution reste très sensible en Tunisie. Les familles se plaignent de la lenteur du traitement administratif et judiciaire des dossiers. Le gouvernement de son côté veut disposer d’une liste complète et définitive des victimes, assurant que des cas de blessés fictifs ont été rajoutés et que de faux blessés ont touché des indemnisations.
Une commission spéciale à l’Assemblée nationale constituante a été chargée de dresser cette liste.
La semaine dernière, un sit-in devant le ministère des droits de l’Homme avait été violemment dispersé. Le ministre des Droits de l’Homme Samir Dilou avait accusé certains partis de manipuler les familles et d’instrumentaliser ce dossier.
Nous comprenons l’impatience des familles, mais ce genre d’incident ne fait que retarder les choses, a déclaré le porte-parole du ministère Chakib Darwich.
Nous travaillons dur sur le sujet, a-t-il déclaré, soulignant qu’un premier groupe de sept blessés allaient prochainement partir pour des soins au Qatar et qu’une unité spéciale était en cours d’installation dans un hôpital de la Manouba, près de Tunis.
Selon un décompte de l’ONU, 300 Tunisiens ont été tués et 700 blessés durant le soulèvement déclenché le 17 décembre 2010 et ayant abouti le 14 janvier suivant à la fuite du président Zine El Abidine Ben Ali en Arabie saoudite.
Leur presse (Agence Faut Payer, 3 avril 2012)