« Il y a un an, Bachar (al-Assad) était comme un père pour nous », explique Hediye Fada, 10 ans, dans une école installée au camp de réfugiés de Yayladagi, près de la frontière syrienne. « Mais maintenant, il torture et tue, à Hama, à Homs, à Idleb », ajoute la fillette blonde.
Marqués par les violences qui agitent leur pays, les enfants des réfugiés syriens s’efforcent de retrouver un semblant de vie normale, dans les camps disséminés en Turquie, le long de la frontière.
Avec leurs parents, nombre d’entre eux sont arrivés ici après des jours et des jours d’une dangereuse fuite à travers la montagne, tentant d’échapper aux forces du régime du président Bachar al-Assad.
Installé dans une ancienne usine à tabac, le camp de Yayladagi, à cinq kilomètres de la frontière syrienne, accueille quelque 2.500 réfugiés.
Environ 300 enfants y sont scolarisés depuis septembre dernier, sous la houlette de dix enseignants, qui dispensent des cours de maths, science, langue turque et informatique.
Même s’ils sont ici en sécurité, les enfants ne sont pas indifférents à la tragédie qui se poursuit dans leur pays. Lorsqu’on leur parle de la Syrie, ils répondent bombardements et torture.
« Bachar tue les enfants », dit Mahan Kashif, 10 ans.
« La Syrie me manque, mais je ne veux pas y retourner, il y a la guerre », ajoute-t-il.
La répression des manifestants contre le régime, et les combats entre déserteurs et armée régulière, qui a fait plus de 9.O00 morts depuis un an, selon les estimations des défenseurs des droits de l’Homme, ont aussi fait fuir 17.000 Syriens en Turquie. La plupart sont des femmes et des enfants.
Dans la salle informatique, Sehed Saban, 10 ans, dessine une enfant triste, sur son écran.
« Cette enfant est comme moi », dit-elle. « J’ai fui pour un autre pays. Je suis en sécurité, mais à la télé, on voit des enfants qui sont tués en Syrie », dit-elle.
Les instituteurs, qui parlent tous l’arabe, font de leur mieux pour panser les plaies psychologiques.
« Le fait d’être déplacé peut être très dur pour les enfants, spécialement quand il y a un conflit armé », explique une institutrice de maternelle, Ozge Dogruel.
« Certains nous racontent ce qu’ils ont enduré chez eux, mais nous ne les forçons pas, pour ne pas les heurter », dit-elle.
« Quand c’est nécessaire, nous demandons l’aide de psychologues. »
Les enseignants expliquent aussi qu’il est difficile de capter l’attention des enfants, lorsqu’ils viennent d’arriver.
« Ils se sont opposés à ce qui représentait l’autorité, dans leur pays, alors ils s’opposent à nous », raconte Filiz Kaplan, qui enseigne le turc.
Les gamins sont pour la plupart enthousiastes à l’égard de leur pays d’accueil. Dans le camp de Yayladagi, ils ont peint des drapeaux turcs et syriens, côte à côte, sur les murs d’une classe, et ont écrit : « Turkiye seni seviyorum » (Turquie, je t’aime).
Dans un autre camp, au village de Boynuyogun, à 500 mètres de la frontière, les enfants suivent des cours de lecture du Coran pendant les week-ends, après un enseignement général pendant la semaine.
« Ils n’arrivent pas à oublier ce qu’ils ont vécu en Syrie », raconte Sabriya Muhammed, qui enseigne le Coran. « Et ils gardent toujours dans un coin de leur tête le rêve de rentrer à la maison ».
Leur presse (Courrier international, 27 mars 2012)
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