(« Si tu veux la paix prépares la guerre. »)
Depuis 2007, la maison des rosiers (Vigneux) est occupée par des individus en lutte contre le projet d’aéroport. Le voisin, Serge Durand, est un des alliés historique des keufs sur la ZAD (leur fait la bise comme le 20 mars, ouvre son champ pour les forages…) et participe activement à l’avancée du projet en abattant arbres et haies. Le Serge, obligé de passer deux fois par jour aux rosiers, n’a jamais supporté la présence de squatteurs. Durant toutes ces années les occupantes ont essuyé coups de pression et pétages de plomb successifs (harcèlement de copines, électrocution avec la clôture, menaces de « sortir son fusil »…)
Hier 21 mars, c’est en fonçant sur un pote avec son tracteur qu’il a franchi une nouvelle limite. S’en est suivi une discussion animée au cours de laquelle il aurait pris un coup, de source policière. Si c’était le cas nous ne pleurerions pas sur son sort. L’histoire pourrait s’arrêter là. Le fait est que le Serge qui a le dépôt de plainte facile a fait une fois de plus appel aux condés. Trop contents de mettre leurs sales pattes partout, juste avant la manif’ de samedi, sont arrivés en masse le 22 (et avec une masse) arrêter un camarade inculpé depuis pour « violence avec usage ou menace d’une arme » (Interruption temporaire de travail de 6 jours), en espèce un « jet de porte de clapier » (???), refus de signalétique et prélèvement adn. Il est convoqué au TGI de Nantes le 21 juin 2012.
Nous ne demandons pas plus de justice, ou une justice plus juste. Même si le seul rôle de la justice et des keufs était de nous protéger, et non le maintien de ce système dégueulasse, nous ne porterions pas plainte. Nous refusons de confier à qui que ce soit la gestion de nos conflits, et de recourir à la justice qui nous dépossède des multiples moyens de les résoudre. Selon notre éthique, et les spécificités de chaque situation, et non en fonction de critères extérieurs (la légalité, la violence ou une quelconque morale)… Il paraît que ça fait de nous des extrémistes violents, mais ce sont toujours les mêmes qui définissent ce qui est violent et qui exercent la seule violence légitime, la « non-violence » démocratique pour maintenir sous pression permanente la partie insatisfaite de la population. En contrôlant pour des papiers, en expulsant pour des thunes, en mutilant pour le plaisir, en tuant de temps en temps.
Cette violence-là, celle de trois compagnies de keufs venues enlever un camarade en défonçant la porte et braquant leurs flingues sur tout ce qui bouge, le petit Serge en profite. Quoi de plus pratique que cette menace répressive et l’alliance avec les médias crapuleux pour se poser en victime tout en faisant monter la pression, et continuer à pourrir les rapports contraints de voisinage, harceler les meufs, dealer avec VINCI, nous mettre en danger physique ? Le fait est que nous n’accepterons pas ces violences-là, celle de l’État et de ses alliés volontaires, pour nous-mêmes ou nos proches. Nous n ‘accepterons pas le fait d’être humiliées, harcelées, menacés, attaqués, sans broncher. Ce conflit n’appartient plus aux seuls individus concernés, tant il oppose des visions du monde.
Ni cohabitation infernale ni expulsions,
Face à tous les Serge Durand de ce monde,
La solidarité est une arme.
Indymedia Nantes, 27 mars 2012.