New Delhi : un exilé tibétain s’immole par le feu en pleine manifestation
En pleine manifestation contre la prochaine venue du président chinois Hu Jintao dans la capitale indienne, Janphel Yeshi, un exilé tibétain, s’est transformé en torche humaine sous les yeux des autres manifestants.
Un exilé tibétain s’est immolé par le feu à New Delhi. Le drame s’est déroulé lundi lors d’une manifestation contre la venue en Inde du président chinois Hu Jintao. Ce dernier doit en effet venir dans la capitale fédérale indienne cette semaine pour assister jeudi à un sommet des pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud).
Le Tibétain de 27 ans, identifié sous le nom de Janphel Yeshi, s’est immolé à Jantar Matar, un site souvent choisi pour les manifestations car situé en plein centre de la capitale. Il s’agit du deuxième cas d’immolation à New Delhi, où vivent des milliers de Tibétains en exil. En novembre 2011, un homme avait déjà tenté de s’immoler devant l’ambassade de Chine.
Une torche humaine
Janphel Yeshi, vêtu d’un gilet et d’un pantalon sombre, s’est transformé en torche humaine avant de se mettre à courir dans la rue, tandis que de la fumée noire s’échappait de ses cheveux, ont rapporté des témoins. « Ce type s’est soudain mis à courir. Il s’était embrasé », a témoigné un homme d’affaires tibétain basé à New Delhi. « Il est ensuite tombé. Nous étions tous choqués. L’un de nous a jeté un manteau sur lui pour tenter d’arrêter les flammes et puis la police l’a emmené à l’hôpital. Il était grièvement brûlé », a-t-il ajouté.
R.K. Doshi, un médecin urgentiste de l’hôpital Ram Manohar Lohia, a déclaré plus tard que son équipe luttait pour le maintenir en vie, mais « son état est très critique. Ses chances de survie sont réduites », a-t-il ajouté.
« Je l’avais vu lors de précédentes manifestations. Nous sommes contre la domination chinoise au Tibet, contre l’absence de droits de l’homme et la liberté religieuse », a énuméré l’homme d’affaires tibétain présent au moment de l’immolation. Des militants tibétains ont décrit Janphel Yeshi, qui a fui son pays en 2005, comme un homme sans emploi qui avait prévu de manifester depuis plusieurs jours et qui était arrivé sur le lieu de la manifestation en dissimulant une bouteille d’essence avec laquelle il s’est ensuite arrosé. « Il avait un projet et il était prêt mais il ne l’a révélé à aucun de nous », a confié l’un de ses amis, Palden Dakpa.
« Le Tibet n’est pas votre pays »
Plusieurs centaines de manifestants tibétains étaient rassemblés lundi près du parlement, prenant à parti des forces de l’ordre. « Nous voulons que les autres pays des Brics sachent pourquoi tant de gens meurent au Tibet », a lancé Tenzin Namgyal, 27 ans. « Nous voulons dire à la Chine : Le Tibet n’est pas votre pays, partez. »
Dicki Chhoyang, secrétaire en charge de l’Information du gouvernement tibétain en exil, basé à Dharamsala (nord), s’est dit « extrêmement attristé » par cette nouvelle immolation. De nombreux Tibétains se plaignent de la répression de leur religion et de leur culture et de ce qu’ils considèrent comme une domination grandissante des Han, ethnie fortement majoritaire en Chine. Près de 30 Tibétains, en majorité des moines bouddhistes, se sont immolés ou ont tenté de le faire depuis début mars 2011 dans les zones tibétaines chinoises.
leur presse (LExpress.fr, 26 mars 2012)