COLLECTIF LIBERTAIRE MARIUS JACOB
À l’attention de Monsieur le rédacteur en chef du journal SUD-OUEST
Périgueux, le 25 mars 2012
Caroline Campagne a commis dans Sud-Ouest dimanche du 25 mars 2012 un article prétendant rendre compte des manifestations du samedi 24 mars à Bordeaux s’opposant à la marche des intégristes catholiques contre l’IVG.
Passons sur le titre de l’article. Quel débat pourrait-il exister autour d’une loi de la république datant de janvier 1975 ? Vous ne manquerez pas de remarquer que des anarchistes faisant référence à la loi relève du paradoxe. De la même manière une femme, journaliste, ou plutôt une collaboratrice de la presse, écrivant les lignes que nous dénonçons paraît inconcevable.
Quelques compagnes et compagnons du Collectif Libertaire Marius Jacob de Périgueux s’étaient rendus à Bordeaux afin de rejoindre le mouvement libertaire local appelant à un rassemblement place Pey-Berland contre les thèses des « pro-vie », lesquels hurlent régulièrement à la mort en réclamant le retour de la guillotine.
À ce titre notre témoignage vaut bien celui d’une personne qui n’était probablement pas sur le terrain et dont les seules sources furent policières.
Le rassemblement libertaire a très vite compté plus de cinq cents personnes, militantEs et sympathisantEs. Pour la gouverne journalistique, signalons qu’à Notre Dame des Landes, ce même jour, d’autres compagnes et compagnons étaient mobilisés contre un projet délirant d’aéroport inutile et nuisible…
Certes le déploiement de la force policière était impressionnant et, place Pey-Berland, les chiens dressés montraient leur impatience agressive, ajoutant à la volonté d’intimidation.
Très vite notre rassemblement fut « encagé » par les CRS et les civils de la BAC, selon une tactique policière désormais éprouvée (et déjà mise en œuvre l’année précédente, avec une pression légèrement moins forte).
La brutalité coutumière en civil et en uniforme s’est manifestée par de fortes bourrades exercées à coups de boucliers, des coups de bottes dans les tibias des manifestantEs, des pieds écrasés, des coups de tonfas sur les crânes, sur les épaules, sur les bras et les mains…
Les agents de la BAC, toutes matraques télescopiques dehors, ont fait plusieurs incursions sous la protection rapprochée des CRS, pour frapper et arrêter un jeune homme qui avait sans doute le tort de porter une coiffure à l’iroquoise et dont on apprend en lisant vos lignes qu’il aurait tapé sur le casque d’un CRS.
Nous n’avons nullement observé un tel geste, ni n’en avons entendu parler ( ?)…
Nous conservons en mémoire le courage et la belle allure des manifestantes et manifestants désarméEs face la violence légale, réelle et potentielle, au cours de cette « garde à rue ».
Nous n’avons pas la naïveté de penser un seul instant que vous publierez cette lettre, nous avons l’habitude de vos silences quant aux mises au point que nous avons pu vous envoyer par le passé.
Nous écrivons pour notre conscience, amants de l’inutile dans cette société où tout se mesure et se paie, où tout se jauge à l’aune de la rentabilité.
Nous vous renvoyons, comme nous l’avons déjà fait par le passé à Jean Galtier-Boissière, Albert Londres et Octave Mirbeau dont l’éditeur Le Passager Clandestin vient de publier sous le titre « Interpellations » un recueil — préfacé par Serge Quadruppani — de quelques articles de presse dénonçant les « lois scélérates » de 1894-95, lesquelles ont été réactivées ces dernières années sous une autre dénomination, bien sûr, faisant la part belle au délit d’intention dont nous laissons à votre imagination le soin de concevoir jusqu’où cela peut entraîner l’exercice policier.
NB : Notre refus régulier de répondre aux journalistes d’une certaine presse, dans l’exercice de leur métier, depuis plusieurs années, devrait être désormais tout à fait compréhensible. Nous choisissons nos médias.
Collectif libertaire Marius Jacob.
Publié par le CLAP 33.