Nantes sur le pied de guerre avant la manif anti-aéroport
Un dispositif policier exceptionnel encadrera les opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, samedi, à Nantes. La possible présence de groupes violents inquiète. « Diabolisation » crient les organisateurs.
Les opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes veulent recréer le bocage dans le centre-ville de Nantes, samedi après-midi. Un défilé de 120 tracteurs, des animaux… Sauf que les autorités craignent que la fête ne vire à la guérilla urbaine, et pointent la radicalisation de certains opposants.
Fait rare, le préfet rend public un courrier adressé à la coordination des opposants à l’aéroport, organisatrice de la manifestation, samedi, à Nantes. Il met la pression, rappelle leur responsabilité, demande une modification du parcours et les met en garde sur « de possibles débordements, en marge du rassemblement, par quelques groupes extérieurs qui pourraient se greffer au cortège ».
Les autorités ont la certitude que des groupuscules violents vont se fondre parmi les manifestants. Certains viendraient de l’étranger. « Quand on est prêt à faire 1000 km, c’est pour qu’il se passe quelque chose… », redoute une source policière.
Hélicoptère et véhicules anti-émeutes
Le dispositif est à la hauteur des craintes : 1500 hommes (dont une dizaine de compagnies de CRS et de gendarmes mobiles), un hélicoptère équipé d’une caméra pour filmer la manif et renseigner les forces de l’ordre au sol, deux véhicules anti-émeutes équipés de canons à eau. « C’est du jamais vu à Nantes, assure un policier. Tous les collègues en congés samedi sont réquisitionnés. »
La rue de l’hôtel de ville sera « sanctuarisée ». Bus et trams ne circuleront pas au coeur de Nantes. La police conseille aux banques de fermer les accès aux distributeurs de billets. Le président des commerçants du centre-ville invite à la vigilance : « Surtout ne pas laisser devant les magasins des objets qui pourraient servir de projectiles. »
Inquiétude des élus Verts
Des sites sensibles sont déjà sous surveillance policière : la préfecture, le conseil général, le conseil régional, les péages autoroutiers ou immeubles de Vinci, la future zone aéroportuaire squattée à Notre-Dame-des-Landes. Dans ce secteur, les esprits s’échauffent déjà. Mercredi soir, un agriculteur a été agressé et blessé, par des squatteurs. Il a porté plainte et subirait depuis des tentatives d’intimidation.
Ce rassemblement inquiète également des élus opposés à l’aéroport. Ils appellent à une « manifestation pacifique et non violente ». Dans un communiqué, Europe Écologie-les Verts « condamne par avance toutes les dégradations et violences qui pourraient avoir lieu avant, pendant ou après la manifestation ».
Diabolisation ?
La coordination des opposants à l’aéroport n’apprécie pas. « La préfecture et les élus majoritaires du département diabolisent notre manifestation, souhaitée familiale et pacifique. Ce n’est pas normal de nous mettre cette pression. Les autorités entretiennent une suspicion pour faire peur aux gens. Nous voulons, nous aussi, que tout se passe bien. S’il y a des débordements, ils ne seront pas de notre fait », dénonce Julien Durand, porte-parole.
La coordination espère dépasser les 4000 manifestants. Sur la présence d’opposants radicaux ? « C’est impossible de tout contrôler. Il faut aussi comprendre que cette forte pression policière depuis quelques années crée un climat de tension. »
Leur presse (T. Heng & C. Jaunet, Ouest-France.fr, 24 mars 2012)