Suite au procès du policier tireur de LBD à Nantes, qui avait mutilé à l’œil Pierre, voici le communiqué et l’appel à un rassemblement pour le délibéré le 3 avril, écrit par le Collectif de soutien.
La réponse de Pierre à Murmures a déjà été publiée, le texte du collectif de soutien est un complément à tout ce qu’il a déjà mis en lumière.
Communiqué du Collectif contre les Violences Policières
Les 6 et 7 mars s’est déroulé à Nantes, le premier procès du LBD, Lanceur de Balles de Défense, (le plus connu étant celui commercialisé sous le nom de flashball). L’enjeu politique et juridique est donc crucial. Une relaxe ou un non-lieu, reviendrait à donner carte blanche aux forces de l’ordre pour maintenir l’ordre public.
Mathieu Léglise y était accusé de violences volontaires ayant entraîné une ITT de plus de 8 jours avec les circonstances aggravantes de l’utilisation d’une arme sur mineur et de la qualité de personne dépositaire de l’autorité publique.
« LBD » une arme qui mutile et un tireur volontaire
En 2007 le LBD est une arme en expérimentation. Seulement trente armes de ce genre sont délivrées en France, sur la base de réponse à des appels d’offre. Sur les trois postes créés à Nantes, notre protagoniste se porte volontaire pour être habilité à utiliser cette arme destructrice lors « d’opération de maintien de l’ordre ». Un hasard ?
Notons par ailleurs son discours guerrier où les manifestant-e-s sont considéré-e-s comme des « cibles » à « neutraliser », ou à « tirer » si « l’opportunité » (selon ses propres termes) se présente.
Cela aura aussi été l’occasion, pour les parties civiles, d’apprendre que ce tireur zélé avait déjà utilisé son LBD à 9 reprises lors des fêtes de l’Erdre de septembre 2007. Il avait alors « touché » sur chaque tir, neutralisé ses « cibles » et « rétablit l’ordre ». Suite à ces violences policières, une victime touchée à la main avait porté plainte contre notre serial-tireur, plainte classée sans suite par un procureur au moins aussi courageux que Yann Richard [Yann Richard est le procureur qui était en charge du procès. Il est resté silencieux pendant toute l’audience et a finalement plaidé l’exonération de peine à la fin du procès, lors des plaidoiries.].
Également troublant, notons que le lendemain du 27 novembre 2007, un fonctionnaire de la même compagnie (Compagnie départementale d’intervention), cagoulé, arborant un LBD jaune (tout comme Léglise le 27) a fait feu sur des lycéens non-violents de St Jean Baptiste de la Salle en visant à hauteur de tête. Coïncidence ?
Il faut également rappeler que nous avons ici affaire à un excellent tireur, capable de toucher à 20 m une petite cible (une douille de 10 cm), comme ce fut le cas lors de la reconstitution. L’argument fallacieux de la défense consistant à dire que le tireur avait manqué la zone visée (thorax), ne tient donc pas. Mathieu Léglise a délibérément visé le visage de Pierre. Dès lors, pourquoi ne pas qualifier son geste de tentative d’homicide, exécutée par une personne armée qui réagit comme un militaire en temps de guerre ?
Irrégularités et mensonges
Autant lors de la procédure que durant l’audience, les obstructions à la justice furent trop nombreuses et inacceptables. En effet, quid des PV de tirs ? Quid des vidéos (obligation incombant aux forces de l’ordre) prises au moment du tir ? Mensonges, dissimulation de preuves … la police fait tout son possible pour cacher la vérité sur cette affaire.
Lors de l’audience, l’attitude décomplexée de la défense montre bien qu’on ne recule devant rien pour innocenter un policier : allégations mensongères, contradictions, incohérences, irrégularités procédurales… Première malhonnêteté : la défense a décidé au dernier moment d’axer son argumentation sur le doute (imaginaire) qui existerait sur l’identité de la victime touchée par Mathieu Léglise.
Comble de l’insolence, l’avocat de la défense alla même jusqu’à attribuer la blessure de Pierre à un simple « coup de coude ».
L’après-midi même du mardi 6 mars, son client, après avoir décrit sa « cible » précisément, identifia formellement une personne totalement différente. Flagrant délit de mensonge !
Le ridicule et la mauvaise foi ne tuant visiblement pas, Me Liénard (avocat de Mathieu Léglise) s’est même permis de qualifier le témoignage de Pierre de « crédibilité zéro ». Sans commentaires. Maître Liénard, dont il faut rappeler qu’il est un militant fidèle et acharné de la cause policière : défense de policiers coupables de violences en service, écriture de guides juridiques à l’attention des policiers à la gâchette facile (dont son dernier livre « Force à la Loi »), formation juridique du Groupe d’Intervention de la Police Nationale, promotion de la militarisation de la police (et notamment l’armement des policiers municipaux) et. Cette liste, loin d’être exhaustive, est indispensable pour mieux cerner cet avocat, véritable militant dévoué à sa cause et dont les thèses sont abondamment repris par la droite dite dure ou extrême.
Un tireur soutenu par ses collègues
Lors de cette audience, il a non seulement fallu supporter les élucubrations mensongères de la défense mais également la prise d’otage de la Justice par les forces de l’ordre. Ce procès aura été l’occasion d’une véritable démonstration de force : Gendarmes mobiles, CRS et policiers nationaux quadrillant l’extérieur et l’intérieur du palais de justice … Notons d’ailleurs que les policiers postés à l’entrée filtraient allègrement l’accès à la salle d’audience pour les soutiens de Pierre (y compris sa famille), alors que les collègues venus soutenir l’accusé circulaient librement. Un des témoins, appartenant à la BAC, aura bénéficié d’un intolérable traitement de faveur de la part de ses collègues, lui permettant d’aller et venir librement, de se tenir informé de l’évolution de l’audience alors que les autres témoins étaient isolés.
Médias locaux et collaboration
Nous tenons par ailleurs à saluer la prise de position de la presse locale. En plus d’être les seuls témoins d’une pluie de projectiles, imaginaires là encore, étant donnée l’absence totale de preuves matérielles, servant la défense de l’accusé, ils n’ont cessé de faire de leurs articles une tribune pour les mensonges des syndicats policiers, du procureur et de l’avocat de la défense, quand ne fut accordée à Pierre et à ses soutiens qu’une modeste ligne. Cela s’inscrit dans la lignée des articles honteux publiés dans la foulée du 27 novembre. En effet, quand Pierre était encore à l’hôpital, ils s’évertuaient déjà à relayer sans vergogne les fausses informations diffusées par les autorités locales (Préfecture, responsables policiers, responsables de syndicats de police…) affirmant la non-gravité de la blessure, ou faisant indûment de Pierre un lanceur de projectiles…
Quelles conclusions tirer de cette affaire ?
Nous, manifestant-e-s, nous trouvons face à des policiers surarmés qui n’hésitent pas à tirer pour mutiler, tuer, en visant délibérément le visage. Le cas de Mathieu Léglise est significatif, puisqu’il nous montre bien que la hiérarchie dote en toute connaissance de cause ce genre d’individus dangereux de ces armes qui ont déjà tué. Cela témoigne d’une volonté de détruire ce qui est désigné comme un ennemi intérieur, de détruire toute contestation à l’ordre établi. Joan à Toulouse, Joachim et Geoffrey à Montreuil, Nassuir à Mayotte, Mosefa à Marseille …la liste est longue.
Ils nous ont déclaré la guerre, comme le démontrent les termes employés par Léglise. À nous de réagir collectivement : la peur doit changer de camp !
Enfin, nous tenons à remercier toutes les personnes présentes à l’audience ainsi qu’au rassemblement du mercredi
Nous vous appelons à venir nombreux lors du rendu du verdict :
le 3 avril à 14h30 devant le tribunal pour Rassemblement / Manifestation
Nous ne tolérerons pas une relaxe. Faisons-nous entendre !
Pas de Justice, Pas de Paix !