Réponse personnelle à l’article calomnieux : « Procès du 6 et 7 mars 2012 à Nantes… »
En réponse à l’article posté par « Murmures » ici.
Merci cher commissaire politique, en ce jour d’anniversaire de la Commune de Paris, de prodiguer une aussi brillante leçon de radicalité politique.
Merci pour ton courage, plutôt que de venir discuter de tes « irritations » et autres « déceptions » de vive voix, tu as préféré distribuer les bons et les mauvais points comme un petit juge, bien à l’abri devant ton écran.
Derrière ses faux airs de donneur de leçons, sur le ton d’un professeur ès radicalité, ce texte ne fait que reprendre le travail des flics.
Puisque nous n’avons pas vécu le même procès et que ce texte accumule les mensonges, les accusations et les omissions au point de concurrencer les articles de Presse-Océan, je me sens obligé de perdre mon temps pour répondre. Je demeure ébahi par le courage du commissaire de la pensée qui a écrit ce chef-d’œuvre en avançant masqué. Cagoulé, comme le policier qui m’a tiré dessus.
Au delà du ton professoral « irritant », ce texte est étonnant, car il abonde dans le sens de ceux qu’il prétend combattre : la police, les médias dominants, l’institution judiciaire. Je m’explique.
1- Ce texte va dans le sens des médias dominants
L’auteurE du texte assène d’entrée : « je ne parle pas de ce qu’illes ont pu dire en dehors de la salle d’audience ». Le ton est donné. Tout ce qui se jouait pendant ce procès était justement à l’extérieur du tribunal. Cette phrase est révélatrice de l’état d’esprit général du texte. Finalement, tout ce qui compte pour « Murmures » s’est joué dans la salle d’audience. Il disqualifie donc d’office, ou occulte sciemment, tout le travail politique, toutes les prises de paroles, et toutes les actions collectives qui se sont jouées avant, pendant et après le procès.
Autrement dit, selon « Murmures », seul le travail de l’institution judiciaire doit être abordé, le reste sera censuré : c’est d’ailleurs exactement ce qu’ont fait les journalistes de Presse-Océan, Ouest-France, et leurs amis.
« Murmures » persiste et signe par un mensonge éhonté : « Pire encore, cette volonté de ne « pas faire de politique » » : c’est une insulte pour moi, et pour tous les proches qui ont mené un travail politique de longue haleine autour des violences policières, qui ont préparé ce procès depuis plusieurs semaines, qui ont tenu une table d’information contre les violences policières devant le tribunal… voir l’appel à manifester.
« Murmures » a le mensonge aussi facile qu’un plumitif de Presse Océan : une vocation en devenir ?
À plusieurs reprises l’auteurE matraque sans vergogne mon nom complet, et occulte délibérément celui du policier tireur : Matthieu Léglise. L’auteurE du texte connait très bien le nom du policier — puisqu’il a assisté au procès — mais choisit de ne pas le nommer pour préserver l’anonymat du flic tireur. Il protège le policier. C’est un choix.
Le même choix journalistique que j’ai eu à subir depuis plusieurs années : être considéré par les médias comme un coupable (et donc d’avoir mon nom systématiquement cité, contre ma volonté) et en parallèle voir l’anonymat du policier Matthieu Léglise systématiquement protégé.
C’est un procédé rhétorique typique des chiens de garde type Presse-Océan/Ouest-France, que j’ai du subir, que l’on retrouve ici employé par « Murmures ». On note au passage le courage de l’auteurE, qui, s’il/elle s’amuse à répéter mon nom n’assume pas de son côté visiblement son torchon.
Surtout, « Murmures », dans son choix éditorial, occulte, censure sciemment deux éléments essentiels lors du procès.
• Pour sortir d’un procès « traditionnel » et victimaire justement, trois autres mutilés par la police sont venus en soutien : Joan, Joachim, et Geoffrey. Pour dire que les mutilations au flashball sont partie intégrante d’un processus, et non le fait de « bavures » isolées. L’occultation de ces présences et de la dynamique qu’elles induisent, de cette amorce de riposte collective en dit long sur la malhonnêteté du procès politique à charge mené par le petit juge « Murmures ».
• Avec de nombreuses personnes, nous avons quitté la salle du tribunal pendant la plaidoirie de l’avocat de la police. Nous sommes repartis la tête haute. Pour dire, après la demande de relaxe formulée par le procurreur, que nous ne supportions plus leur simulacre, que nous laissions le procureur et l’avocat du policier entre eux. Puis nous sommes partis en manifestation, 300 personnes étaient là contre les violences policières et ont défilé en ville derrière une banderole « solidarité contre les violences policières ».
Pourquoi l’occulter délibérément dans ce texte ? Comment oser prétendre que l’on s’est refusé à faire de la politique ? « Murmures » travaille pour la police ?
2- Mais ce texte va aussi dans le sens de l’institution judiciaire/du procureur
Quand il parle de la contre enquête autonome menée par le Groupe de Travail sur la manifestation du 27 novembre 2007, voici les termes baveux employés :
« leur « expert » était un ami de la famille, et illes ne pouvaient compter que sur des vidéos et des photos récupérées auprès des manifestant-e-s, sans avoir eu la possibilité de faire un réel travail d’enquête reconnu par l’institution judiciaire. Le contraste par rapport à une enquête policière traditionnelle »
Chaque mot employé est important. Chaque mot suinte l’insulte, le mépris. L’auteurE, à l’instar d’un petit juge autoritaire, distribue les bons et les mauvais points. Ce qui est intéressant est qu’il met en avant le fait qu’à ses yeux, une enquête de police vaut mieux qu’une contre enquête autonome comme celle qui a été menée. Il a donc plus confiance en la police.
« Murmure » va d’ailleurs beaucoup plus loin dans le mépris que le juge et le procureur lors du procès. Ceux-ci ont validé la contre-enquête comme un travail fiable, solide, étayé. Seule cette enquête a permis d’établir un rapport de force juridique qui aboutit à la mise en accusation du policier. Sinon l’affaire aurait été étouffée. Ce procès est bien le fruit d’un rapport de force. « Murmures » se fait donc l’avocat du policier tireur en discréditant tout ce travail. En discréditant aussi le « copwatching ». « Murmure » pourrait épauler Maître Liénard, l’avocat du policier tireur.
En détruisant le travail de contre enquête autonome mené par le groupe de travail, en invalidant/discréditant cette recherche pourtant essentielle, « Murmures » joue ni plus ni moins le rôle de l’avocat du policier, puisque ni le juge ni le procureur n’ont remis en cause tout le travail de contre enquête que nous avons dû mener.
Ainsi, « je ne parle pas de ce qu’illes ont pu dire en dehors de la salle d’audience » dit « Murmures ». Cette phrase est vraiment révélatrice, très intéressante. Après avoir invalidé tout travail d’enquête autonome de la justice, l’auteurE discrédite toutes les initiatives qui sortent du Palais de Justice, de l’officine étatique. Toute action politique collective est donc, selon « Murmures », inexistante. « Murmures » défend donc éhontément l’institution judiciaire, et lui donne le monopole de l’autorité sur la question du flashball en manifestation, et par extension des violences policières. De quel côté est « Murmures » ?
« Murmures » est un petit policier politique frustré, il se permet de juger, il se sent puissant, il assène : « Je pense donc que Pierre fait une erreur fondamentale », allant même, devant son clavier, jusqu’à m’accuser avec indécence de « légitimer l’institution policière », de « renforcer l’institution policière ».
Être accusé par un anonyme de collaboration alors qu’on a été mutilé par la police est très grave. Inacceptable. Insupportable.
Je n’ai pas baissé la tête face aux policiers, je ne la baisserai pas devant un cyber-commissaire politique. Et je me passerais évidemment de ses jugements pitoyables.
3- « Murmures » roule pour la police ?
Car « Murmures », en parallèle, alors qu’il mène un procès contre moi, contre le comité de soutien, contre mes proches, contre Joachim, un autre mutilé, occulte dans tout son texte la personnalité du policier tireur, Matthieu Léglise. Il a pourtant assisté au procès. Il sait ce qui s’y est dit.
À aucun moment « Murmures » ne dit que le policier Matthieu Léglise a fait feu à neuf reprises sur une foule de fêtards aux fêtes de l’Erdre, en septembre 2007.
À aucun moment « Murmures » ne dit que le policier, à la barre, a employé un vocabulaire militaire, disant qu’il avait « neutralisé la cible », « atteint l’objectif », et même que « tout aurait dû rentrer dans l’Ordre ».
À aucun moment « Murmures » ne dit que l’avocat du policier, Maitre Liénard, est un formateur du Groupe d’Intervention de la Police Nationale.
À aucun moment « Murmures » ne dit que cet avocat est l’auteur d’un guide de défense pratique et juridique pour les policiers qui ont fait feu : « force à la loi ».
À aucun moment « Murmure » ne raconte la violence du procès, l’arrogance et l’offensivité de l’avocat de la police, les mensonges des policiers, éprouvants à vivre.
« Murmures » choisit froidement, comme priorité, de faire mon procès, celui d’une « cible » de la police.
La personnalité du tireur est celle d’un fou de la gâchette, d’un individu dangereux. « Murmures » le sait, il était au procès, mais ne le dit pas. Pourquoi ? De fait, il protège le policier tireur, il protège la police.
Pourquoi « Murmures » fait-il/elle ce choix ? Pour qui travaille « Murmures » ?
Attaquer ce policier en particulier, ce fou de la gâchette au langage militaire, n’est pas incompatible avec le fait de s’attaquer à l’institution policière. Au contraire, n’est-il pas éloquent que la hiérarchie donne des armes aussi dangereuses et précises que le LBD aux policiers les plus violents et déséquilibrés ?
« La police n’est pas plus violente qu’avant, plus « offensive » » nous prétend ensuite « Murmures ». C’est (encore) un mensonge éhonté, qui ne sert que la police. La dotation massive de la police en armes dites « non létales » (taser, flashball…) participe d’une dynamique de militarisation de la police. Le Lanceur de Balle de Défense est une arme de guerre. La police tire à nouveau sur les manifestations, les précédents datent de plusieurs décennies. On est passé d’une stratégie de maintien de l’ordre « défensif » (relativement, à nuancer, bien sur) à une police ostensiblement offensive, qui attaque, qui terrorise plus encore qu’avant. La police française tirait-elle avec des armes de guerre dans le visage de lycéens mineurs il y a 20 ans ?
Cette militarisation de la police est accompagnée depuis des années par des gouvernements et une hiérarchie policière qui encourage l’impunité des policiers. Les policiers sont au dessus des lois.
Comment peut-on prétendre que la police n’est pas plus offensive qu’avant, alors que nous sommes justement dans une période d’accroissement de la répression ? Tous ceux confrontés de près ou de loin à la police le constatent pourtant. « Murmures » ne fait visiblement pas partie de ceux-là.
« Murmures » finit son texte par un autre mensonge, une nouvelle calomnie : selon lui, notre combat depuis le 27 novembre 2007 « peut aussi être synonyme de renforcement des séparations répressives pour d’autres ».
Comment oser dire cela, alors que justement, nous avons essayé précisément lors du procès de faire converger plusieurs personnes mutilées par la police, et ainsi de commencer un travail de riposte collective ?
« Murmures » fait de la promotion pour son blog minable sur mon dos, sur le dos des cibles de violences policières.
« Murmures » est un/e lâche.
« Murmures » est un/e menteur/euse.
« Murmures » s’amuse à occulter le travail politique du collectif contre les violences policières. « Murmures » s’amuse à salir des cibles de la violence policière.
« Murmures » a un cadavre dans la bouche.
« Murmures » ose tout.
« Murmures » n’a visiblement pas honte.
Pour reprendre le titre, les flics de la pensée et autres révolutionnaires en carton ne manquent, eux, aucune occasion pour se sentir exister.
Insulter quelqu’un qui a été mutilé par la police en le traitant de collabo, ça ne passera pas, « Murmures ». Celui qui travaille pour les flics, c’est toi.
Cher « Murmures », au plaisir de ne pas te rencontrer. Tu devras répondre de tes diffamations.
Pierre
Nantes, 18 mars 2012