Nouvelle tentative d’immolation au Tibet
Un jeune moine tibétain a tenté hier de s’immoler par le feu dans le sud-ouest de la Chine, avant d’être battu et emmené par les forces de sécurité chinoises, a annoncé samedi une ONG. Lobsang Tsultrim a levé le poing, un geste utilisé par les Tibétains pour revendiquer leur liberté, en se transformant en torche humaine, a indiqué dans un communiqué l’organisation Free Tibet.
Le bonze âgé de 20 ans a accompli son geste désespéré devant le monastère de Kirti, haut-lieu de la résistance tibétaine dans la préfecture d’Aba, dans l’ouest de la province du Sichuan à forte population tibétaine, a précisé cette ONG dont le siège est à Londres. La tentative d’immolation a été confirmée également par Radio Free Asia, mais le département de la propagande de la ville d’Aba, contacté aujourd’hui, a lui refusé de s’exprimer sur le sujet. Les départements de la propagande au niveau de la préfecture et de la province étaient eux injoignables aujourd’hui.
Selon des témoins cités par Radio Free Asia et Free Tibet, les forces de sécurité ont frappé le moine tandis qu’il était en flammes, avant d’éteindre ces flammes et d’emmener le bonze, encore vivant, vers une destination inconnue. Près de 30 Tibétains, en majorité des moines bouddhistes, se sont immolés par le feu ou ont tenté de le faire depuis début mars 2011 dans les zones tibétaines chinoises.
De nombreux Tibétains se plaignent de la répression de leur religion et de leur culture et de ce qu’ils considèrent comme une domination grandissante des Han, ethnie fortement majoritaire en Chine.
Le mois de mars est une période sensible pour les Tibétains. Le dalaï lama, leur chef spirituel, avait en mars 1959 pris le chemin de l’exil après l’échec d’un soulèvement contre la Chine, traversant à pied l’Himalaya pour arriver en Inde. Et en mars 2008, des manifestations de moines bouddhistes à Lhassa, la capitale du Tibet, à l’occasion du 49e anniversaire de ce ce soulèvement, avaient dégénéré en émeutes et gagné les provinces voisines à forte population tibétaine.
Leur presse (Agence Faut Payer, 17 mars 2012)
Grande manifestation de Tibétains après la tentative d’immolation d’un moine
Des centaines de moines ont manifesté devant le monastère tibétain de Tongren (Rebkong en tibétain), dans la province du Qinghai à l’ouest de la Chine, mercredi [14 mars]. Un geste de solidarité envers Jamyang Palden, un moine de 34 ans qui avait tenté de s’immoler quelques heures plus tôt.
Avant Jamyang Palden, 26 autres moines et religieuses tibétains ont tenté de s’immoler par le feu depuis un an. Un acte désespéré qui vise à dénoncer ce qu’ils considèrent comme une domination de la culture chinoise, mais aussi à demander le retour de leur chef spirituel, le dalaï-lama, en exil depuis 1959 à Dharamsala, en Inde. La grande majorité de ces personnes sont mortes des suites de leurs brûlures. Jamyang Palden, lui, a survécu. Selon plusieurs sources locales, ce serait des membres des forces de sécurité qui auraient éteint le feu sur son corps avant de le conduire à l’hôpital. Craignant qu’il ne se fasse arrêter, un groupe de moines l’a ensuite ramené au monastère où il y est actuellement soigné par des médecins.
Selon notre Observateur, Zorgyi, un activiste tibétain en exil à Dharamsala et en contact avec des témoins de la scène, juste avant de s’immoler, Jamyang Palden aurait crié des slogans demandant la liberté de religion et de s’exprimer dans sa langue : « La langue tibétaine a été particulièrement malmenée par les autorités chinoises récemment et la totalité des cours se fait désormais en chinois [sauf les cours de tibétain et d’anglais ndlr] ».
Toujours selon Zorgyi, Jamyang Palden était dans un état stable vendredi. Le gouvernement local aurait par ailleurs demandé à ce qu’il retourne à l’hôpital, tout en prévenant que si sa santé se détériorait au monastère, les chefs de ce dernier devraient en prendre toutes les responsabilités.
Après avoir présenté ses condoléances aux moines tibétains, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a dénoncé ces procédés extrêmes lors d’une conférence de presse lundi, considérant qu’ils « sapaient l’harmonie sociale ». Il a par ailleurs insisté sur le fait que la province du Tibet, ainsi que toutes les zones fortement peuplées de Tibétains, restent « des parties indissociables du territoire chinois », ajoutant que « la liberté de croyance religieuse du peuple tibétain était protégée par la loi ».
Leur presse (Observers.France24.com, 16 mars 2012)