Aux USA, des SDF transformés en bornes wifi ambulantes
Un SDF peut-il faire office de borne Internet ? Une agence de communication britannique a provoqué une controverse aux États-Unis en transformant des sans-abri en bornes internet, gagnant leur vie en proposant un accès à la toile. Cette agence, Bartle Bogle Hegarty (BBH), a lancé l’expérience à l’occasion d’un festival mêlant musique, cinéma et technologies à Austin (Texas, sud), appelé South by Southwest (SXSW), qui s’est ouvert samedi et se tient jusqu’au 18 mars.
Elle a doté treize SDF volontaires d’émetteurs de réseau internet (MiFi) de 4e génération, les habillant de tee-shirts signalant l’initiative. Le passant tenté peut réclamer une connexion d’excellente qualité pour son ordinateur, sa tablette ou son téléphone, qu’il paie via internet le prix qu’il souhaite. L’ensemble des profits est reversé au SDF.
« Vous transformez les SDF en équipement »
BBH a expliqué vouloir « moderniser » le concept du SDF vendeur de journaux rédigés par des sans-abri. « Combien de fois voit-on quelqu’un « acheter » un journal, pour finalement le laisser au sans-abri ? […] Pourtant le modèle n’est pas cassé en soi. C’est seulement le produit qui est archaïque », a indiqué l’agence sur son site internet.
Des internautes ont trouvé l’initiative de mauvais goût. « Ce n’est pas en soi une bonne idée d’utiliser des personnes défavorisées, marginalisées dans la société, pour rendre plus pratique l’accès de personnes majoritairement blanches, forcément plus riches, à leurs comptes sur les réseaux sociaux », a réagi sur le blog de BBH un internaute appelé John. « Vous transformez les SDF en équipement », écrivait Simon, un autre internaute. « C’est un exemple de la façon dont le capitalisme exploite n’importe quelle ressource en vue d’un avantage concurrentiel », déplorait un troisième, David Byrne.
Le directeur de l’innovation de BBH, Saneel Radia, s’est défendu en se réjouissant que l’initiative ait fait parler de la situation des sans-abri. Il a concédé que l’idée aurait pu aller plus loin, en envoyant les internautes vers un site conçu par les SDF. « Hélas, nous n’avons pas pu nous permettre de créer une page d’accueil personnalisée, parce que la connexion se faisait par un appareil que nous n’avons pas fabriqué », a-t-il assuré.
Leur presse (LeParisien.fr, 13 mars 2012)