Un collectif d’associations a « réquisitionné », hier après-midi, le petit château des Vitarelles, à l’angle de l’avenue de Lardenne et des allées des Vitarelles, dans le quartier de Lardenne à Toulouse. « Le mouvement des sans-abris a commencé il y a trois semaines maintenant, a expliqué François, porte-parole. Nous fêtons le 20e jour. » Une dizaine de réquisitions a déjà eu lieu. « Nous avons été expulsés illégalement de l’ancien palais des congrès et de Monné-Decroix puisque nous étions là depuis plus de 48 heures. »
L’immeuble inoccupé investi hier est une ancienne maison de retraite dont les murs appartiennent à la mairie de Toulouse. « Nous sommes là depuis plus de 48 heures. Nous espérons que la mairie passera par une procédure judiciaire si elle doit nous expulser car ça nous permettrait de gagner un peu de temps. »
Popeye, membre du collectif, décrit le quotidien des sans-abris : « On galère, on subit des expulsions. Il nous faut un lieu de repos pour se ressourcer. Au moins ici, nous sommes à l’abri du vent. On n’est plus obligés de dormir tout habillés dans des duvets. » 25 personnes seront logées à cet endroit. « Pour nous ce n’est qu’un début, prévient François. Selon le 115, il y 170 personnes à la rue à Toulouse alors qu’il y a entre 3000 et 22’000 logements vacants. C’est largement suffisant pour loger tout le monde. »
Leur presse (LaDepeche.fr, 12 mars 2012)
Toulouse. Le mouvement des sans abris maintient la pression sur le Préfet
Aujourd’hui est le vingtième jour d’un mouvement spontané, celui des Sans-Abris de Toulouse. Initié par les travailleurs sociaux du 115 en grève et soutenu par des militant-e-s pour le logement, ce mouvement veut, au sortir de l’hiver, maintenir la pression sur les institutions, « à commencer par l’État, qui n’assument pas leurs obligations en matière de relogement d’urgence » précise l’association Droit Au Logement.
« Nous avons refusé la fatalité qui aurait été, après la fin du Plan Grand Froid, que chacun-e retourne à la rue, trouvant des solutions individuelles à ses propres problèmes. Au contraire, nous avons décidé de nous organiser collectivement et de trouver des solutions par nous mêmes, l’État via la préfecture de Haute-Garonne n’en proposant aucune » soulignent encore les grévistes qui indiquent « qu’après avoir refusé de quitter le gymnase Puig tant que des solutions d’hébergement ne seraient pas proposées, nous avons entamé des séries de réquisitions de bâtiments vides. Parmi ceux ci, deux ont été officialisé publiquement et pouvaient héberger chacun une soixantaine de personnes à la rue en attendant que les procédures judiciaires suivent leur cours. »
Il s’agit de l’ancien Palais des Congrès, inoccupé depuis 2001, appartenant à la Mairie, et d’un bâtiment appartenant à Robert Monné, célèbre promoteur immobilier.
« À chaque fois nous avions toutes les pièces judiciaires nécessaires pour prouver que nous occupions les lieux depuis plus de 48h, et que seul un avis d’expulsion du tribunal pouvait nous faire quitter les lieux. Au lieu de quoi la Préfecture a préféré passer outre la justice, ou faire pression sur elle dans le second cas pour expulser des sans-abris mis à la rue sans aucune solution de réhébergement. Dans l’urgence nous en sommes venus à occuper un gymnase de la Mairie (Mirail) et une salle del’Université du Mirail non sans des menaces d’expulsion de son président, Daniel Filâtre, évité grâce au soutien de certain-e-s étudiant-e-s, personnels, professeurs et membres du CEVU. Ces derniers jours, des squats comme Mixart Mirys, et les Pavillons Sauvages ont aussi apporté leur soutien en hébergeant des sans-abris » commente t on encore dans le collectif.
Aujourd’hui, les organisteurs de ce mouvement de défense des Toulousains les plus pauvres officialisent l’ouverture d’un troisième bâtiment, maison de retraite désaffectée appartenant à la Mairie. « Nous l’occupons depuis mardi et espérons que la Mairie ne nous expulse pas, préférant pérenniser cette solution d’urgence en attendant de nous proposer mieux. Ce bâtiment pourra loger jusqu’à 25 personnes, qui n’auront plus à se demander chaque heure de leur journée où elles dormiront le soir. Disons-le clairement, ce n’est qu’un début, 170 personnes ont été recensées comme sans solutions et à la rue par le 115. Cela fait encore beaucoup de personnes à reloger. Si notre lutte nous a confirmé une chose c’est que l’union fait la force, face à la répression institutionnelle et policière des institutions » affirment ainsi les soutiens des SDF.
« Notre combat va continuer dans les jours qui viennent en mettant encore une fois la Préfecture et Madame Souliman devant ces responsablilités, et en demandant à la Mairie de ne pas tomber dans le non-droit pratiqué par cette dernière, comme elle s’y était engagée lors de notre dernière rencontre. Avoir un toit n’est pas une option, c’est un droit et une liberté fondamentale, c’est aussi une question de dignité humaine » estiment les membres de Droit Au Logement.
Leur presse (Christophe Cavailles, Toulouse7.com, 12 mars 2012)