L’occupation de l’hôpital de Kilkis par ses travailleurs-ses a commencé le lundi 20 février 2012. Cette occupation entend défendre non seulement les droits de tous–tes les salariéEs de Kilkis (médecins, infirmiers-ères, aides-soigants-tes, personnel administratifs) mais aussi le système national de santé qui est durement attaqué. Cette lutte s’inscrit aussi dans la volonté de défendre les Droits de l’Homme des classes moyennes et des classes populaires qui sont gravement menacés. La situation actuelle en Grèce donne l’image de ce que sera le futur pour les peuples du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie et de tous les pays du monde.
Celles et ceux qui travaillent non seulement à l’hôpital de Kilkis mais aussi dans la majorité des hôpitaux et des centres médicaux en Grèce ne sont plus payés à l’heure. Quelqu’unEs subissant une baisse tragique de leurs salaires, ne recevant même plus de quoi vivre. Par exemple, un de mes collègues fut transféré au service de cardiologique en situation de choc quand il a appris qu’au lieu de recevoir comme d’habitude sa paie de 800 euros, il a reçu une notice l’informant qu’il ne serait pas payé mais qu’au contraire il devait à l’État 170 euros. D’autres collègues sont payés 9 euros par mois. Celles et ceux d’entre nous qui continuent à recevoir leur salaire normal, organisent le soutien de nos collègues.
Il est évident qu’il s’agit d’une guerre declarée contre le peuple, contre la société entière. Ceux qui disent que la dette publique de la Grèce est la dette du peuple grec, ils mentent. Ce n’est pas la dette du peuple. Par contre cette dette est créée par les gouvernements successifs avec la collaboration des banquiers pour qu’ils mettent en esclavage les êtres humains. Les prêts donnés à la Grèce ne sont pas destinés pour les salaires, les retraites ou la sécurité sociale. En fait c’est l’inverse : les salaires, les retraites et la sécurité sont mis au service du remboursement de la dette aux banquiers.
Ils mentent parce qu’en effet ils ne veulent pas « une société libre de dettes » comme ils déclarent. Eux-mêmes provoquent l’apparition de la dette (avec l’aide des gouvernements pourris et des hommes politiques corrompus) pour leur propre profit. Ils ont placé comme premier ministre de la Grèce, un banquier pour qu’il gère notre spoliation. Ce premier ministre ne fut pas élu. Il a été placé par le FMI et les banquiers, avec la contribution des politiciens grecs et européens corrompus. Voilà comment ils perçoivent le terme « démocratie ».
Les banquiers, avec la participation des gouvernements, causent les dettes en créant de l’argent virtuel et s’emplissent les poches avec les taux d’intérêts prohibitifs. Et malgré tout, ils insistent que ceux et celles qui doivent payer cette dette, c’est nous, vous, nos enfants et nos petits enfants avec nos « fortunes » et nos vies. Mais nous ne leur devons rien. Par contre c’est eux qui doivent au peuple la plus grande part de leurs fortunes, nourris dans le lit de la corruption politique.
Si on n’ouvre pas les yeux devant cette vérité, on va bientôt devenir des esclaves en travaillant pour gagner juste 200 euros ou moins et sous la condition bien sûr qu’on sera capable de trouver un travail. Fini la sécurité médico-pharmaceutique, plus de retraites, nous seront sans abri et tous affaméEs. Cette réalité commence à prendre corps en Grèce avec des milliers de mes concitoyens qui vivent dans la rue et qui ont faim, et c’est à côté de chez vous !
Nous ne voulons pas apparaître comme désespéréEs mais la vérité est là. Cette « crise » ne peut être attribuée à une erreur financière ou monétaire. Non, c’est le début d’une phase extrêmement désagréable et qui va être de longue durée. Cette phase-là suit un chemin attentivement étudié qui fut élaboré il y a des décennies. Il nous faut lutter tous et toutes ensemble contre ce plan néolibéral. Voilà ce que nous voulons faire ici, à Kilkis mais aussi avec les gens de beaucoup d’autres villes dans le monde.
Pour le moment nous ne pensons pas ouvrir un compte pour un soutien économique. Cependant, une telle perspective est tout de même possible dans les semaines à venir, si la situation s’aggravait. Maintenant ce dont nous avons le plus besoin est d’un soutien moral et de la diffusion de notre situation. Les luttes régionales partout dans le monde doivent être propagées et obtenir un aide massive si nous voulons gagner cette guerre contre ce système corrompu. Ce serait magnifique si vous pouviez réfléchir à d’autres façons de diffuser de nos idées et nos nouvelles.
Nous vous exprimons notre gratitude et nos remerciements pour vos pensées gentilles et vos paroles.
Toutes mes appréciations,
Leta Zotakis, directrice du Département d’Actinologie de l’Hôpital de Kilkis, membre de l’Assemblée générale des travailleurs, présidente de l’Union de Médecins des Hôpitaux de la région du Kilkis (ENIK).
Traduit de l’anglais (commentaire posté sur Contra Info), Nouvelles Hors Les Murs, 10 mars 2012.