12 septembre, 11h30, magasin U Express de Beaucaire (30), il y a du monde aux caisses. Vido remarque, rigolard, qu’avec 2,7 milliards d’euros de bénéfices reversés aux actionnaires, le groupe U pourrait se permettre d’embaucher plus de personnel. Quand le tour de Vido arrive, le gérant du magasin, visiblement énervé par ces propos, refuse d’encaisser et reprend la marchandise. Vido tente de récupérer son repas de midi, le gérant s’interpose, le panier tombe par terre et l’emballage de la barquette d’échine de porc explose ! Vido, blasé, sort du magasin, poursuivi par le gérant qui lui réclame le prix de la viande soit 5,95 euros et tente de le bloquer en lui demandant de le frapper. Abasourdi, Vido s’en va. Le gérant, abandonnant caisses, clients et magasin, lui emboîte le pas en téléphonant aux flics. Ils déboulent en moins de cinq minutes et embarquent Vido. Sa déposition enregistrée, on lui demande de se soumettre au relevé signalétique (empreintes digitales et photos). Vido refuse. Il ressort du commissariat muni d’une convocation au tribunal pour dégradation et refus de se soumettre au relevé signalétique « nécessaire à l’alimentation et à la consultation des fichiers de police… »
Un gérant de magasin, probablement quelque esclave franchisé, épuisé par le stress, pète un plomb tant il s’identifie au groupe commercial qui l’exploite. Les flics embarquent Vido d’office : son aspect et son accents barbares en font un client idéal. Le procureur, malgré l’absence de plainte du gérant (et pour cause…) renvoie Vido devant le tribunal. Une blague ? Non, on assiste juste, poussé au ridicule, à l’application d’une logique sécuritaire et policière, basée sur l’exploitation, le contrôle, la discrimination. Cette situation grotesque n’est pas un « bug » du système judiciaire. Les salles d’audiences du tribunal sont pleines de laissés pour comptes, de pauvres, d’immigrés, chair à justice de la machine à ficher et à punir. On se fout pas mal de savoir si les victimes de cet État sont « coupables » ou non. Les crimes et délits sont taillés sur mesure par un système social, économique et politique qui nous broie tous au quotidien et dont la Justice n’est que l’un des rouages.
La chasse aux pauvres, le contrôle au faciès, le fichage généralisé, ça suffit ! Ne nous laissons plus faire. Ne restons pas seuls face à la machine judiciaire. Soyons solidaires.
RDV au tribunal de Nîmes le vendredi 16 mars à 9h
Spectacle assuré !
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