7 mars.
Aujourd’hui, à midi nous sommes entrés au siège de la RAI à Paris, et l’avons occupé symboliquement pour protester contre la manière dont les grands médias italiens, y compris la RAI, participent à la criminalisation du mouvement NoTAV, sans jamais donner d’espace aux raisons qui poussent tant de monde, dans le Val di Susa, mais pas seulement, à s’opposer à des travaux non seulement inutiles mais nuisibles.
Une fois à l’intérieur nous avons demandé et obtenu que le fax du siège de la RAI publie un texte écrit par nous, que nous reproduisons ci-dessous. L’action intervient quelques jours après le rassemblement de samedi, où une centaine de manifestants se sont retrouvés devant le Centre Pompidou en signe de solidarité avec le mouvement italien NoTAV, puis sont partis en une petite manifestation jusqu’à la Place du Châtelet.
Ci-joint le texte publié.
De Lyon à Athènes, en passant par Turin
Si nous sommes ici aujourd’hui, ce n’est pas parce que nous manquons de luttes « chez nous », mais parce que le NoTAV est une belle histoire et, comme l’on dit dans le dialecte hybride italo-français de la vallée, « une fa piasi cuntela » (ça nous plaît de la raconter).
L’histoire débute il y a 20 ans lorsque quelques centaines de personnes ont commencé à s’organiser pour dire non à un projet inutile. Elle se poursuit aujourd’hui avec un peuple en lutte, dans toutes les régions de l’Italie, qui est en mesure de mettre en crise les processus de décision de la politique institutionnelle. L’histoire NoTAV est l’histoire d’un petit groupe d’« irréductibles » qui, grâce à leur obstination et à la force de leurs idées, devient de plus en plus grand et veut ruiner les plans mis en œuvre par le gouvernement toujours plus orientés vers la spéculation financière et aveugle aux exigences populaires.
Le peuple NoTAV, à partir de l’année 2000 jusqu’à aujourd’hui, a tant de batailles épiques à raconter (comme la libération de Venaus en 2005, la manifestation avec 70.000 personnes qui ont traversé la vallée…), tant d’histoires tristes (comme celle du suicide / homicide en prison de Sole et Baleno, celle du G8 à Gênes, celle de la violence des bulldozers et de la police). Les personnes âgées et les familles présentes dans les campements de défense du Val Susa peuvent raconter comment la vallée avait construit un nouveau type de socialité et de démocratie réelle et qu’aucune évacuation ne pourra jamais éliminer. Ils peuvent aussi décrire la confluence et la résonnance qui se sont construites dans les luttes pour les biens communs (pour l’eau publique, contre le nucléaire).
Le mouvement NoTAV a su sortir des vallées et parler à l’Italie (et aujourd’hui, nous voulons parler aussi à la France). Cela a été rendu possible parce que le mouvement NoTAV parle du gaspillage de l’argent public en l’insérant dans le débat actuel sur la dette et la crise financière. Le TAV est le symbole matériel de la volonté de faire payer la crise à ceux d’en bas, en défendant les intérêts des élites et les lobbies. Le Non au TAV est la réponse à ces classes politiques incapables de représenter nos besoins. C’est la réaction propositive à ceux qui, en Italie comme en Grèce et en France, parlent de sacrifice et d’austérité, en disant qu’il n’y a pas d’alternative et qu’il est nécessaire de les appliquer. Notre réponse à la logique de la crise se trouve dans ces équations, qui, clairement, n’ont pas besoin d’économistes pour les expliquer : 1 cm de TAV = 1 bourse d’étude, 1 m de TAV = 1 école, 1 km = un hôpital, etc.
Et même si les gouvernements, avec la complicité des médias et du pouvoir judiciaire, cherchent à nous arrêter, nous voulons réaffirmer, y compris à partir d’ici, que cela ne suffira pas. Ils ont essayé le petit jeu de la division, d’isoler « le bon grain de l’ivraie », mais le mouvement a démontré son unité et son intelligence en affirmant que derrière chaque acte de résistance nous avons toujours été tous présents que nous le serons toujours !
Le peuple NoTAV continue d’avancer la tête haute. Avec joie, sans peur, avec courage, sans crainte, avec force, sans panique, nous ne reculerons pas d’un pouce. Aujourd’hui, nous occupons le bureau de presse de la RAI à Paris pour joindre notre solidarité avec ceux qui depuis 8 jours consécutifs sont dans une mobilisation constante, dans la Vallée de Susa et dans toute l’Italie.
Nous voulons également signaler aussi que, de ce côté-ci des Alpes, un front du NON commence à prendre forme et à s’exprimer. En outre, ici comme en Italie, nous dénonçons une fois de plus le rôle des médias, qui ont décidé, dans cette bataille comme dans beaucoup d’autres, de rester du côté des intérêts politiques des palais, en participant activement aux mécanismes de la criminalisation et à la construction de la figure du terroriste.
NoTAV Paris
OCL, 7 mars 2012.
action sympa, vraiment, mais y’a un gros couac….
le tract est en espagnol, la rai est la tele italienne
Peu mieu faire quoi
la lutte contre la TAV n’est pas une lutte de touriste
bises quand meme