Il serait facile, aujourd’hui (28 février N.D.T.), de tomber dans de banals extrémismes bons peut-être pour attirer le consensus verbal de quelques-uns mais bien plus difficile à mettre en pratique. Mais ce qui s’est passé hier (la chute de Luca N.D.T.) représente le point exemplaire de non-retour. À peine deux jours plus tôt 100 mille personnes étaient descendues dans la rue, pacifiquement — tout à fait comme l’aime les libéraux — qui ont traversé la vallée de Suse. Camarades et citoyens provenant de toute l’Italie, mais surtout l’écrasante majorité de la population valsusaine. Sans divisions ni affrontements internes, non seulement toute la Vallée a manifesté son opposition à la construction du TAV, mais elle a aussi défendu et revendiqué les camarades arrêtés les semaines précédentes, sans distinctions ni prises de distances artificielles.
Devant tout cela, la réponse de la politique a été de démarrer les expropriations, d’expulser le mouvement des espaces qu’il occupait, de mettre en route, sans médiations et en usant de la force, la construction du chantier. À peine démarrées les expropriations, survenait la tentative d’homicide de Luca Abbà. Sans même comprendre les conditions physiques de Luca, tous les politiques se sont empressés de nous rappeler que la construction de la TAV devait continuer et que bien sûr, cet accident ne ralentirait pas le parcours. La police a continué les évacuations, comme si rien ne s’était passé, comme on n’était pas entrain d’agir avec le poids d’un homme qui était, et qui, en train de lutter contre la mort.
Quoique synthétiquement décrits, les événements d’hier confirment diverses choses : par exemple, que la politique ne représente plus ce lieu de médiation où faire valoir ces rapports des forces sociales que nous cherchons de mettre en jeu chaque fois de manière pacifique et partagée. Samedi, dans le Val de Suse, il y aurait bien pu avoir trois millions de personnes à manifester, que ça n’aurait pas fait bouger d’une virgule les rapports de force présents sur le territoire, justement parce qu’il n’y a plus d’espace pour une médiation possible. La TAV n’est pas une question italienne, et encore moins peut-elle être évaluée par quelque gouvernant de cette province toujours moins importante de l’Empire. La TAV a été imposée par l’Europe, le Val de Suse n’est qu’un micro-territoire inconnu qui doit accueillir le passage d’une ligne à Grande Vitesse (et à Grands Profits) qui part de Lisbonne et finit à Kiev. En Europe, on ne sait même pas où est le Val de Suse, et aucune manifestation politique ne pourra changer les plans que le capital international a déjà arrêtés : éliminer les trains à vitesse normale, économiques et garantissant le libre déplacement des citoyens sur le territoire, pour les remplacer par des trains de classe, pour riches, superrapides et supercoûteux.
Une autre chose que nous apprenons des événements entre samedi et aujourd’hui, c’est que la manifestation de la vallée a été fondamentale, elle a confirmé le cadre dans lequel nous pouvons intervenir. Elle a rappelé, si jamais il en était besoin, que sur ce territoire, le refus du projet européen de grande vitesse constitue une majorité numérique et culturelle. Mais une fois cela dit, les conditions changent. La manifestation a défini le terrain de légitimité, maintenant, il nous revient d’intervenir efficacement pour faire avancer la lutte contre la Grande Vitesse. Samedi, nous avons compris que nous sommes la majorité et que nous avons l’appui de la population valsusaine. Maintenant, nous devons transformer cet appui en une lutte victorieuse, pratiquer les objectifs adéquats, comprendre que la logique du nombre n’est pas la seule dans laquelle nous pouvons intervenir. La logique du nombre a un sens beaucoup plus élevé quand nous devons faire valoir notre rapport de force à l’intérieur de la médiation politique. Mais celle-ci n’existe plus. Ce ne sont certes pas les partis parlementaires les interlocuteurs qui décident si on fait ou pas le TAV ; et si Monti est certainement quelqu’un qui a un pouvoir de décision, ce n’est pas pour son rôle de président du conseil italien, mais bien plutôt parce qu’il est un des pions fondamentaux du programme néo-libéral international.
La lutte contre la TAV représente aujourd’hui toutes les luttes.
Allons-y.
Traduit de l’italien (Militant, 28 février 2012) – No Tav France.
Les mandarins, les universitaires, oui bien sûr, mais comptions-nous sur eux ?
Pour les ouvriers, c’est pas pareil, c’est plus grave, beaucoup plus.
Que « penser » (on sait en fait) de ces mandarins, universitaires, qui lors d’un mouvement social d’étudiant-e-s acceptent que des vigiles ou des flics filtrent les entrées de la fac ? …
Que penser de ces ouvriers qui, protégés par les forces de répression, turbinent à bétonner l’endroit : Val de Suse, ZAD, etc…?
Idem pour ceux qui bossent à construire du nucléaire, des bagnoles, des autoroutes, des armements,etc…
Ah! mais, « On fait ce qu’on nous dit de faire » c’est la réponse à tout les coups, « on n’y peut rien » « On obéit ».
Misère, résignation salariée c’est ça ou le chômage, et la famille et les enfants, etc…
Arrêtez le travail, arrêtez tout,
Pas de TAV.