Semaine n° 06 – 06/02/2012
« On ne peut pas encourager la guerre et la paix à la fois »
Depuis plusieurs années, avant même les événements de la Lybie, le Mali a mis la pression sur la population en l’étouffant par l’inertie vis-à-vis d’AQMI. Cela fut une contrainte pour les organisations non gouvernementales, seules structures qui se préoccupent de la population de l’Azawad. Leurs activités furent réduites afin de tuer en elle toute possibilité indépendantiste de mesurer l’état de désagrégation économique des populations. Il est important de rappeler que ces populations vivent essentiellement du tourisme et des dons au niveau international depuis 50 ans.
Pour la paix, la réaction de l’opinion publique au sud du Mali n’est pas du tout encourageante dans la mesure où elle « n’est pas prête à faire des concessions pour la paix ». Ceci est un signe que l’État lui même ne l’est pas et ne l’a jamais été et pour preuve il n’a jamais respecté les accords déjà existants.
1. Événements
Trilogie GSPC-Mali-AQMI
L’État malien incapable de fournir des arguments valables sur l’insécurité et les motifs réels des soulèvements dans l’Azawad et en même temps honorer ses engagements internationaux et sous-régionaux, il mène une campagne médiatique et diplomatique pour faire croire à l’opinion internationale qu’il est attaqué par AQMI. Pour ce faire, le gouvernement malien adopte les stratégies suivantes :
La première consista à donner l’impression de s’attacher à la survie des communautés à la fois autochtones de l’Azawad et minorités. Le Mali ratifie des traités internationaux prônant leur défense (comme la convention relative aux droits des peuples autochtones et celle relative aux droits des minorités). Le minimum dans l’application et la mise en œuvre de ces conventions reste la communication et en informant l’opinion nationale, surtout la population cible. Ce qui n’a pas été réalisé malgré les recommandations des dispositions desdits traités.
La seconde fut de permettre à l’ancien GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat) algérien devenu depuis quelques années Al-Qaïda au Maghreb (AQMI) de faire de l’Azawad sa base arrière. Entre 2002 et 2009, le chef suprême de ce mouvement a été aperçu en compagnie d’officiers maliens jusque dans la région de Tombouctou. Le Mali savait [depuis] fort longtemps que ce mouvement est courtisé par Al-Qaïda dans le but de lui permettre de se faire une zone de forte présence et de recrutement entre le Maghreb et l’Afrique au sud du Sahara.
L’intérêt du gouvernement malien dans le maintien de cette situation de chaos dans l’Azawad est multiple et variable :
• Trouver un revenu secondaire à certains hauts placés militaires à travers le trafic de stupéfiants facilité par ceux-ci sous couverture des mouvements islamistes installés ;
• Faciliter et permettre un rapprochement progressif entre les populations autochtones vulnérables de l’Azawad et les extrémistes afin de conduire à l’instauration d’un amalgame au fur [et à mesure] des années ;
• Être dans les prochaines années parmi les États maillons et incontournables dans les programmes internationaux de lutte contre Al-Qaïda dans cette partie du monde ;
• Bénéficier d’une aide militaire et d’une couverture diplomatique et politique lui permettant de lancer des opérations militaires contre les Azawadis particulièrement touareg et arabes qu’il a lui même conduits et initiés à intégrer aux extrémistes.
S’agissant du non-respect et du désengagement total des accords d’Alger qui stipulaient dans leurs clauses une démilitarisation de l’Azawad, il suffit à tout celui qui veut s’en rendre compte de voir le nombre des casernes érigées par le gouvernement malien dans la zone. Et pour édifier le lecteur, nous soumettons à son honorable attention la liste ci-dessous énumérée :
Région de Kidal
Kidal ville : 02 camps militaires, 01 de la garde nationale, 01 escadron de la gendarmerie et 01 brigade de la gendarmerie, 01 commissariat de police ;
Tessalit : 01 camp militaire, 01 poste de police, 01 brigade de gendarmerie ;
Aguelhok : 01 camp militaire, 01 camp de garde ;
Anefis : 01 bataillon militaire, 01 brigade de gendarmerie ;
Tinzawaten : Un contingent mixte (militaires, garde nationale, gendarmerie, police…) l’un des plus importants avant leur déroute en 2012 ;
Unité méhariste à In-Ebag, Abeibara, Tin Essako…
Région de Gao
Gao-ville : 02 camps militaire, 01 escadron de la gendarmerie, 01 commissariat de police, 01 camp de la Garde nationale du Mali ;
Ménaka : 01 camp militaire, 01 camp de la garde nationale, 01 commissariat de police nouveau, 01 brigade de gendarmerie, et une unité méhariste ;
Anderanboukane : 01 camp militaire ;
Ansongo : 01 brigade de la gendarmerie, 01 camp de la garde nationale ;
Bourem : 01 brigade de gendarmerie, 01 camp de garde ;
Gossi : 01 camp de garde, 01 brigade de gendarmerie, une unité méhariste ;
Tessit : 01 brigade de la gendarmerie.
Région de Tin-Bouctou
Tin-Bouctou-ville : 01 camp militaire, 01 camp de la garde nationale, 01 commissariat de police, 01 brigade de gendarmerie ;
Goundam : 01 camp militaire, 01 camp de la garde nationale, 01 camp de la gendarmerie ;
Niafounké : 01 camp militaire, 01 brigade de gendarmerie, 01 camp de garde ;
Léré : 01 brigade de gendarmerie, 01 camp de garde ;
Ber : 01 camp de garde, 01 unité méhariste.
L’Azawad a de tout temps été mis en état d’urgence où les civils croupissent sous la botte des militaires. Son développement fut le cadet des soucis du gouvernement central et en ne choisissant comme administrateurs de développement dans les zones (préfets et gouverneurs) que des officiers véreux, ne travaillant que pour leurs poches et l’abandon de poste et l’absentéisme sont leurs devises d’honneur.
Nous osons donc dire que le problème de l’Azawad ne sera pas réglé dans un contexte géopolitique mouvant et que ce qui s’est passé en Libye peut à tout moment se passer dans un autre pays de la sous-région et qu’il est inimaginable qu’un peuple entier soit obligé de fuir sa terre natale parce qu’en face il y a un gouvernement qui ne respecte aucun accord conclu et n’a aucune vision d’avenir et de prospérité pour ce peuple.
La justice militaire n’est pas la justice, la musique militaire n’est pas la musique et le sport militaire n’est pas un sport… Comment le développement peut-il être fait par des militaires, dans quelle partie au monde cela s’est vu ?
2. Faits
Faits sur le terrain prouvant la responsabilité et le respect des normes internationales par le MNLA et les abus commis par les autorités maliennes :
• Mobilisation des organisations humanitaires et Médecins du Monde reprend du service dans l’Azawad
• Remise de 03 prisonniers maliens au Comité International de la Croix-Rouge
• Gossi : dérapage de l’armée malienne : « … Les éléments d’Ibrahim Bossou entreront dans le campement abritant 500 personnes environ et selon plusieurs témoignages, dépouilleront les populations, feront coucher les gens sur le ventre, déshabilleront les femmes… Ces informations nous ont été confirmées par le maire de Gossi, Mossa Ag Elmouner, très déçu de ces comportements… »
• Débat sur BBC Arabica sur l’Azawad-Mali avec le journaliste Maki Ihlan et la participation du président du bureau politique-MNLA
• Combats à Tessalit
Après des combats ayant duré plus de (12) douze heures de minuit à l’après midi du dimanche 04/02/2012, entre l’armée révolutionnaire du Mouvement National de Libération de l’Azawad et le renfort de l’armée d’occupation dirigée par (03) trois officiers, des plus redoutés au Mali, les combattants de la Libération de l’Azawad ont anéanti totalement et sans appel ce renfort de l’armée d’occupation et d’invasion. Le bilan du matériel saisi est le suivant 02 chars ; 02 camions-BM-porteurs de missiles ; 06 véhicules équipés de 12,7 mm et plusieurs autres équipements.
3. Hommes
Déclarations de certains responsables gouvernementaux prouvant leur animosité envers le peuple de l’Azawad :
• Soumeylou Boubèye Maïga, Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale du Mali : « Le MNLA n’est pas une rébellion, mais c’est un mouvement ayant des moyens illégitimes. Nous les combattrons et ce sont les rapports de force qui détermineront une éventuelle discussion. Pour le moment notre priorité, c’est d’établir la sécurité sur tout le territoire. »
• Mahamadou Diagouraga, Directeur Général de la Police Nationale-Mali : « Signer un accord avec un mouvement, ne lui donne pas forcement une importance. On signe des accords à longueur de journée avec les syndicats ! Un accord, c’est juste signer quelque chose pour dire qu’on est convenu de ça. N’accordez pas d’importance au MNLA. »
• Collectif des ressortissants du Nord (Coren) : « … appeler à la mobilisation et l’effort de guerre, entamer le processus de dialogue, engager une vaste opération diplomatique pour rendre lisible l’action de l’État, engager des procédures judiciaires pour situer les responsabilités… »
• Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), candidat à la présidence du Mali : « Il n’y aura pas de vraie solution à la crise au Nord sans tenue de l’élection présidentielle le 29 avril. »
Avis de personnalités indépendantes :
• Les Sénateurs Francesco Ferrante et Roberto Della Seta, membres de la Commission extraordinaire des droits humains interpellant le Ministre des Affaires Étrangères italien : « Le gouvernement italien doit s’activer au plus tôt au niveau international par rapport au gouvernement du Mali pour que s’arrête chaque forme de nettoyage ethnique, de torture, d’abus et de négation des droits humains dans ce pays africain… » Rome, 2 mars 2012
Déclarations de certaines personnalités de l’Azawad :
• Bakay Ag Hamed Ahmed, Chargé de Communication, Informations et relais avec les Médias : « L’État Major du Mouvement National de Libération de l’Azawad tient ses positions et contrôle le camp d’Amachach. Ce camp ne compte que quelques militaires sans provision et coupés du reste du monde, depuis plusieurs semaines. »
• Mahmoud Ag Ghali, Président du Bureau Politique-MNLA : « Nous serons là, jusqu’à la libération de l’Azawad. J’en appelle à toutes les organisations Internationales d’aider le peuple de l’Azawad, cela reste la seule solution pour ce peuple ayant enduré plus de 50 ans avec le Mali. »
On ne peut pas encourager la guerre et la paix à la fois
Boubeye Maiga est un ressortissant de l’Azawad, le MNLA le considère comme tel, n’eut été le rôle qu’il joue auprès du pouvoir central, sa connaissance du contexte devrait l’amener à la même conclusion sans avoir besoin que le MNLA soit né. Ce sont ses parents qui souffrent des conséquences de tout ce qui se passe et comme certains ressortissants de l’Azawad marginaux. Ils sont plus intéressés par leur positionnement politique personnel et les enveloppes distribuées par Koulouba que par le sort de l’Azawad et de ses populations.
Soit on tait les armes pour le dialogue soit on fait la guerre mais les deux à la fois ne peuvent être possibles et le MNLA ne se fera pas endormir. Le Mali a longtemps critiqué la France d’en faire trop par rapport à AQMI voire d’instrumentaliser la question d’AQMI et on se rend compte que le même Mali instrumentalise plus que ne l’a fait la France et les pays occidentaux de la question. Cela dans l’objectif d’avoir carte blanche lui permettant de confondre sa population aux terroristes et de l’assassiner en toute impunité en utilisant des raccourcis foireux qui ne trompent que les gens peu avertis. Le Sud Soudan a été acclamé et félicité par le Mali, les Nations Unies et l’Union Africaine.
Pourquoi cela posera t-il un problème aujourd’hui pour l’Azawad ? Faut-il passer encore 50 années comme l’a fait le Sud Soudan pour conclure à l’évidence ?
Pour le MNLA
Khoumeidy AG Acharatmane
Communiqué du MNLA, 6 mars 2012