Pascal Vaillant demande justice
Un passant de 44 ans a été grièvement blessé au pied lors de la manifestation du 29 janvier 2009 à Saint-Nazaire. La plainte de Pascal Vaillant a abouti à un non lieu. Il fait appel.
Lors de la manifestation du 29 janvier 2009, qui a rassemblé 18’000 personnes, 469 grenades lacrymogènes ont été tirées à Saint-Nazaire. Pas loin de la place de Quat’z horloges, devant le magasin ED, vers 18 heures, Pascal Vaillant a été piégé avec d’autres passants entre des CRS et des manifestants. « J’ai vu une fusée glisser vers moi, par instinct de protection j’ai voulu la repousser avec le pied et ça a explosé », se souvient Pascal Vaillant. Parce que c’était une grenade explosive GLI [Grenade lacrymogène instantanée] et non une grenade lacrymogène. La différence ? L’une est assez inoffensive ; l’autre, la GLI, est classée dans la catégorie des armes et ne doit surtout pas être lancée par terre, mais dans l’air pour exploser.
Pascal Vaillant a donc été gravement blessé, son état nécessitant seize opérations en quelques semaines et l’amputation de deux orteils du pied droit. Aujourd’hui, il ressent encore cruellement les effets de cette grenade : il prend quotidiennement des anti-douleurs, est toujours en rééducation et a besoin d’une canne pour marcher sur de longues distances. « La douleur me mine l’esprit, j’ai du mal à me concentrer ; c’est comme si je vivais toujours avec une entorse à la cheville », ajoute Pascal Vaillant, aujourd’hui âgé de 44 ans et ne pouvant pas travailler.
Plaintes et appel
Dès le 30 janvier 2009, Pascal Vaillant a déposé plainte pour blessures involontaires. Le 9 mars 2010, elle a été classée sans suite. Une plainte en constitution de partie civile a alors été déposée et confiée au juge d’instruction. Une ordonnance de non lieu a été déclarée le 8 février 2012. « Parce que les éléments d’enquête montrent des charges insuffisantes pour poursuivre quiconque ayant fait une action entraînant des blessures involontaires », explique Erwan Le Moigne, avocat de Pascal Vaillant. La Commission Nationale de Déontologie et de Sécurité a aussi été saisie. Sans influence effective, elle rend des avis qui peuvent être pris en compte. Aucune conclusion n’a encore été rendue sur l’action de la police. Le 15 février, une procédure en appel a été lancée ; elle sera étudiée par la cour d’appel de Rennes. « Nous ne pouvons pas accepter qu’on classe sans suite cette affaire », ajoute Erwan Le Moigne. Mais trois ans après les faits, il a surtout le sentiment qu’il n’y a toujours pas eu de véritables investigations, mais une volonté de classer l’affaire. Pascal Vaillant se dit, quant à lui, « choqué par le non lieu. si j’étais mort, on aurait dit à mes enfants que ce n’était la faute de personne ! »
Des zones d’ombres
Pour l’avocat, les CRS ont utilisé des armes dangereuses sans ordre et sans précautions d’usage ce qui a entraîné un blessé. Dans les rapports, le commissaire général de ce jour-là a expliqué l’utilisation les grenades explosives vers 18 heures car il n’y avait plus de grenades lacrymogènes. Or, selon un rapport de l’IGN, « les deux types de grenades ont été utilisés dès 17 heures. Nous considérons qu’il y a des responsabilités pénales à trouver : que ce soit celui qui a lancé la grenade ou le responsable des opérations », souligne Erwan Le Moigne. C’est pourquoi la mise en examen du commissaire principal chargé des opérations ce jour-là est demandée ainsi qu’un supplément d’informations.
Leur presse (SaintNazaire-infos.fr, 15 février 2012)