65’999 détenus dans les prisons françaises, nouveau record
Le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint le 1er février un nouveau record historique, avec 65’699 personnes incarcérées, selon les statistiques mensuelles de l’administration pénitentiaire (AP) publiées vendredi. Le précédent record était de 65’262 détenus au 1er décembre 2011.
+ 6,4% en un an. Le nombre de 65’699 personnes incarcérées au 1er février représente une hausse de 6,4% sur un an (61’771 au 1er février 2011) et de 1,4% sur un mois (64’787 au 1er janvier 2012).
114,8% de taux d’occupation. Il y a au 1er février 57’213 places de prison disponibles, ce qui représente un taux d’occupation de 114,8% (113,2% au 1er janvier).
Le nombre de personnes prévenues (en attente de jugement) s’élève à 16’463, soit le quart des personnes incarcérées. Les mineurs détenus sont 723 au 1er février, en hausse de 1,5% par rapport au mois précédent (712).
Leur presse (Agence Faut Payer, 17 février 2012)
La direction de l’administration pénitentiaire se garde bien de diffuser certains chiffres : « Au 1er février 2012, 11.314 personnes bénéficient d’un aménagement de peine sous écrou, soit 19,3 % de l’ensemble des personnes écrouées condamnées », indique-t-elle dans son bulletin mensuel publié vendredi 17 février 2012 (dépêche de l’agence AISG).
Mais la direction de l’administration pénitentiaire oublie de nous dire aussi que le nombre (absolu) de condamnés sans aménagement de peine a atteint, à cette date, un nouveau record historique : 46.945, le précédent record était de 46.357 au 1er décembre 2011.
Cette administration oublie tant d’autres choses. Ce ne sont pas ici questions de spécialistes : en période électorale, plus qu’à tout autre moment, nous avons le droit de savoir, les citoyens ont le droit de savoir, quelle est la situation des prisons de la République, de nos prisons.
Au 1er février 2012, le nombre de personnes sous écrou a atteint un nouveau record historique : 75.222 (France entière) : 16.463 prévenus détenus, 49.236 condamnés détenus, 8424 condamnés placés sous surveillance électronique en aménagement de peine, 500 condamnés placés sous surveillance électronique en fin de peine et 599 condamnés en placement à l’extérieur, sans hébergement pénitentiaire. Le précédent record était de 74.108, au 1er décembre 2011.
La population effectivement détenue a elle aussi atteint un nouveau record historique : 65.699 (16.463 prévenus détenus + 49.236 condamnés détenus). Le précédent record était de 65.262, au 1er décembre 2011.
En un an, la population sous écrou a augmenté de 9,2 %, la population détenue de 6,4 %. Pendant la même période, le nombre de places opérationnelles a augmenté de seulement 1,3 % : 57.213 places contre 56.454, 759 places de plus en un an, pour 3928 détenus de plus.
Malgré notre insistance, l’administration pénitentiaire se refuse toujours à communiquer le niveau réel de surpopulation, c’est à dire le nombre de « détenus en surnombre » : somme des écarts entre le nombre de détenus et le nombre de places dans les seuls établissements surpeuplés. Au 1er février 2012, le nombre de détenus en surnombre, calculé par nos soins est de 11.705. Il a augmenté de 27 % en un an (9199, il y a douze mois, soit 2506 de plus).
Au 1er janvier 2012, Le nombre de détenus dormant sur un matelas posé à même le sol était de 629, contre 204, un an avant, soit 3 fois plus. L’administration pénitentiaire ne nous a pas encore fourni le chiffre au 1er février 2012.
A la mi-février, nous n’avons pas pu obtenir de données sur les suicides sous écrou, enregistrés en 2011. Les données sur les entrées sous écrou de 2011 ne semblent pas non plus disponibles (aucune donnée sur le 3e trimestre 2011, ni évidemment sur le 4e). Ces données dites de flux sont pourtant indispensables pour analyser les raisons de l’inflation carcérale actuelle : est-elle due à une augmentation des placements sous écrou et/ou à une augmentation des durées (temps passé sous écrou) ?
Et ne parlons pas des données concernant la population des personnes placées sous main de justice en milieu ouvert : prévenus placés sous contrôle judiciaire, condamnés avec sursis et mises à l’épreuve (SME), condamnés au travail d’intérêt général (TIG), condamnés en libération conditionnelle (LC), etc. Aucunes données actualisées depuis plus d’un an !
Au rythme où vont les choses – et en tenant compte des variations saisonnières – le prochain gouvernement pourrait se trouver, au 1er juillet 2012, à gérer 80.000 personnes sous écrou dont 69.000 personnes détenues. (…)
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/325469-prisons-l-administration-penitentiaire-ne-doit-plus-cacher-les-chiffres.html