Les forces de sécurité syriennes ont tiré samedi sur des milliers de personnes participant à des funérailles dans le quartier de Mazzé, à Damas, le premier rassemblement de cette ampleur tout près du cœur de la capitale depuis le début de la révolte en mars 2011. (…)
Un manifestant a été tué et plusieurs autres blessés à Mazzé, un quartier stratégique du centre-ouest de Damas, dans les funérailles de manifestants tués la veille dans le même quartier, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
« Les funérailles se sont transformées en manifestation à Mazzé. C’est le rassemblement massif le plus proche de la Place des Omeyyades », la célèbre place du centre-ville, a affirmé à l’AFP Rami Abdel Rahmane, chef de l’OSDH.
« C’est la première fois que des manifestations revêtent une telle ampleur jusqu’au centre de Damas », a déclaré à l’AFP Mohammad Chami, porte-parole des militants dans la province de Damas. Selon lui, les funérailles ont rassemblé « 15.000 personnes », malgré la menace des services de sécurité et la neige qui tombait samedi sur Damas.
Il a évoqué des « tirs nourris » contre les manifestants. « Après les tirs, les gens se sont cachés là où ils le pouvaient », a-t-il ajouté. « La télévision d’État n’a pas couvert les faits alors qu’ils se déroulaient à quelques pas » de ses locaux.
Surplombé par le palais présidentiel, le quartier de Mazzé abrite de nombreuses ambassades, des bâtiments gouvernementaux et des services de sécurité.
Une campagne de perquisitions et d’arrestations était en cours dans le quartier, selon l’OSDH. Vendredi, des manifestations inédites avaient secoué le quartier avant d’être réprimées par les forces de sécurité, faisant au moins quatre morts. (…)
Leur presse (Agence Faut Payer, 18 février 2012)
Les manifestants défient le régime jusqu’à Damas et Alep
Révolte L’armée s’acharne sur Homs ; au moins 56 civils tués hier.
Plusieurs quartiers de Damas et Alep étaient secoués hier par des manifestations inédites, se joignant aux dizaines de milliers de personnes à travers le pays pour réclamer la chute du régime. Aux cris de « Dégage ! », adressés au président Bachar el-Assad, les manifestants ont bravé la répression du régime à Damas. Mais les forces du régime ont à nouveau tiré sur les manifestants en ce « vendredi de la résistance populaire », faisant au moins deux morts, dont un enfant, et une dizaine de blessés dans le quartier de Mazzé, dans l’ouest de la capitale, selon une ONG syrienne. « C’est la première fois que les manifestations s’étendent aux quartiers chics », a affirmé Moaz Chami, des Comités locaux de coordination, sans préciser le nombre de manifestants.
Relativement peu touchée par la révolte, la ville d’Alep a également été mobilisée dans au moins 12 quartiers, ainsi qu’en province. « Liberté pour toujours, que tu le veuilles ou pas Bachar », criaient les habitants dans la localité de Kallassa. « Nous ne céderons pas face aux chars et aux canons », « Nous avons le peuple, ils ont l’armée », scandaient des manifestants dans la province d’Idleb, qui a connu des manifestations massives, à l’instar de la province de Deraa, où une personne a été tuée par des tirs. Les militants antirégime avaient appelé à entamer une « nouvelle étape » dans leur action et « ne plus rester les bras croisés » face à la répression de la révolte.
Les manifestations ne se sont pas résumées à la Syrie. Des milliers d’Arabes israéliens étaient rassemblés dans la ville de Kafr Kanna (nord de l’État hébreu) aux cris de « Bachar el-Assad dégage » et « laisse le peuple vivre ». Au Caire, des centaines d’Égyptiens et de Syriens ont manifesté devant l’ambassade de Syrie, réclamant notamment l’expulsion de l’ambassadeur.
Les violences d’hier ont fait au total entre 27 et 56 morts civils, selon les sources, dont 13 dans le quartier de Baba Amr à Homs, touché par le bombardement le plus violent depuis deux semaines. « C’est d’une violence extrême, on n’a jamais connu ça. C’est en moyenne quatre roquettes tirées par minute », a affirmé Hadi Abdallah, membre de la Commission générale de la révolution syrienne. « Il y a eu 1 800 blessés en deux semaines », a rapporté le docteur al-Hazzouri à Baba Amr, joint via Skype, évoquant des blessés « qui souffrent en attendant la mort ». Des militants dénoncent régulièrement une crise humanitaire à Homs, dont plusieurs quartiers manquent de vivres et d’aide médicale et peinent à communiquer avec le monde extérieur. (…)
Leur presse (LOrientLeJour.com, 18 février 2012)