Discussion sur la campagne actuelle de chasse aux « fraudeurs », Vendredi 17 février à Paris 20e

Vendredi 17 février à 19h30 au café des Lauriers, 98 rue des Couronnes, 75020 Paris, m° Couronnes

Discussion sur la campagne actuelle de chasse aux « fraudeurs » et sur les possibilités de réponses collectives face à ces attaques.

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Texte d’appel à la soirée :

RSAstes socle ou chapeau, chômeurs de fraîche ou longue date, salariés en pause ou en arrêt maladie, intermittents, intérimaires, mères ou pères isolées, précaires, étudiant avec ou sans allocation logement, employé au quart de smic, avec ou sans papier… Nous sommes des centaines de milliers rien qu’à Paris à avoir à faire aux institutions sociales. Et partout, que ce soit à la CAF, à Pôle emploi, à la sécu ou ailleurs nous sommes tous présumés coupables de fraude. Tout allocataire est pour l’institution sociale un fraudeur en puissance et contraint à se soumettre à toutes formes de contrôle s’il veut continuer à toucher ses maigres allocations de survie. Des panneaux d’affichage dans chaque antenne CAF intimident les nouveaux arrivants avec la description des amendes et peines de prison qu’ils pourraient encourir en cas de fraude.

La chasse aux fraudeurs fait évidemment partie des discours de campagne présidentielle : «  Frauder c’est voler » annoncent les spots publicitaires ministériels. Le gouvernement  publicise les chiffres de LA fraude et organise la confusion : la fraude patronale et la fraude aux allocations sont mises dans le même panier. On se félicité de la mise en place d’un arsenal de lutte contre la fraude et on enjoint tout le monde, toutes classes sociales confondues, à participer à cette guerre pour défendre l’intérêt commun, pour perpétuer l’ordre social. Ainsi celui qui « triche » aux allocations triche au détriment de la société-même. Les patrons et leurs salariés, Bettencourt et son facteur ou sa femme de ménage auraient le même intérêt. Il s’agit bien là de nier toute nécessité d’organisation d’ « en bas », de faire croire à la fin de la lutte des classes.

Cette campagne de chasse aux fraudeurs permet aussi aux gouvernants de montrer que des actions concrètes sont menées contre la « crise », de rassurer les classes moyennes angoissées par la dégradation de leurs conditions de vie : on construit ainsi le modèle d’un mauvais pauvre qui serait individuellement responsable de la misère organisée de cette société. On pourra bien parler de moraliser les banques et la finance mais la domination capitaliste reste une évidence intouchable elle.

La chasse aux fraudeurs est un appel à la délation, un appel à la démarcation : Montre-moi que tu es un bon pauvre, fais-toi contrôler, fais du zèle, montre ta bonne foi au prix de ta liberté et de ta dignité, cours, cours plus vite que ton collègue de taf, démarque-toi des chômeurs fainéants et l’institution tamponnera ta bonne foi, la disponibilité à accepter tout et n’importe quoi mérite une marque de reconnaissance tout de même !

La chasse aux fraudeurs est également un instrument de peur. Ça marche tellement bien que beaucoup de potentiels allocataires ne demandent même  pas ce à quoi ils ont droit. Ça marche tellement bien que nous sommes trop  nombreux à nous soumettre à des contrôles, à des humiliations, à des refus, sans se battre. À la CAF comme dans l’emploi, la culpabilisation, la peur de se faire radier ou virer –jusqu’à se faire criminaliser– neutralise toute forme de protestation, voire de révolte.

Ces modalités de stigmatisation et de division font évidemment fond sur la défense de la valeur travail. C’est en ce nom, « le travail, c’est la liberté », que le gouvernement prétend redonner leur dignité aux RSAstes en annonçant, en novembre dernier, le lancement dans plusieurs départements d’une expérimentation de travail obligatoire de 7 heures par semaine en échange du maintien de l’allocation. Et c’est encore au nom de la valeur travail que le candidat de la majorité a proposait il y a quelques jours la formation obligatoire et le travail obligatoire pour les chômeurs. Évidemment en cette période de campagne, toute la gauche s’est offusquée de cette proposition mais n’oublions pas qu’en 1998 en plein mouvement des chômeurs, le socialiste Lionel Jospin alors premier ministre de la cohabitation déclarait qu’il voulait « une société de travail pas d’assistance ». Alors chers assistés, il va bien falloir nous organiser contre ces attaques actuelles et à venir.
Défendons-nous.

À tous ceux qui ont déjà fait des faux dossiers pour accéder à un logement, ceux qui auto réduisent leurs horaires de travail en prenant des arrêts maladie, celles qui tout en ayant un compagnon se déclarent  « mère isolée » pour garder leur indépendance et leurs revenus, ceux qui ne déclarent pas quelques heures de travail au black pour garder leur RSA en totalité etc., etc.,
Pas de honte qui tienne.
Je me débrouille, tu te débrouilles, embrouillons-les !

Des collectifs de chômeurs et précaires existent déjà de-ci de-là. Hier plusieurs Pôle emploi étaient occupés en France et des chômeurs se barricadaient dans une agence de Rennes tout en exigeant la fin des radiations. Mais pour ne pas nous laisser écraser définitivement il est temps que toutes ces questions sortent plus largement au grand jour, qu’elle ne restent pas de l’ordre du privé, il est temps que des collectifs fleurissent, partout.
Rencontrons-nous !

Contact

Un guide internet et papier des contrôles domiciliaires de la CAF est disponible ici.

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