La stratégie des jeunes pro-Poutine pour envahir la Toile
Un groupe de pirates russes affirme avoir la preuve que les « jeunesses poutiniennes » payent cher pour diffuser leur propagande sur la Toile.
Avant l’élection présidentielle russe du 4 mars, pro et anti-Poutine se livrent à une guerre d’influence médiatique. La bataille se joue sur deux principaux fronts : la télévision et Internet. Si la première est encore largement contrôlée par le pouvoir, le web est le média privilégié par les contestataires. Afin de remettre la main sur la Toile, les Nachi, « jeunesses poutiniennes » créées en 2005, se sont fait une spécialité d’inonder les forums et blogs ennemis de commentaires favorables au pouvoir en place. Et pour parvenir à leurs fins, ils n’hésitent pas à payer cher des internautes. C’est ce que révèlent, selon le Guardian, des centaines d’emails d’activistes que des hackers russes, se réclamant du mouvement Anonymous, affirment avoir piraté. Ces messages électroniques, échangés entre novembre 2010 et décembre 2011, détaillent la stratégie des Nachi.
Jusqu’à 15.000 euros pour des centaines de commentaires
Certains internautes auraient ainsi reçu jusqu’à 15.000 euros pour laisser des centaines de commentaires en ligne sous les articles de presse défavorables au premier ministre. D’autres auraient été payés pour manipuler les compteurs de sites comme Youtube, en allant massivement cliquer sur l’icône « Je n’aime pas » sous les vidéos visant le pouvoir. D’autres messages confirment que les Nachi sont à l’origine de manipulations, comme une vidéo comparant l’opposant Alexeï Navalny à Hitler, ou de campagnes de propagande, comme l’armée féminine de Poutine qui appelait les jeunes femmes russes à déchirer leur t-shirt pour le leader.
Très récemment, lors des importantes manifestations contestant le résultat des élections législatives en décembre dernier, les emails piratés dévoilent la réflexion menée par les Nachi sur les moyens de discréditer la contestation montante. « Si nous ne le faisons pas à temps, ces leaders d’opinion vont continuer à manifester dans les rues », écrit le 11 décembre Nikita Borovikov, chef des jeunesses poutiniennes, qui craint que les choses ne tournent « à l’ukrainienne », en référence à la « révolution orange » de 2004.
Les opposants russes soupçonnent depuis longtemps l’utilisation de tels procédés mais ces emails en sont la première preuve. Contacté par le Guardian, la porte-parole des Nachi, Kristina Potopchik n’a pas voulu confirmer leur authenticité. Mais en refusant « de commenter des actions illégales », elle reconnaît implicitement le piratage subi. Quant à Nikita Borovikov, qui reconnaît également que sa messagerie électronique est « périodiquement piratée », elle s’est contentée de déplorer un procédé « immoral ».
Leur presse (Thomas Vampouille, LeFigaro.fr, 8 février 2012)