[Fleury-Mérogis] Comment accommoder le maton

Fleury-Mérogis (Essonne) : deux gardiens de la prison agressés dans leur immeuble

Ils ont été traités de « sales matons » et roués de coups, dans leur résidence de Fleury-Mérogis, à deux pas de la maison d’arrêt où ils travaillent.

Ils vont travailler avec une certaine peur au ventre. Et le soir, cette angoisse les suit jusqu’à leur domicile. À la suite de l’agression de deux d’entre eux dans leur résidence, des surveillants de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis tirent la sonnette d’alarme sur une cohabitation à leurs yeux inappropriée.

Il est entre 19h45 et 20 heures, ce dimanche.

Dans le hall de leur immeuble, une résidence jouxtant la prison et habitée principalement par des gardiens, des jeunes se retrouvent. Avec l’alcool, les décibels montent et quelques dégradations matérielles suivent. Un premier locataire, employé à la maison d’arrêt, descend pour les faire partir. Encerclé par une dizaine d’individus, il se fait rouer de coups par trois ou quatre d’entre eux. Des voisins sortent. Et un de ses collègues est également pris à partie. Quatre des agresseurs sont interpellés et placés en garde à vue. Très choquées, les victimes, blessées au visage et aux oreilles, ont porté plainte hier auprès de la gendarmerie.

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« À l’extérieur, ce quartier est surnommé Matonville »

Pour l’Ufap-Unsa, le squat des halls n’est pas nouveau. « Mais cette fois-ci, nous avons atteint un certain niveau de violence », dénonce Gérald Ferjul. Le secrétaire local de ce syndicat va même plus loin. D’après lui, l’agression est liée au travail des deux gardiens. « À l’extérieur, ce quartier est surnommé Matonville. Dimanche, ils ont été traités de sales matons. » Et d’ajouter que les hommes passés à tabac ont reconnu des gens déjà croisés en prison. « Ils craignent les représailles », continue le syndicaliste.

Gérald Ferjul demande qu’un parc immobilier soit exclusivement réservé au personnel pénitentiaire. Car dans cette résidence, en plus des fonctionnaires de la prison, vivent des familles, qui ont obtenu un logement social par la ville ou par la préfecture. Il n’est pas impossible que des ex-détenus deviennent les voisins de surveillants. « Je ne pense pas que nous en avons. Mais lorsque nous recevons les dossiers, nous n’avons aucun moyen de le savoir », précise-t-on chez le bailleur RLF, qui a également porté plainte.

« La préfecture nous met ici des personnes en situation de grande difficulté, voire à risques, qui sont parfois exclues par d’autres villes », déplore David Derrouet, le maire PS de Fleury. L’élu doit adresser ce matin un courrier au ministère de l’Intérieur et à la préfecture pour demander qu’« il y ait un basculement du contingent préfectoral vers celui de la ville et du bailleur ». Contactée, la préfecture n’a pas souhaité répondre. Le bailleur tient lui à préciser que sur les 600 logements, 14 sont attribués par la préfecture, 107 par la commune, 350 par l’administration pénitentiaire et le reste à d’autres fonctionnaires.

Leur presse (Marie d’Ornellas, LeParisien.fr), 31 janvier 2012.

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