Chili : obsèques des pompiers tués, incidents dans une région mapuche
Sept pompiers morts dans un feu de forêt ont été inhumés dimanche dans le sud du Chili, où plusieurs incidents violents, dont une maison incendiée et des tirs contre la police ont été enregistrés ce week-end dans une région de tensions récurrentes avec la minorité Mapuche.
Les obsèques des sept hommes, qui avaient péri encerclés par les flammes jeudi près de Carahue, à 700 km au sud de Santiago, ont été célébrées dans cinq villages distincts, entre les régions de Bio Bio et d’Araucanie, où un deuil officiel avait été décrété pour la journée.
La vague d’incendies de forêt qui frappe le Chili, plus de 60 foyers depuis une dizaine de jours, a fait au total neuf morts, et détruit plus de 51.000 hectares de végétation.
Le président Sebastian Pinera a réaffirmé dimanche que le gouvernement avait des éléments, des informations et preuves de nature multiple signalant que beaucoup de ces incendies ont été intentionnels, et non le fruit du hasard ou de la nature.
Il a justifié la plainte déposée vendredi par le gouvernement en vertu de la Loi antiterroriste, très controversée, en estimant que les incendies intentionnels sont des actes terroristes.
M. Pinera n’a pas évoqué de piste explicite, mais le ministre de l’Intérieur Rodrigo Hinzpeter a jeudi montré du doigt un groupuscule radical d’Indiens mapuche, dont l’Araucanie est un des fiefs.
Un coin de cette province rurale et boisée, près de la commune d’Ercilla, à 600 km de Santiago, a été le théâtre de deux incidents violents dans la nuit de samedi à dimanche, commis par des groupes d’hommes masqués, et qui n’ont pas fait de blessés.
La maison d’habitation d’une grande propriété agricole a été incendiée par cinq hommes, qui ont maîtrisé le couple de gardiens sous la menace d’armes à feu, les ont fait sortir avec quelques effets, puis ont mis aussitôt le feu à la maison, selon le chef de la police régionale Ivan Vega.
Dans l’autre incident, dans la commune proche de Pidima, un groupe indéterminé d’hommes en cagoules a attaqué avec des armes à feu des policiers qui gardaient une propriété foncière, a dit à l’AFP une source policière. La police a riposté et mis en fuite les assaillants.
Des véhicules de police, mais aussi celui d’une équipe de la chaîne de télévision Megavision, ont reçu des impacts de balles.
Une ONG locale des Droits de l’homme, Observatorio Ciudadano, a rapporté dans un communiqué une descente de police dimanche qui aurait fait deux blessés dans une communauté Mapuche proche d’Ercilla.
Selon cette ONG, citant un lonko (leader) de cette communauté, Jose Cariqueo, il y a eu deux blessés dont un avec un impact de petit calibre au genou, et une femme enceinte a du être hospitalisée d’urgence.
L’opération de police n’avait pas été confirmé de source officielle dimanche soir.
La région d’Araucanie est un des fiefs de communautés d’Indiens mapuche (6% des 18 millions de Chiliens), dont une frange radicale est en conflit larvé avec l’État.
Elle réclame notamment la restitution de terres ancestrales saisies à la fin du XIXe siècle. Plus de 600.000 hectares ont été restitués depuis le début des années 1990.
Elle a commis de manière sporadique ces dernières années des attaques ou actes de sabotage, visant des exploitations forestières, des grandes propriétés, ou les forces de l’ordre. Trois Mapuche ont été tués dans des heurts avec la police depuis dix ans.
Leur presse (Agence Faut Payer, 9 janvier 2012)