L’émeute laisse place au vandalisme : 100.000 habitants privés d’eau à M’sila
La ville de M’sila consomme, à elle seule, le tiers des 33.500 m³ d’eau produits chaque jour à travers la wilaya.
Pour se faire entendre, les habitants de M’zaïr, une localité limitrophe du chef-lieu de la wilaya de M’sila, s’en sont pris aux stations de pompage de l’eau potable alimentant la même ville. Dès lors, plus de 100.000 habitants de la ville de M’sila seront privés d’eau potable pour une période indéterminée à cause de la détérioration par des protestataires de deux stations de pompage desservant leurs quartiers, a-t-on appris auprès de la direction locale de l’Algérienne des eaux (ADE). Cet acte a été commis dans le but d’attirer l’attention des pouvoirs publics quant à l’absence d’un réseau d’assainissement au niveau de leur localité.
L’absence totale d’une quelconque société civile, le laxisme des autorités poussent souvent les citoyens en colère à agir en foule inconsciente. Ainsi, après l’émeute, le pourrissement pousse au vandalisme. Si rien ne peut justifier ce genre d’actes, il n’en demeure pas moins que la violence et l’insurrection semblent constituer une alternative. Un mode d’expression souvent efficace puisque plus l’acte est violent, plus il a de chance de susciter la réaction des autorités. « Seule la violence paie chez nous. La capacité de nuisance est un facteur déterminant pour régler toutes sortes de revendications. Cette situation est exacerbée par les événements ou les révoltes arabes », commentent plusieurs observateurs. Un tel sabotage ciblant des infrastructures vitales et sensibles est sans précédent. Pour certains, il est d’une très grande gravité et n’augure rien de bon pour l’avenir. Saboter une station électrique, un gazoduc, voire un pipeline n’est plus une possibilité à écarter. Dès lors que la prime à la violence est érigée en mode de gouvernance, indique-t-on. Par ailleurs, l’inexistance d’une société civile est synonyme d’un saut dans l’inconnu.
Dans ces conditions, les archaïsmes d’antan dont M’sila est un cas d’école en la matière, ne manqueront pas de refaire surface. Cette destruction a touché tous les équipements, les armoires électriques et des moteurs de refoulement qui assurent le pompage de l’eau à partir de huit forages situés sur le territoire du quartier de Mezrir. Le saccage de ces stations vitales, est évalué à pas moins de 7 milliards de centimes. Un sabotage qui a privé d’eau potable la population de M’sila, soit 100.000 habitants.
Avant d’incendier ces deux stations, les habitants ont d’abord procédé en vain à l’aide de pneus brûlés au blocage respectivement de la RN 40, route reliant M’sila-Batna, la route reliant ce quartier à la ville de M’sila et la route menant à la commune de Ouled Madhi. Aux yeux des protestataires, le président d’APC issu du MSP a perdu toute crédibilité et ils ne sont pas près de renouer le dialogue avec lui. Ces habitants revendiquent depuis longtemps, la mise en place d’un réseau d’assainissement, car la prolifération de fosses septiques a contaminé les forages d’eau potable. Le raccordement au réseau de gaz naturel qui traverse leur quartier, la réalisation du réseau d’irrigation détruit sont d’autres revendications mises en avant par les contestataires. Par ailleurs, les services de l’Algérienne des eaux ont dû recourir à la mobilisation de citernes disponibles au niveau de la wilaya et dans les wilayas limitrophes pour alimenter en eau ces quartiers.
Les deux stations de pompage qui alimentent la majorité de la population du chef-lieu de la wilaya, estimée à 190.000 habitants, ont été saccagées et incendiées par des habitants de cette localité située à 10 km de la ville de M’sila. Néanmoins, selon la direction de l’hydraulique, les études pour la mise en place d’un réseau d’assainissement dans cette localité « sont achevées ».
La ville de M’sila consomme, à elle seule, le tiers des 33.500 m³ d’eau produits chaque jour à travers la wilaya.
Leur presse (Mohamed Boufatah, L’Expression), 2 janvier 2011.