L’attaque brutale et sanglante n’a pas vaincu les travailleurs en grève
Manifestation à Aktau, tirs à nouveau entendus dans Zhanaozen et la bataille qui fait rage à Shtepe.
Zhanaozen est complètement bloqué
La commission du gouvernement a passé toute la journée sur ses investigations à travers Zhanaozen. Les arrestations en masse des participants aux manifestations d’hier sont en cours et il y a des tentatives pour identifier ceux qui ont organisé le désordre. Beaucoup de dirigeants et de militants bien connus sont dans la clandestinité, les jeunes travailleurs continuent à résister. Les forces de police criminelles chargent en masse, les gens sont arrêtés dans les rues et emmenés dans des « centres de filtration ».
Selon les travailleurs, jusqu’à 1500 grévistes du pétrole sans armes se sont réunis de nouveau dans le centre-ville, mais vers le soir ont été à nouveau forcés de quitter les bords de la ville. La ville est pleine de soldats, de véhicules blindés et de policiers.
Malgré cela, en dehors des travailleurs du pétrole, parents et sympathisants sont également dans les rues à la recherche de leurs proches, dont beaucoup ont disparus. Les autorités refusent de remettre les corps des morts, et les hôpitaux dans Zhanaozen et Aktau débordent de personnes blessées dans la fusillade. Il y a beaucoup de films vidéo montrant cela. Le personnel hospitalier utilise tous les prétextes pour renvoyer les blessés qui peuvent marcher, mais cela ne suffit pas à libérer assez de lits et les gens sont couchés dans les couloirs.
Selon les représentants des syndicats indépendants, le nombre de morts est compris entre 50 et 70 personnes, et le chiffre sera précisé demain, puisqu’il est prévu d’organiser une réunion pour tous ceux dont les proches ont été tués ou ont disparus.
Le président Nazarbaïev a imposé un état d’urgence dans la ville jusqu’au 5 janvier. La ville de Zhanaozen est complètement bloquée. Mais à la périphérie et dans les villages alentours, on peut entendre le bruit des fusillades et des explosions de grenades. Les jeunes travailleurs ne sont pas prêts à renoncer à leur résistance. Les témoins essayent de filmer ces « opérations spéciales » sur leurs appareils mobiles. Dans la ville, comme auparavant, les lumières sont éteintes, les communications mobiles sont constamment interrompues, l’internet est bloqué. Bien que le centre soit sous le contrôle des troupes, toutes les stations de pompage de pétrole de « OzenMunaiGaz » sont à l’arrêt.
Le village de Shetpe en flammes
Les combats ont fait rage dans Shepte pendant des heures, même si les autorités ont envoyé cinq bus supplémentaires de troupes spéciales ! Les habitants ont complètement détruit la voie ferrée, arrêté deux trains de voyageurs, bloquant complètement la communication ferroviaire et ont mis le feu aux wagons. Il n’y a plus de liens avec le village, ni avec Zhetybai, où on se battait aussi plus tôt aujourd’hui. Les représentants du syndicat indépendant de Aktau tentent d’y aller pour découvrir la situation.
Selon des sympathisants au sein des forces de l’armée/police, en plus des sept avions de troupes anti-émeute déjà à Aktau, trois autres sont en route. Il vient d’être annoncé que le Bélarus envoie certaines de ses troupes spéciales. La police anti-émeute a la liberté d’action, c’est-à-dire de tirer sur quiconque si nécessaire, y compris les femmes enceintes et les enfants. Il a aussi été annoncé que dans deux semaines vont commencer les exécutions de certains des militants les plus dangereux pour le régime d’Almaty — sous le prétexte de fusiller des terroristes.
Un certain nombre de journalistes russes et étrangers ont maintenant rejoint Aktau, et on espère qu’ils seront en mesure de documenter tout cela en photo et vidéo. Pour notre part, nous continuerons à suivre les événements et restons en contact avec les militants ouvriers et des syndicats indépendants dans la région.
Traduit de l’anglais (Socialist World) par Offensive libertaire, 17 janvier 2011.
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