La contestation grandit dans l’ouest du Kazakhstan
Des manifestations inédites au Kazakhstan se déroulaient dimanche à Aktau, dans l’ouest du pays, où des centaines de manifestants faisaient face à l’armée sur fond de mécontentement d’employés du secteur pétrolier.
Dimanche matin, 500 protestataires s’étaient réunis à proximité de la principale place d’Aktau, la capitale régionale, qui compte 160.000 habitants. Bravant un froid polaire, ils ont défié des forces de sécurité présents en grand nombre, a constaté un correspondant de Reuters.
Un des manifestants, Sarsekesh Bairbekov, dit avoir été licencié par la compagnie pétrolière Karazhanbasnunai (KBM) en mai. « J’ai travaillé pour eux pendant vingt ans. J’étais soudeur et j’ai même perdu un œil », dit-il. « Nous voulons que les soldats partent. Ils ont tué des gens d’ici », a-t-il ajouté, en référence à l’instauration samedi pour 20 jours de l’état d’urgence à Janaozen à la suite d’un décret du président kazakh Noursoultan Nazarbaïev.
Samedi, de nouveaux affrontements entre policiers et manifestants ont fait un mort et onze blessés dans la région, quelques heures après l’instauration de l’état d’urgence. Les violences de samedi portent le bilan [officiel — note du JL] de deux jours d’affrontements à douze morts et une centaine de blessés.
Des personnes soutenant les grévistes du secteur pétrolier ont arrêté samedi un train transportant 300 passagers, indique le procureur général.
La plupart des contestataires ont ensuite quitté les lieux, mais une cinquantaine de « hooligans », selon les termes du communiqué du parquet, ont incendié la locomotive. Ils se sont ensuite dirigés vers le village de Shepte, y brisant des vitrines des magasins et jetant des cocktails molotov sur des policiers. « Vu que les hooligans risquaient de tuer de paisibles citoyens et des policiers, ces derniers ont dû faire usage de leurs armes », explique le communiqué.
Un des douze contestataires hospitalisés a succombé à une blessure par balles, selon la même source.
Vendredi, des affrontements avaient éclaté à Janaozen entre des employés du secteur pétrolier qui avaient été licenciés et des policiers.
Selon les autorités, les manifestants ont incendié le bâtiment de l’administration municipale de Janaozen ainsi que le siège de la compagnie pétrolière Uzenmunaigas, filiale du groupe KazMunaiGas.
L’usine Uzenmunaigas a été touchée par une grève de trois mois cette année. Au total, 989 ouvriers ont été licenciés.
Les affrontements ont entaché les célébrations du 20e anniversaire de l’indépendance du Kazakhstan.
Les manifestations violentes sont rares au Kazakhstan, première économie d’Asie centrale. Le président Noursoultan Nazarbaïev, âgé de 71 ans, dirige le pays depuis son indépendance et y a supervisé d’importants investissements étrangers, notamment dans le pétrole et le gaz naturel.
Leur presse (Reuters), 18 décembre 2011.