SON CONCERT CHAHUTÉ À BOUIRA
Le cachet de Khaled provoque l’émeute
La venue du king du raï à Bouira, jeudi, a suscité un grand mécontentement au sein de la population, en général, et chez les jeunes, en particulier. La rumeur selon laquelle une somme de plus de 6 milliards de centimes a été donnée à Cheb Khaled en guise de cachet a fait le tour de la wilaya, notamment chez les jeunes chômeurs et, surtout, les universitaires recrutés dans le cadre du pré-emploi ainsi que des citoyens de plusieurs localités organisatrices de plusieurs contestations pour l’amélioration de leur cadre de vie.
Depuis l’annonce de Khaled à Bouira, les internautes ont investi facebook, appelant à son boycott. Appel qui semble avoir trouvé un écho favorable au vu du nombre de tickets d’entrée vendus à travers les différents points de vente. À la Maison de la culture de la ville de Bouira, seuls 24 billets ont été cédés, selon des sources proches de la Direction de la culture.
La radio locale, sponsor de la manifestation, avait pourtant fait un tapage médiatique autour de “l’événement”. Même le jour du concert, des appels ont été lancés par des responsables des Maisons de jeunes de la région pour inciter les citoyens à se rapprocher de leurs structures, et ce, pour l’achat des billets. En vain. L’angoisse s’est installée chez les organisateurs qui se sont rabattus sur les associations pour mobiliser les foules en mettant à leur disposition des bus à partir des différentes localités de la wilaya, promettant même la “gratuité” de l’accès au concert. Malgré tous les moyens mobilisés, l’assistance n’a pas atteint le niveau escompté. Ils étaient moins de 8000 personnes, chiffre insignifiant dans un stade olympique et pour un artiste de la trempe de Khaled.
À partir de 19 heures, des batailles rangées se sont engagées sur la pelouse entre différents bandes sous les yeux des forces de sécurité. Des jeunes installés sur les gradins avaient scandé : “Ouin rahi el-houkouma ?” (où est l’État ?).
Mais d’autres slogans se sont fait entendre : “Khaled yadi 6 milliards ouahna aïchin fi algaraget” (Khaled empoche 6 milliards pendant que nous vivons dans des garages). D’autres ont saisi cette occasion pour dénoncer le prix de la pomme de terre. “Papa el wali attina soukna” (M. le wali, donnez-nous des logements), ont encore crié d’autres. Juste après le coup d’envoi du concert, un grand nombre de jeunes ont quitté les lieux pour protester… contre le retard. L’arrivée de Khaled à Bouira était prévue pour mercredi soir. Un déjeuner était programmé avec les autorités locales au CNSL Tikjda qui avait entamé tous les préparatifs. À la dernière minute, le rendez-vous a été annulé. Idem pour la rencontre en exclusivité avec la radio locale qui a retransmis son concert en direct, avec celles de Bordj Bou-Arréridj et d’Oran. Lors du concert, plusieurs jeunes ont tenté de provoquer des troubles, certains usant même d’armes blanches.
Les forces de sécurité ont procédé à plusieurs arrestations et des repris de justice ont été interpellés. En dehors du stade, plusieurs véhicules ont été visités par des voleurs. À la fin du concert, des heurts ont éclaté entre jeunes et forces de l’ordre qui ont usé de gaz lacrymogènes pour disperser les émeutiers qui ripostaient par des jets de pierres. Une chose est sûre : les autorités auront à réfléchir avant la programmation de nouveaux chanteurs dans le cadre du programme culturel de la wilaya. Surtout sur les cachets qu’il faudra concéder aux artistes.
Leur presse (A. Debbache, Liberté, 3 décembre 2011)
Un officier de police interdit l’accès aux journalistes
Des journalistes de la presse écrite se sont vus interdits, par un officier de police, de couvrir la conférence de presse animée par l’artiste Khaled après la fin de son spectacle, au niveau de la loge du stade Rabah Bitat. Seule une équipe de l’ENTV et une autre de la radio régionale de Bouira étaient autorisées à assister à cette conférence.
L’officier, usant d’un vocabulaire vulgaire envers les journalistes, qui étaient pourtant nombreux, a ordonné aux policiers de constituer un cordon pour empêcher les journalistes d’accéder à la loge. « J’ai des instructions fermes, aucun journaliste de la presse écrite ne mettra les pieds dans la salle », dira-t-il.
Selon des échos, cette instruction des organisateurs est une manière pour éviter aux journalistes de connaître le montant du cachet de l’artiste. Selon des sources crédibles, le cachet de l’artiste Khaled à l’occasion de son spectacle à Bouira est de 100’000 dollars, (10 milliards de centimes).
Leur presse (Amar Fedjkhi, El Watan, 3 décembre 2011)