Ci-dessous un résumé des développements des derniers jours dans la région de Gafsa, qui ne parviennent que par bribes, comme étouffés par le bruit des chaises de la Constituante qui s’apprête selon toute vraisemblance à entériner, en la masquant, la dictature occulte d’un néo-RCD :
Le 14 novembre 2011 (mardi de la semaine dernière), alors que s’achevait à peine un dur conflit, ayant « causé des pertes colossales », qui durait depuis près d’un mois dans une raffinerie de Bizerte, de jeunes chômeurs ont lancé des mouvements de protestation et des sit-in dans le bassin minier de Gafsa, entraînant l’arrêt de toutes les activités d’extraction, de transformation et de transport du phosphate à Metlaoui et Om Laraïes. Ils exigeaient, alors qu’on les fait lanterner depuis des mois, en les baladant de promesses en promesses, que la Compagnie des phosphates de Gafsa — l’ex-joyau de l’exploitation coloniale française en Tunisie — proclame au plus vite les résultats d’un concours de recrutement (la Compagnie promet 3.800 emplois, les jeunes en demandent davantage). L’affaire a été rapidement prise au sérieux (pertes quotidiennes : 1,5 million de dinars) et le gouverneur de Gafsa et le PDG de la Compagnie se sont hâtés de conférer, vendredi dernier, avec MM. les ministres — de quoi il est ressorti que l’on annoncerait les résultats du concours le 23 novembre, c’est-à-dire aujourd’hui.
Mais parmi les jeunes chômeurs courent des rumeurs de fraude et de corruption, comme en 2008 — et ce ne sont pas que des rumeurs : n’a-t-on pas récemment embauché dans les centres administratifs de Gafsa des chômeurs qui n’habitent même pas la région… ? Des agents de la société de transport des produits miniers se sont joints — pour de meilleures conditions de travail — à des mouvements de protestation des jeunes chômeurs sur les voies de chemin de fer à El Ksar et Metlaoui, interrompant le transport du phosphate vers les usines du Groupe chimique tunisien, à Gabès, Skhira et Mdhilla, qui ont cessé la production l’une après l’autre, faute de matière première.
Voilà deux jours, lundi, à Gabès, les protestataires ont bloqué la circulation sur les grandes artères de la ville, et un jeune chômeur se serait immolé en fin de matinée. Le conflit s’est aussi intensifié à Gafsa même : des ouvriers des « sociétés de protection de l’environnement » font un sit-in devant le siège du gouvernorat — pour de meilleures conditions de travail également —, et hier, mardi, des protestataires ont bloqué les carrefours menant à la cité administrative et au centre-ville, en exigeant du travail dans la Compagnie. Certains d’entre eux ont tenté de s’introduire de force dans les bâtiments de la radio régionale et de la poste centrale.
(D’après Topnet, La Presse de Tunisie, Tunisie-Études, Radio-Kalima, Kapitalis, Leaders, Investir en Tunisie, Le Courrier de l’Atlas, TAP, le 23 novembre 2011)