Près de la moitié des détenus de la nouvelle prison de Corbas ont signé et diffusé dimanche une pétition contre leurs conditions de détention. Ce qui en a été relayé dans la presse (on pense à Lyon Cap’ et 20 minutes qui ironisaient sur les demandes de consoles de jeux vidéo) n’est qu’une petite partie de ce texte plus long, et qui montre bien l’étendue des problèmes dans cette prison high-tech et inhumaine. 6 personnes s’y sont suicidées ou sont mortes dans des conditions suspectes depuis le début de l’année 2011.
Nous voulons vous tenir au courant des agissements de l’administration pénitentiaire à la prison de Corbas. Nous avons certains droits, ils piétinent nos droit et font tout pour que nous restions dans nos cellules 24/24 pour certains, et pour d’autres 22/24.
1. Ils isolent un détenu aux arrivants huit jours, là où il est le plus faible moralement, nous ne pouvons pas lui venir en aide avec de simples cantines pour le dépanner. Ils refusent même de l’eau de source, ils refusent qu’il cantine aux arrivants pour qu’une fois arrivé en bâtiment il reçoive ses cantines.
2. Il n’y a aucune activité pour les détenus à Corbas. Les jeunes n’ont pas de PlayStation pour passer le temps en cellule, ils sont enfermés 23h sur 24. Comment cette administration peut refuser les PlayStation et autres effets personnels de ceux qui sont transférés à Corbas, alors qu’ils ont été autorisés à cantiner ces biens dans d’autres établissements pénitentiaires ? Vous n’êtes pas responsable des actes que nous avons commis à l’extérieur, certes. Mais vous êtes responsable de l’abus de pouvoir que vous exercez sur nous, et de ce que vous nous faites subir au jour le jour. Nous sommes privés de liberté, et non pas de vivre. Alors arrêtez de nous mettre des pressions et la trique, on a le droit à des cantines comme dans toute autre prison de la région, de France et de Navarre ! Par exemple : des PlayStation, X-box, chaînes stéréo, viennoiseries, pâtisseries et autres parce qu’il y a une sacrée liste à faire !
3. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas à Corbas, comme dans d’autres prisons de la région Rhône-Alpes, d’activités sport, « terrain » deux fois par semaine, tournois de foot, des courses 5000 mètres et 10’000 mètres ? Ici, nous n’avons que la lutte et la boxe. 8 détenus sur 600 y participent, histoire que l’administration puisse dire qu’il y a des activités, et vous en avez 592 qui crèvent en cellule.
4. Venons-en aux cantines, infectes. Ils nous vendent des produits à prix fort pour de la sous-marque comme Grand Jury. Et se couvrent avec des marques « MD », ce qui veut dire « marque différente », mais nous n’avons jamais reçu de marques différentes. Pour les cantines exceptionnelles, ils se foutent de nous, ils nous les ramènent jamais. Cette prison vous met à la diète. Pas de pâtisserie, pas de brioche… Dans une réunion, nous avons posé la question de savoir pourquoi nous n’avons pas de pâtisserie ou de brioche en cantine. La réponse de M., responsable pénitentiaire : vous avez le temps en cellule de vous faire des gâteaux, il y a des recettes dans le journal pénitentiaire. Nous lui répondons que nous sommes pour certains trafiquants, braqueurs, voleurs. Et non pas des pâtissiers de métier, d’autant plus qu’il n’y a aucun ingrédient en cantine à part farine et sucre vanillé. Ses réponses qu’elle les garde.
5. Aujourd’hui, mercredi 3 août 2011, nouveau suicide à la maison d’arrêt de Corbas. Monsieur C., secrétaire local du syndicat UFAP-UNSA va auprès des médias dire qu’il regrette que les effectifs ne permettent pas « de faire de l’observation avec les détenus, de discuter avec eux pour déceler d’éventuels problèmes ». Nous répondons aux conneries de Monsieur C. : d’une, du personnel il y en a assez. Minable, une personne qui va demander du personnel en plus sur le chagrin des familles qui perdent un fils. D’autre part, le détenu Fabrice D., le dernier suicidé, a eu des problèmes et pressions par certains détenus. Il avait sollicité d’aller à l’isolement ou au quartier arrivants à son chef de bâtiment ! La réponse était « je n’ai pas le temps on verra demain », le soir même il se donnait la mort. Ces gens dorment bien, même s’ils savent que cela aurait pu être évité par ce chef qui est resté sourd !
225 détenus de Corbas
Rebellyon, 6 septembre 2011.
Bon courage camarades