Bonjour, nous savons ce que la liberté a de place dans l’écriture et nous savons ce que la liberté a de devenir dans les luttes internationales et locales en cours.
La critique et l’auto-critique autant que l’insatisfaction nous sont inséparables. L’écriture est un moyen, une matière, une pâte.
Lutter pour un ami qui vient de se faire prendre, tout comme la ville dans laquelle tu habites, lutter contre une oppression toujours plus lourde et diffuse, contre la bêtise et le consensus.
Lutter contre le temps pour le temps à travers le temps, celui dont on te prive.
Lutter contre le pouvoir journalier qui ressort son haleine fasciste-tamisée et son sourire de plomb.
Lutter pour, en droit à aimer et à acter, se reconnaître, se trouver.
Nous pensons comme certains de nos prédécesseurs qu’il y reste encore beaucoup à faire, à défaire et osons espérer la chute de l’Empire diffus en constatant les nombreux foyers de résistances éclatants d’une quasi simultanéité à travers les continents.
Des gestes toujours plus directs n’ayant de voix que le hurlement d’un jet de pierre, d’un brasier ou d’une marche mortuaire.
Nous osons espérer la conspiration des classes oppressés et leurs reconnaissances communes, de chaque marge-défaillante dans cette machine et plus largement la mise en acte concrète d’une rage toujours plus contenue à travers l’intrusion, le vol, le sabotage, la réappropriation.
L’intrusion précède l’acte, l’intrusion c’est le masque.
Le vol pour la revente ou le partage, la subsistance ou la belle vie, l’économie est débordante de denrées inaccessibles. Je t’aime moi non plus.
Le sabotage comme intervention directe sur les outils du système. Une lumière qui s’éteint, une autre qui s’allume, un train qui s’arrête, une vitre qui saute, les artères d’une ville bloquées, une panne généralisée. Il s’agirait de détraquer cette si belle unité. « On ne fait pas le ménage dans une maison qui s’écroule. »
La réappropriation de tout ce que l’on nous prive de vie. Les agréments sans saisons, ses façades ternes, le territoire conquis des urbanistes et des économistes, les petits arrêtés préfectoraux qui réduisent tes gestes de nuit comme de jour, localement et son extension. Reste chez nous et ferme-la. La garde à vue chez toi, un abonnement annuel. On vous a vendu le choix.
Nous n’avons plus peur.
Temps D’encre, 3 août 2011.